Le genre est à considérer dans la construction de son intrigue. Chaque genre s’accompagne d’un certain nombre de caractéristiques qui influeront sur le déroulement de votre histoire.
Love Story
L’élément fondateur de la Love Story est une rencontre. Elle est l’élément déclencheur qui aboutit à la décision pour les personnages à être ensemble soit parce qu’ils y sont obligés, soit d’un commun accord, mais dans un cas comme dans l’autre, l’amour n’est pas encore d’actualité. Cette décision est la prise en charge du problème que pose l’histoire, elle engage les personnages dans une aventure.
Les personnages tombent amoureux. Cela se produit souvent au point médian de l’histoire. Puis vient le moment de la séparation. Il s’agit d’une crise pour le couple.
A la suite de cette séparation, l’un des personnages (ou les deux) changera de point de vue, découvrira quelque chose sur lui-même…
Le couple se reformera au moment du climax. C’est l’ultime confrontation qui permettra aux amants d’asseoir définitivement leur amour l’un envers l’autre.
Pretty Woman est un bon exemple de cette progression de l’intrigue.
1) Rencontre (incident déclencheur)
2) Décision (Prise en charge du problème)
3) Point médian (les personnages découvrent qu’ils sont amoureux l’un de l’autre)
4) Crise (c’est la séparation)
5) Cllimax (appuyé par l’arc dramatique complété de l’un ou l’autre des personnages).
La Love Story est habituellement classée sous le genre de la comédie romantique. Notez aussi que cette structure peut être déclinée comme dans Nuits blanches à Seattle de Nora Ephron, David S. Ward et Jeff Arch où par exemple la rencontre entre Annie et Sam n’est pas physique.
L’aventure
Ce genre d’histoires commence généralement avec une séquence d’ouverture très vive et excitante avec une exposition des personnages relativement succincte. La clef d’un film d’action (puisque c’est ainsi que l’on reconnaît le genre) est de s’assurer que l’action ne manque pas.
Voici ce qu’écrit William Martell :
The key to good action scenes is reversals… It’s like a good news/bad news joke. The bad news is you get thrown out of an airplane. The good news is you’re wearing your parachute. The bad news is the rip cord breaks. The good news is you have a backup chute. The bad news is you can’t reach the cord. Back and forth like that until the character reaches the ground.
La clef des bonnes scènes d’action est le revers, le renversement de situation… C’est comme une blague de bonne/mauvaise nouvelle. La mauvaise nouvelle est que l’on vous jette d’un avion en vol. La bonne nouvelle est que vous portez un parachute. La mauvaise nouvelle est que la poignée du parachute casse. La bonne nouvelle est que vous avez un parachute de secours. La mauvaise nouvelle est que vous ne pouvez pas atteindre le mécanisme pour le déployer. Des allers et retours comme cela jusqu’à ce que le personnage atteigne le sol.
Pour David Trottier, les comédies romantiques et l’aventure sont probablement les deux genres les plus populaires.
Le thriller
A la différence de l’aventure, le thriller se concentre sur le suspense. Un homme ou une femme se retrouvent impliqués dans une situation où leur vie est menacée. Le thriller fait grand usage du McGuffin, un artifice dramatique (objet ou autre) qui motive l’intrigue comme dans La mort aux trousses où des secrets gouvernementaux sont à la source des malheurs de Thornhill mais n’ont aucunement par ailleurs de valeur dramatique.
Très rapidement, d’ailleurs, le lecteur d’un thriller s’inquiétera davantage de la survie du personnage central de l’histoire plutôt que de savoir si le McGuffin sera résolu ou non. Tout est démontré pour que le personnage principal ne puisse bénéficier d’aucune aide, qu’il a été trahi d’une certaine façon et qu’il ne peut faire confiance à personne : autant d’éléments qui jouent sur l’empathie du lecteur envers le personnage.
La survie est véritablement ce qui motive l’intrigue. Que le personnage réussisse ou non la mission est secondaire. Le McGuffin pourrait même ne pas être intégré à un thriller tant que la trahison, l’isolement, l’impuissance parfois du personnage, le danger palpable qui l’entoure permettent au lecteur d’identifier ses peurs.
