SECTION ZÉRO (Critique saison 1) Requiem majeur

SECTION ZÉRO (Critique saison 1) Requiem majeurSECTION ZÉRO (Critique saison 1) Requiem majeurSYNOPSIS: En Europe, dans un futur proche, les Etats endettés ont renoncé à leur souveraineté au profit de multinationales, immenses agrégats économiques ultra-puissants. Parmi ces nouvelles " sociétés titans ", Prométhée, l'une des plus puissantes et dangereuses, ne cesse d'étendre son emprise sur la Fédération. Son but : remplacer la police par une milice privée, le Black Squad, dirigée par le dangereux Munro, et créer une armée d'hommes robotisés, les Mékas. Sirius, flic idéaliste, veut se battre pour empêcher la disparition du monde dans lequel il a vécu. Il va entrer en résistance et diriger un groupe d'élite, la Section Zéro, qui utilise tous les moyens, y compris l'illégalité et la violence. Derrière ce combat politique se joue également pour lui le combat d'un père et d'un mari pour retrouver les siens.

La dernière fois qu' Olivier Marchal est passé par la case télé c'était avec Borderline sur France 2 qui avait obtenu un très gros succès d'audience. Autant dire que la nouvelle Création Originale Canal Plus, Section Zéro, signée du réalisateur de 36 Quai des Orfèvres était très attendue, à la fois par ses admirateurs qui se languissaient de le revoir sur un projet au long cours mais aussi pour tous ceux qui le tiennent en haute estime pour mener une carrière sans concessions, quitte à parfois devoir avaler certaines couleuvres. Olivier Marchal ne fait pas les choses à moitié avec Section Zéro puisqu'il se lance dans une série d'anticipation. Aborder un genre peu courant dans nos contrées ( Trepalium en est l'exemple le plus récent) est loin d'être une chose facile et cette audace aurait très vite pu se retourner contre Olivier Marchal. Fort heureusement ce n'est pas le cas. En apposant une vraie identité visuelle à sa série, en ménageant du suspense et de l'action, en offrant des rôles étoffés à des comédiens charismatiques, Olivier Marchal réussit son pari. On retrouve ce qui fait le sel de son œuvre, ce savant dosage entre des dialogues qui claquent, des scènes d'action menées tambour battant et une atmosphère de violence brute dans un univers sombre, désenchanté et désespéré. Du pur Marchal donc, qui ne devrait pas rebuter ses fidèles, mais qui s'émancipe de son confort pour tenter une proposition rare, preuve déjà de la noblesse d'un projet qui, s'il ne ralliera forcément pas tous les suffrages, fera incontestablement parler et réfléchir.

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Ses sources d'inspiration, Olivier Marchal n'en fait pas mystère: De Mad Max en passant par Les Fils de l'Homme ou Blade Runner, l'artiste permet également de se délecter de nombreux clins d'oeil qu'il dissémine ça et là comme il en a l'habitude et dont on laissera le soin aux téléspectateurs de les remarquer ou pas. Pour réussir son entreprise Olivier Marchal a opté pour une direction artistique et des partis pris esthétiques très marqués qui confèrent à Section Zéro une véritable atmosphère. Des costumes aux insignes en passant par les logos apposés sur les différents véhicules, c'est un monde qui n'a pas à s'embarrasser du réel qui nous est proposé. Ambitieuse et majestueuse la réalisation est ample et efficace, soignée et fluide et Olivier Marchal prouve une nouvelle fois qu'il maitrise les scènes d'action comme peu de réalisateurs en France en ne cédant jamais au surdécoupage et en offrant des séquences haletantes à la lisibilité exemplaire. Dans cet univers noir, presque anxiogène, certains choix marquants apportent un peu de respiration bienvenue et l'utilisation de la musique notamment s'avère parfois surprenante ( La belle vie de Sacha Distel ou Sympathy for the devil des Rolling Stones sont loin d'être des choix anodins et sont gages très beaux moments).

