Diary Of The Dead - Chroniques des morts-vivants (La mort de la mort)

diary of the dead

Genre : horreur (interdit aux - 12 ans)
Année : 2008
Durée : 1h35

L'histoire : Des étudiants en cinéma tournent, dans une forêt, un film d'horreur à petit budget, lorsque la nouvelle tombe au journal télévisé : partout dans le pays, on signale des morts revenant à la vie. Témoins de massacres, de destructions et du chaos ambiant, ils choisissent alors de braquer leurs caméras sur les zombies et les horreurs bien réelles auxquels ils sont confrontés afin de laisser un témoignage de cette nuit où tout a changé. 

La critique :

Au fond, rien n'a vraiment changé depuis la sortie de La Nuit des Morts-Vivants (1968). Certes, dans Zombie (1978) et Le jour des morts-vivants (1985), les maccabées subiront un relooking. Mais ils ne restent finalement qu'un prétexte et surtout le symbole d'une société condamnée à la décrépitude. Dans La Nuit des Morts-Vivants, Romero fustigeait une société américaine xénophobe et intolérante. Dans Zombie, le réalisateur tançait une société consumériste vouée à l'opprobre et aux gémonies.
Dans Le jour des morts-vivants, les zombies devenaient les cobayes, les instruments et les idiots utiles d'expérimentations scientifiques. En 2005, avec Land of the Dead - Le territoire des Morts, c'est un gouvernement despotique qui est chapitré et gourmandé par un George Romero en pleine insubordination.

Trois ans plus tard, il revient avec Diary of the Dead - Chroniques des Morts-Vivants. A nouveau, George A. Romero vitupère la société consumériste dans son ensemble. Sujet sur lequel nous reviendrons. A l'instar de Land of the Dead, ces "Chroniques des morts-vivants" connaîtront elles aussi un vif succès au cinéma, surtout aux Etats-Unis. Toutefois, les avis restent assez partagés.
Certaines critiques reprochent une certaine redondance dans les propos et la diatribe de Romero. Comme si le cinéaste réalisait plus ou moins le même film depuis 1968. La distribution de Diary of the Dead réunit Michelle Morgan, Joshua Close, Shawn Roberts, Amy Lalonde, Joe Dinicol et Scott Wentworth. Mais d'autres invités de prestige viennent participer aux inimitiés et plus précisément prêter leur voix lors de la diffusion de flash et de nouvelles, notamment Quentin Tarantino, Wes Craven, Guillermo del Toro, Stephen King, Tom Savini et Simon Pegg.

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Attention, SPOILERS ! Des étudiants en cinéma, dont Jason qui rêve de devenir documentariste, partent tourner un film d'épouvante au fond d'une forêt. Ils sont alors témoins d'une invasion de morts-vivants et, très rapidement, d'un bain de sang. Jason voit alors le moyen de tourner le documentaire de sa vie et ne cesse de filmer et de mettre en ligne les événements, expliquant aux autres dont le malaise est croissant qu'ils ont pour mission de montrer cette nouvelle réalité au public et de les aider ainsi à survivre, puisque les médias leur mentent. Jason décide d'intituler son nouveau film "La mort de la mort".
A l'instar de La Nuit des Morts-Vivants, Diary of the Dead prend lui aussi la forme d'un (quasi) documentaire. Seule différence et pas des moindres, Night of the Living Dead s'apparentait surtout à un long réquisitoire contre la guerre du Vietnam et ses corollaires, réservant à l'Humanité un destin funeste et eschatologique.

Depuis la fin des années 1960, notre monde a connu de nombreuses (et profondes) mutations. Désormais, nous sommes tous reliés aux médias, à internet et convertis au pouvoir hégémonique de l'image : le développement des blogs, des sites, des plateformes, l'essor de Youtube et de ses nombreux succédanés sont finalement autant de moyens de communiquer.
Paradoxalement, ils sont aussi les moralines et les instruments d'une société à la fois consumériste et propagandiste. Les images peuvent être mensongères et destinées à tromper leur audimat. Pour les héros de Diary of the Dead, c'est une évidence. Le gouvernement nous leurre. A travers une caméra, le but est de réaliser un documentaire sur la réalité des faits et plus précisément sur l'invasion de zombies affamés de chair humaine.

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Comme dans ses précédents films, les morts-vivants ne sont qu'un prétexte et des instruments pour disséminer un autre message. Ou plutôt une nouvelle question : à quel point sommes-nous manipulés par les médias et le pouvoir de l'image ? Pour George Romero, les prochaines guerres ne seront ni religieuses ni idéologiques. Elles seront avant tout médiatiques et les reflets d'une société anomique dictée par le buzz, Internet et l'esprit de lucre, soit les vulgates du capitalisme.
Certes, Diary of the Dead possède de solides arguments et une réflexion intéressante. Néanmoins, le long-métrage se révèle un peu trop soporifique pour convaincre sur sa courte durée (à peine une heure et 35 minutes de bobine, générique y compris). 
Moins en forme qu'à l'accoutumée, Romero se montre assez avare en termes de séquences gores et sanguinolentes.

Pis, certaines scènes confinent parfois à certaines situations ubuesques, à l'image de ce fermier muet et "sourdingue" qui se charcute le crâne pendant qu'il est assailli par un zombie. Ensuite, même si les acteurs sont plutôt corrects, leurs personnages sont peu trop lisses et conventionnels pour susciter une réelle adhésion. A aucun moment, on ne retrouve la fougue et la virulence de Zombie ou de La Nuit des Morts-Vivants, à l'image des vingt dernières minutes du film, qui se déroulent dans une sorte de manoir cossu et presque labyrinthique.
Bref, un film d'horreur plutôt honorable, sans plus et qui se situe dans la logique des précédents longs-métrages de George Romero. Indubitalement, ce dernier n'est plus ce contempteur opiniâtre du passé. En résulte une pellicule un brin surranée, dans la dialectique des productions horrifiques actuelles.

Note : 10.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver