[Avant-première] [Direct-to-Vidéo] The end, métaphore d’une mort lente

[Avant-première] [Direct-to-Vidéo] The end, métaphore d’une mort lente

The end, le dernier long-métrage de Guillaume Nicloux, sortie directement en e-cinéma, le 8 avril 2016. Métaphore terrible, parfois pénible, d’une longue agonie, incarnée par Gérard Dépardieu, le film finit tout de même par nous subjuguer par son ambiance onirique très particulière. Nous avons pu le voir en avant-première et nous livrons nos premières impressions.

Un homme seul avec son chien (Gérard Depardieu et non pas Jean-Paul Belmondo) part à la chasse dans une forêt qu’il connaît bien. Pourtant, le voilà qui se perd et que les événements deviennent de plus en plus absurdes.

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L’homme (Gérard Depardieu)

Pour nous, critiques engagés, il faut nécessairement faire barrage à des sentiments contradictoires à propos de Gérard Depardieu. Si nous reconnaissons volontiers la qualité de sa carrière et pouvons nous rappeler, émus, beaucoup de ses rôles, sa trahison fiscale nous a laissé orphelin. C’est forcément un frein à l’imagination. Le tour de force de Guillaume Nicloux est de nous offrir une telle métaphore de la mort que l’on oublie vite nos griefs pour saluer l’ambiance qu’il réussit à instaurer. Le début du film est laborieux. Gérard jure beaucoup, halète encore plus, s’énerve facilement, bref, en fait presque trop, trop tôt. Il n’est presque plus acteur, juste un reflet caricatural de lui-même. Sa tournée de chasse tourne rapidement au fiasco. Bedonnant, il abandonne sa bouteille d’eau contre une bouteille de Schweppes Agrum’, traverse difficilement le moindre obstacle et ne cesse de crier après son chien. On se demande bien ce qu’il pourra bien lui arriver. On se demande surtout où Nicloux veut nous emmener avec cette longue introduction digne d’un film d’étudiants fauchés.[Avant-première] [Direct-to-Vidéo] The end, métaphore d’une mort lente

Avouons-le, il nous emmène bien plus loin que l’on aurait pu l’imaginer, à la lisière de la folie et de l’au-delà. Au milieu des jurons, le discours de l’homme seul se fait peu à peu plus concret, mélangeant des banalités et des hautes remises en question à travers lesquelles on peut deviner son passé et commencer à pressentir le drame qui se joue. Les rares rencontres qu’il fera mettront en scène des dialogues totalement absurdes. Tantôt avec un jeune homme désinvolte (Swann Arlaud que l’on a vu dans Bon rétablissement !), tantôt avec une femme nue et muette (Audrey Bonnet). De ces personnages naît une ambiance délétère qui froisse le voile entre rêve et réalité. Leur présence atteste que le personnage principal ne fantasme pas, autant qu’elle jette sur son environnement une atmosphère fantastique. Ils semblent être les échos lointains des vieilles sorcières tentant les passants ou testant leur bravoure dans les contes populaires. Ils sont bien réels mais servent de portails vers l’indicible. The end amorce peu à peu une descente vers un enfer très personnel pour le héros, miroir de ses désillusion et d’une vie dont il a perdu le sens. Errant dans cette forêt qui le tourmente, il finit par adopter une véritable position nihiliste qui sonne comme une détonation dans la platitude de son existence.

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L’homme (Gérard Depardieu)

Film fantastique aux allures de film d’auteur jalonné de touche horrifique, The end se découvre au spectateur comme un drame psychologique éthéré et intimiste, un moment de cinéma singulier et envoûtant.

Boeringer Rémy