ABC avait fait un pari un peu dingo l'année dernière en donnant le feu vert à Galavant, mini-série musicale de huit épisodes sortie tout droit de l'imagination prolifique de Dan Fogelman, scénariste, réalisateur et producteur à qui l'on doit les scripts de Crazy, Stupid Love et du Raiponce de Disney. En parlant de Disney d'ailleurs, on retrouve l'influence du géant américain dans la bande-son aux intonations plus que familières avec une musique composée par Christopher Lennertz ( Les Schtroumps, Camp Rock) et Alan Menken, à qui l'on doit (presque) tous les grands classiques, de La Belle et la Bête à Pocahontas, en passant par Raiponce justement. Les acteurs sortent tout droit du monde éclectique de la comédie musicale anglo-saxonne, à quelques exceptions près, dont Vinnie Jones, qui joue Gareth, homme de main du roi Richard et de Timohty Omundson qui interprète ce dernier.
Saison 1
Galavant ( Joshua Sasse) ainsi nommé d'après un jeu de mots anglais intraduisible (ça sonne comme gallivant, qui signifie " aller par monts et par vaux ") est un chevalier sans peur et sans reproche à la réputation quelque peu malmenée qui décide de recouvrer sa gloire d'antan et l'amour de sa vie, la princesse Magdalena ( Mallory Jansen), qui est sur le point d'épouser le roi Richard. Galavant est accompagné par la princesse Isabella ( Karen David ) et le page Sid ( Luke Youngblood) et notre trio se lance, tout fringant, dans ses aventures musicales. La saison 1 part donc sur des bases plutôt fun, se moquant gentiment des codes du genre et ne se prenant absolument pas au sérieux. On mélange les sensibilités modernes aux conventions du roman d'aventure façon chevaliers de la table ronde, on met tout ça en musique, et on espère que le public mettra son cerveau en veille pour se laisser porter par la joie et la bonne humeur. Malheureusement pour ce cahier des charges si sympathique, la série se heurte à deux gros problèmes : le premier est que, pour subversive qu'elle se veuille, une fois que le ton est donné, tous les péripéties et coups de théâtre sont plus que prévisibles, et le second, c'est que malgré la maestria des chanteurs qui sont vocalement au top, physiquement parlant, c'est assez balourd, ce qui rend les numéros musicaux à mourir d'ennui. On avait violemment critiqué Smash, et avec raison, mais le chorégraphe Joshua Bergasse avait le génie de savoir travailler avec une caméra et ses danseurs étaient, effectivement, des danseurs. Ici, on a droit plutôt à une horde d'acteurs plein de bonne volonté, mais sans aucun sens de l'espace ou de leur propre corps, ce qui limite sérieusement l'ensemble des performances. D'un autre côté, ceci est un problème qui n'est pas propre à la série et qui sévit sur les scènes de Broadway à New York et du West End à Londres depuis plusieurs années déjà. Reste que si vous voulez vous laver la tête à grands coups de costumes colorés, décors en carton-pâte et blagues pas trop dures à comprendre, Galavant en regorge.
Saison 2
On prend les mêmes et on recommence. Galavant est entre-temps tombé fou amoureux d'une autre princesse qui est promise en mariage à un autre roitelet, mais le principe est le même : aventures en chansons et pétulance éternelle. L'équipe créative s'attendait visiblement à ce que la série soit annulée vite fait bien fait et en est restée comme deux ronds de flan lorsque Galavant a non seulement été renouvelé pour une deuxième saison, mais a vu son budget s'accroître de façon significative. Le résultat ? Une pléthore de stars venue faire une apparition, de Kylie Minogue à " Weird Al " Yankovic en passant par Ricky Gervais, et un premier épisode galamment intitulé A New Season... aka Suck It Cancellation Bear, ce qu'on pourrait traduire, pour rester poli, par Nouvelle Saison... ou Prend Ça Dans Les Dents Ours d'Annulation. Ce même épisode d'ailleurs, au cours duquel notre héros se retrouve sans sa chemise, parce que tout le monde sait qu'il n'y a rien de tel que des tablettes de chocolat pour soigner une série en mal d'audimat. Du point de vue narratif, la nouvelle demoiselle en détresse choisit de rester en détresse puisque malheureusement pour elle, le héros ne veut pas d'elle ou du moins, c'est ce qu'elle croit, tandis que l'ex-demoiselle en détresse de la saison un s'amuse comme une petite folle et découvre, Ô miracle, ce que sont les émotions. Galavant et Richard sont quelque peu forcés de collaborer, ce qui donne deux ou trois scènes franchement savoureuses, et Timothy Omundson vole allègrement la vedette à notre preux chevalier. Les numéros musicaux n'ont hélas, pas beaucoup évolué, mais on sent les acteurs un peu plus libres dans leur interprétation, ce qui donne quelques très beaux et malheureusement trop rares moments de grâce.
Galavant est une série pleine de bonne intentions, mais hélas, elle laisse une impression de bâclé : les histoires sont bâties purement et simplement pour donner aux personnages une raison de chanter, inverse totale de la règle du genre qui veut que la musique fasse avancer l'intrigue ou intervienne à un moment d'émotion intense. Cela sent plus la fabrication que l'inspiration tout ça, mais il y a cet élément magique qui sauve la série : le manque total et absolu de fatuité. Bref, Galavant est coincé dans un numéro d'équilibriste entre son pullulement de défauts et l'entrain contagieux qui s'en dégage, un peu en dépit du bon sens, et cependant complètement irrécusable. Un ovni complet dans le monde de la télévision, et un pas en avant depuis la catastrophe Smash donc la question est de savoir si sa joie de vivre pourra vous faire oublier ses maladresses constantes.
Crédits: ABC
Catégories : Critiques, Séries
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