La situation actuelle globale de la comédie française est problématique. Entre des films calibrés pour le grand public et qui remplissent leur office en même temps que les salles mais qui sont souvent dénués d'âme et de substance et des films qui se voudraient drôles et qui ne sont ni faits ni à faire, la source de la grande comédie populaire dont notre pays était l'un des pourvoyeurs les plus réguliers semble s'être tarie et n'être plus qu'un lointain souvenir. Quelquefois, et comme il faut toujours des exceptions aux règles, certains films se singularisent, dépotent et apportent leur fraicheur et leur énergie (de Radiostars à Comme un avion en passant par Les Garçons et Guillaume à table!). Adopte un veuf, le nouveau long métrage de François Desagnat ( La beuze, Les 11 commandements...) ne rejoindra sans doute pas ces exemples symptomatiques de la comédie qualité France et si on peut évidemment le déplorer, il est plus intéressant d'essayer d'en comprendre les causes que de hurler à la supercherie avec la meute. Car tout dans Adopte un veuf sentait au départ les bonnes intentions: Un casting avenant entre un acteur de haut calibre ( André Dussolier), de jeunes humoristes dans le vent ( Bérangère Krief, Arnaud Ducret) une comédienne très prometteuse ( Julia Piaton) et un Nicolas Marié toujours impeccable. Le sujet, pas plus idiot qu'un autre, où comment traiter de la solitude des personnes âgées en la confrontant à la pétulance de la jeunesse, la rencontre des deux permettant de se retrouver et de s'offrir de nouveaux objectifs. Et enfin, la réputation plutôt flatteuse qui le précédait, après que le film ait trusté le Prix Spécial du Jury au dernier Festival du film de comédie de l'Alpe d'Huez. Or, malgré toutes ses bonnes intentions, Adopte un veuf est victime de ses propres lacunes, totalement rédhibitoires et qui achèvent d'en faire un film raté et anachronique, tout juste sauvé par ses acteurs.
Car avoir de bonnes intentions ne suffit pas à faire un bon film et tout ici semble être victime collatérale de la paresse ambiante. Qu'un pool de trois scénaristes ait prêté main forte à François Desagnat pour accoucher d'un script aussi insignifiant et de dialogues aussi vains, voilà qui laisse songeur. Mais le film ne se contente pas seulement d'une pauvreté d'écriture ce qui en soit est déjà terrible, mais la réalisation impersonnelle au possible, dénuée de la moindre idée de mise en scène achève de nous mettre à terre. Les comédiens du coup font ce qu'ils peuvent pour tenter d'exister avec un tel matériau et c'est un miracle qu'ils ne soient pas emportés par une lame de fond. André Dussolier se contente d'être en pilotage automatique sans avoir à forcer son talent et s'il est à deux doigts de surjouer par moments, il reste à la lisière, évitant de justesse de sombrer dans la caricature. Face à lui, Bérangère Krief impose son peps et son naturel et on pressent que si elle était mieux servie, elle pourrait offrit des performances bien plus savoureuses et irrésistibles. Arnaud Ducret est lui desservi totalement par la vacuité d'un personnage boursouflé de clichés, ce qui n'aide évidemment pas pour proposer un peu de subtilité dans son jeu. Julia Piaton s'en tire avec les honneurs se permettant même d'insuffler un peu d'émotion tandis que Nicolas Marié parvient avec cette once de folie qui le caractérise, à nous faire sourire, ce qui est un véritable exploit dans un tel désastre. Car de comédie, Adopte un veuf, n'en a que l'étiquette. En ne déclenchant pas un seul véritable rire en près d'1h40, le film de François Desagnat s'octroie la palme de l'ennui et de l'indigence. On aurait pourtant voulu aimer mais la charité a des limites et elles s'avèrent malheureusement ici plus que dépassés.
Titre Original: ADOPTE UN VEUF
Réalisé par: François Desagnat
Genre: Comédie
Sortie le: 20 avril 2016
Distribué par: SND