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La photographie métallique, les couleurs (le bleu, le gris, le blanc polaire) contribuent également à ce rendu qui donne à Section Zéro une identité visuelle rare et qui permet à la série de s'affranchir des conventions classiques avec bonheur. Certes tout n'est pas parfait et s'il faut tempérer notre enthousiasme on mettra un bémol sur les apparitions de multiples personnages alors que d'autres déjà là, peinent parfois à vraiment se développer. Certaines motivations ou caractéristiques restent également nébuleuses mais c'est aussi en renonçant à l'explication de texte et en laissant l'imagination du public à la barre que la série se trouve un ton qui lui est propre. Mais ces broutilles ne gênent jamais ni la progression dramatique, ni le plaisir immense que l'on prend devant un projet complexe qui arrive à maturation, tant la conjonction entre le fond et la forme semble impeccable et que l'on est tenu constamment en haleine, Marchal maîtrisant qui plus est à merveille l'art du cliffhanger de fin d'épisode.

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Pour de beaux personnages il fallait de beaux acteurs et là encore le casting est une réussite totale. Ola Rapace (vu dans Skyfall) est excellent entre bestialité et souffrance rentrée. Sa présence et son charisme en font l'anti-héros par excellence, à la fois badass et perclus de failles qui le rendent à sa condition humaine. Face à lui, en bad guy magnétique, Pascal Greggory est impeccable. Froid, méthodique et parfait de perversité et d'onctuosité, il compose un personnage qu'on adore détester. Les fidèles de Marchal, que ce soit Catherine Marchal (incroyable dans ce qui est sans doute l'un de ses rôles les plus intenses), Francis Renaud (toujours très bon que ce soit dans l'action ou la distanciation), Gérald Laroche (qui n'a rien à envier aux plus impitoyables salauds) ou encore Tchéky Karyo (d'une force tranquille et d'une incroyable présence) ont des partitions à jouer sur des tonalités diverses et variées et chacun offre à son personnage de la chair et du sang.

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Les autres comédiens que ce soit Juliette Dol, Marc Barbé, Jean-Michel Fête ou Stefan Laurent Malet dans le rôle de Ivanov complètent une distribution homogène où chaque personnage existe et a des choses à démontrer. Aucun ne démérite un seul instant mais c'est sans doute Olivier Marchal souhaitait interpréter ce très beau personnage, mais quelle idée géniale d'avoir pris et transformé Laurent Malet, dont on espère que ce rôle va titiller à nouveau l'imagination des auteurs. La violence et l'immoralité que Marchal s'ingénie à montrer au travers de ses œuvres atteint ici sans doute son paroxysme dans un univers noir de geai. Dans ces déserts poussiéreux, ces décors d'une ampleur sans commune mesure, l'auteur nous dépeint un tableau sombre où l'ultra violence, la sensualité et la radicalité semblent nous conter un requiem. Car au final, Papa Charly qui est le plus surprenant de tous. L'acteur qu'on ne voyait plus beaucoup est absolument formidable et son aura est intacte dès qu'il envahit le cadre. Pas étonnant qu' Olivier Marchal. Œuvre à la fois cohérente, incandescente, noire et d'un désenchantement implacables, Section Zéro n'est rien moins qu'un opéra funèbre qui est loin de déparer dans le travail d' Section Zéro est tout à la fois sublime et renversante. A n'en pas douter, du très grand art, dont on attend la suite la bave aux lèvres.

Une Création Originale Canal + Série de 8 épisodes de 52 minutes Créée par Olivier Marchal et Laurent Guillaume Réalisée par Olivier Marchal et Ivan Fegyveres Écrite par Olivier Marchal, Laurent Guillaume, Franck Philippon, Edgar Marie, David Martinez, Yann Brion Produite par Thomas Anargyros et Édouard de Vésinne pour EuropaCorp Television Coproduite par Bad Company et Umedia Producteur exécutif : Frédéric Bruneel Musique originale composée et interprétée par Erwann Kermorvant

Crédits: Canal Plus

Catégories : Critiques, Séries

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