Magnum Force ("L'homme sage est celui qui connaît ses limites")

Par Olivier Walmacq

Genre : action, policier (interdit aux - 12 ans)
Année : 1974
Durée : 2h04

L'histoire : De nombreux assassinats sont commis à Los Angeles. Les victimes : des proxénètes, des trafiquants de drogue ou des criminels. L'inspecteur Harry est chargé de l'affaire. Son supérieur Briggs le déteste. Harry va bientôt découvrir pourquoi. 

La critique :

Ted Post est surtout connu pour avoir réalisé de nombreux épisodes de diverses séries télévisées : Perry Mason, La Quatrième Dimension, Columbo ou encore Cagney et Lacey. Pourtant, on lui doit aussi quelques longs-métrages : Le secret de la planète des singes, Pendez-les haut et court et Le Commando des Tigres Noirs. Vient également s'ajouter Magnum Force, soit son film le plus notoire, sorti en 1974. Le long-métrage est le second volet de la saga L'Inspecteur Harry
Il sera suivi par L'inspecteur ne renonce jamais, Le retour de l'Inspecteur Harry et L'Inspecteur Harry est la dernière cible. Résumons un peu les faits. En 1971, Dirty Harry (titre original du premier chapitre) suscite la polémique et les quolibets.

L'inspecteur Harry est même estampillé de film raciste voire fasciste parce qu'il prônerait (plus ou moins) la loi du Talion, tout du moins une justice expéditive, menée par Harry Callahan, un flic aux méthodes radicales. Nihiliste et pessimiste, L'inspecteur Harry premier du nom ne fait clairement pas dans la dentelle : la dépouille d'une jeune éphèbe exhumée du fond d'un puits, une justice inique et inefficace, une Amérique dépassée par sa propre criminalité et un psychopathe qui prend des enfants en otages dans un bus scolaire... Le film s'inscrit surtout dans la logique et la tonalité des productions hollywoodiennes des années 1970 : Délivrance (John Boorman, 1972), Les Chiens de Paille (Sam Peckinpah, 1971) ou encore Taxi Driver (Martin Scorsese, 1976) sont autant de diatribes contre une société moderne et en déliquescence.

Fustigé par les critiques et répudié au moment de sa sortie, L'Inspecteur Harry obtient néanmoins un vif succès dans les salles obscures. Toutefois, l'objectif des producteurs est de minorer (quelque peu) le propos via un second chapitre. Ted Post a la lourde tâche de succéder au prestigieux Don Siegel. La distribution de Magnum Force réunit Clint Eastwood, Hal Holbrook, Mitch Ryan, David Soul, Tim Matheson, Robert Urich, Felton Perry et John Mitchum.
Cette fois-ci, le scénario de ce second volet est écrit par les soins de John Milius et Michael Cimino, les futurs réalisateurs de Conan le Barbare (1982) et de Voyage au bout de l'Enfer (1978). Attention, SPOILERS ! 
Alors que San Francisco est secouée par une série de mystérieuses exécutions punitives de criminels présumés, le supérieur de Callahan, le lieutenant Briggs, lui assigne un nouveau coéquipier, un débutant prénommé Early Smith.

Briggs a également changé de poste Callahan et l'a mis à la surveillance, prétendant une intervention trop violente lors d'une arrestation. Harry le croyant simplement jaloux, n’hésite pas à le contrarier et à intervenir quand même dans diverses affaires. En allant voir un ancien équipier de Harry devenu serveur à l'aéroport de San Francisco, il remarque qu'une prise d'otage dans un avion prêt à décoller est en train de se dérouler, il en profite pour agir et parvient facilement à neutraliser les agresseurs.
Cependant il désobéit au lieutenant Briggs l'ayant affecté au poste de surveillance. 
Callahan fait en même temps connaissance de 4 jeunes recrues, se montrant très bons tireurs presque égal à son niveau. Il devient vite intrigué par cette bande de "bleus". Pendant ce temps, les meurtres se multiplient, tous commis par un motard de la police, au visage énigmatique, et ne ratant jamais leur cible. 

Certes, Magnum Force est censé affirmer sa différence avec son auguste prédécesseur. C'est ce que claironne notre bon vieux flic péremptoire : "L'homme sage est celui qui connaît ses limites". Paradoxalement, le ton est toujours identique, en tout cas, assez polémique. Depuis les événements du premier chapitre, le monde d'Harry Callahan n'a pas tellement changé.
Toujours vilipendé par ses supérieurs hiérarchiques, Harry se voit affubler d'un nouveau coéquipier, encore un bleu, qui va néanmoins démontrer son opiniâtreté au cours des inimitiés. En outre, l'inspecteur retors et laconique doit affronter une bande de motards au visage monolitique, se cachant derrière d'immenses lunettes noires et des casques quasi robotiques.

Ces nouveaux policiers appliquent enfin la justice exaltée par Harry Callahan lui-même : ils assassinent les bandits, les fripouilles et ces hommes politiques corrompus, qui échappent à la sentence de la Justice. Contre toute attente, Harry n'apprécie guère les meurtres et l'idéologie perpétrés par cette nouvelle organisation de la police, transmutée en apologie du crime, de la vengeance et de la loi du Talion.
Pis, le célèbre inspecteur s'insurge contre ces motards fallacieux et pernicieux. Finalement, malgré ses acrimonies et ses invectives, Harry Callahan défend le système qu'il fustige. Un oxymore qu'il assume lors d'une courte locution, néanmoins suffisante pour provoquer à la fois l'admiration et l'incompréhension de jeunes élèves, véritables érudits de la gâchette.
A certains moments, Magnum Force se transforme en western, à l'image de cette partie de révolver se déroulant avec des mannequins en carton.

Le meilleur sera celui qui exterminera les bandits sans cribler de balles les otages. Evidemment, à la fin, c'est Harry Callahan qui gagne. Certes, l'intérêt de ce second chapitre ne repose pas vraiment sur son suspense. Le spectateur devinera facilement qui se cache derrière le casque de ces motards psychopathes. En vérité, l'intérêt de Magnum Force réside essentiellement dans la psychologie de son héros principal qui, à l'inverse, utilisera les mêmes méthodes que ses assaillants pour les éliminer lors d'une scène finale mémorable. Bref, on tient là un second volet de qualité, toutefois inférieur au premier.
Contre toute attente, Ted Post fait preuve de savoir faire, notamment avec une mise en scène qui alterne à la fois les gros plans sur les visages de ses protagonistes et les contre plongées dans une ville (San Francisco) toujours gangrénée par la violence et la criminalité.

Note : 15/20

 Alice In Oliver