[CRITIQUE] : Desierto

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Jonás Cuarón
Acteurs : Gael Garcia Bernal, Jeffrey Dean Morgan, Alondra Hidalgo,...
Distributeur : Version Originale/Condor
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Mexicain, Français.
Durée : 1h34min.
Synopsis :
Désert de Sonora, Sud de la Californie. Au cœur des étendues hostiles, emmené par un père de famille déterminé, un groupe de mexicains progresse vers la liberté. La chaleur, les serpents et l'immensité les épuisent et les accablent… Soudain des balles se mettent à siffler. On cherche à les abattre, un à un.

Critique :
#Desierto ou un sommet de thriller haletant, intense et violent qui vous prend par les tripes pour ne plus jamais les lâcher.Un pur must-see— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) April 1, 2016

Les " Fils de " pleuvent à Hollywood, c'est un fait, mais les rejetons frappés du même talent que leur géniteurs; là, force est d'avouer que la liste se voit rétrécit d'un gros cran.
Jonás Cuarón, progéniture du génial Alfonso Cuarón est décemment l'un de ceux-là, lui qui en plus s'échine à vouloir boxer dans la même catégorie que son père - la réalisation -, exposant logiquement son cinéma à la comparaison d'avec celui de son paternel.
Reste que cette idée ne semble pas effrayer le bonhomme, puisque pour son second long métrage (après le discret Año Uña), il poursuit la veine sociale bouillonnante du cinéma de son père en prenant à bras-le-corps la question de l'immigration illégale à la frontière mexicaine - et les dérives d'une Amérique passéiste et foncièrement raciste qui en découle - dans un road movie en plein désert.

Bref, un alléchant jeu de cache-cache en terre hostile et inhospitalière entre ceux qui espèrent une vie meilleur et ceux qui ne sont pas prêt de partager le moins en moins reluisant American Dream...
Autant le dire tout de suite, sur le papier, Desierto avait donc une gueule folle et l'idée de voir les inestimables Gael García Bernal (en père de famille déterminé) et Jeffrey Dean Morgan (en bête sauvage anti-immigré) se foutre sur la tronche, ne pouvait confirmer que tout le bien que l'on pensait de ce film.
Et force est d'avouer que pour son second essai, le fils Cuarón a déjà décemment toute l'étoffe d'un grand, car son film est sans l'ombre d'un doute, l'un des westerns les plus prenants et viscérales à avoir atteint les salles obscures ces dernières années.
Périple éprouvant d'une famille luttant pour son avenir et sa survie face à un monstre alcoolique au déterminisme tout aussi imposant - et aveuglé par son désir de nettoyer les frontières de son pays -, Desierto est une expérience de cinéma à part, une chasse à l'homme suffocante à la violence aussi sourde que radicale, s'appuyant sur un fait social brulant (l'immigration illégale et la politique brutale pour l’endiguer, encore plus d'actualité aujourd'hui avec les présidentielles US et la campagne très conservatrice de Trump) pour mieux incarner une série B tendu et furieuse.

Épuré (le script va constamment à l'essentiel) et mené tambour battant, magnifiant un décor naturel exigeant  - le désert de Sonora au sud de la Californie - qui incarne pourtant un véritable personnage à part entière de l'histoire, porté par une mise en scène minutieuse à l'extrême (Jonás a le même soucis du détail limite obsessionnel que son papounet) et une photographie lumineuse signé Damian Garcia; le film vaut surtout et avant tout pour la partition démente de son duo d'acteur vedette.
En père de famille courage et au prénom à forte résonance biblique (Moise, un détail loin d'être anodin aux vues de l'histoire), Gael García Bernal convainc mais se fait pourtant méchamment voler la vedette par un Jeffrey Dean Morgan des grands jours parfait en véritable fou furieux (un aperçu de sa partition en terrible Negan dans The Walking Dead ? Pourvu que oui...); un animal malade assoiffé de sang aussi barbare que sadique, une bête de guerre accompagnée d'un chien tout autant tétanisant que lui.
Une prestation totalement habitée, et qui compte énormément dans la réussite évidente du métrage, sommet de thriller haletant et violent, qui vous prend par les tripes pour ne plus jamais les lâcher.
En conclusion, vivement le prochain long du Jonás...
Jonathan Chevrier