Le bon samaritain
L’amour du prochain est ce qui oriente l’intrigue dans ce genre d’histoire. Le personnage principal a besoin de résoudre les problèmes des gens qui l’entoure.
Fort de ce trait de personnalité, le personnage principal incarne une sorte de perfection. De là, son arc dramatique n’évolue pas ou très peu. Par contre, les autres personnages sont radicalement transformés.
Lorsque sa mission est accomplie, le bon samaritain s’en retourne et on ne sait généralement pas où.
Pale Rider, le cavalier solitaire de Michael Butler et Dennis Shryack corresponds tout à fait à ce genre malgré ses atours de western.
Il est même possible que le bon samaritain soit un ange en chair et en os.
Le mystère
Le mystère commence souvent avec un meurtre. Puis, un officier de police ou un détective privé ou des journalistes (pour ces derniers, Robert McKee en fait un genre à part entière) enfin tout personnage qui ne serait pas incongru à mener une enquête, résout l’affaire.
Comme il s’agit souvent d’une énigme, d’un exercice mental, l’utilisation d’un narrateur peut s’avérer pertinente afin de renforcer l’intimité entre le personnage principal et le lecteur. Un bel exemple de narrateur est celui de la série Mike Hammer.
Et bien que le narrateur puisse faire preuve d’un humour certain, son usage n’est pas facile dans d’autres genres tels que la comédie mais aucune règle ne l’interdit.
Des thèmes graves comme la corruption peuvent être exposés sous l’apparence du mystère.
Le film noir
Le film noir est à la fois un genre et un style visuel cynique et réaliste aux ombres prégnantes. C’est aussi une ligne dramatique décrivant des personnages ordinaires dépassés par les événements qui ne sont ni héros, ni méchant en soi.
Le genre du film noir décrit assez bien les ambiguïtés morales même s’il y a combat entre le bien et le mal dans les tréfonds psychologiques du personnage principal. Les problèmes d’éthique en général sont assez bien rendus dans le film noir.
A lire :
L’ETHIQUE DU PERSONNAGE
Le fish out of water
Ce genre que David Trottier met en avant a la particularité de montrer un héros hors de son environnement habituel et forcé de s’y habituer ce qui mène à un vrai potentiel pour du conflit et aussi de la comédie (tel un poisson hors de l’eau).
Quelques exemples :
– Un flic à la maternelle de Murray Salem, Herschel Weingrod et Timothy Harris
– Le flic de Berverly Hills de Daniel Petrie Jr., d’après une histoire de Danilo Bach et Daniel Petrie Jr.
– Trois hommes et un couffin de Coline Serreau
A lire :
LA COMEDIE ET SES SOUS-GENRES
L’horreur
Les anglo-saxons n’ont pas défini le fantastique comme un genre pourtant nous considérons qu’il y a une différence entre l’horreur, le merveilleux et le fantatisque dont les moyens d’expression sont différents.
Dans l’horreur, l’opposition, la force contradictoire se concrétisent sous la forme du monstre ou d’une humanité monstrueuse ou bien par la manifestation de forces surnaturelles ou d’événements étranges.
Le choc psychologique et la surprise sont des émotions recherchées par les auteurs qui souhaitent ainsi atteindre ou psychologiquement ou viscéralement (jusqu’au dégoût) leurs lecteurs.
David Trottier précise aussi que Alien, le huitième passager peut être, sans trop débattre, classé dans le genre horrifique. Ses séquelles sont davantage des aventures.
A lire :
TERREUR ET HORREUR
CONTEXTE & PERSONNAGES DANS L’HORREUR
L’HORREUR : LES INGREDIENTS
La science-fiction
La science-fiction a la particularité d’être un hybride. Contrairement à l’horreur, elle utilise l’aventure, l’horreur aussi, le drame familial ou la comédie. Elle peut même se servir de plusieurs genres simultanément si l’envie lui en prend.
Plus précisément, elle s’empare de thèmes contemporains pour les projeter en d’autres endroits et lieux (dans le futur, donc). Notez que le film dit historique fait de même mais en déplaçant les thèmes actuels dans le passé.
Il y a donc de nombreux genres et vouloir tous les énumérer est un exercice fastidieux. Essayez d’avoir une idée de votre genre avant de pénétrer trop profondément dans votre processus d’écriture.