Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 1978
Durée : 1h43

L'histoire : Les Thorn élèvent deux garçons, Marc et Damien, élèves d'une école militaire. Mais ce dernier s'avère être l'Antéchrist. 

La critique :

En 1973, William Friedkin invente une nouvelle forme de terreur au cinéma. Son nom ? L'Exorciste. A l'époque, le film marque une rupture rédhibitoire, en particulier avec les productions de la Hammer (Frankeinstein s'est échappé, Le Cauchemar de Dracula, Le Chien des Baskerville, La Malédiction des Pharaons...). Frankenstein, Dracula, le loup-garou et la momie sont priés de s'abstenir et de retourner dans leur sépulcre ! Ces créatures maléfiques appartiennent au passé et ont été évincées par une nouvelle forme de terreur, beaucoup plus contemporaine : le démon et plus précisément ce mal qui vient s'immiscer dans notre société consumériste.
Le film de William Friedkin influence de nombreux succédanés. C'est par exemple le cas de La Malédiction de Richard Donner (1976).

Certes, il n'est pas question ici d'exorcisme ni d'une jeune femme possédée par le malin. Pourtant, le mal, plus précisément l'Antéchrist, s'incarne désormais dans les yeux mutins de Damien Thorn, un bambin de cinq ans. Au moment de sa sortie, La Malédiction terrorise les spectateurs et remporte un vif succès dans les salles obscures. Deux ans plus tard, une suite, donc Damien : La Malédiction 2, est réalisée, cette fois-ci par les soins de Don Taylor.
Au cours de sa carrière, le cinéaste s'est essentiellement spécialisé dans les séries télévisées. Il ne compte que deux films à son actif, dont Damien : la malédiction 2 fait partie. Le film sera suivi par deux nouveaux chapitres. Certes, le troisième opus était censé conclure la saga en beauté. 

Hélas, les producteurs auront la mauvaise idée de réaliser La Malédiction 4 : l'Eveil, un téléfilm qui brille avant tout par son inanité. A la seule différence que Damien est ici remplacé par une fillette démoniaque. Mais revenons au film de Don Taylor ! La distribution de ce second volet réunit William Holden, Lee Grant, Jonathan Scott-Taylor, Nicholas Pryor, Lance Henriksen, Robert Foxworth, Lew Ayres et Sylvia Sidney. Pour la petite anecdote, le rôle du père de Damien avait été proposé au même William Holden. Peu enthousiaste à l'époque, l'acteur avait poliment décliné l'invitation. 
Oui mais voilà, le premier chapitre a remporté un joli pactole au box-office. Désormais, le vieil interprète souhaite participer aux festivités. Attention, SPOILERS ! Sept ans ont passé depuis que Damien a échappé à la mort que lui réservait son père, persuadé que sa progéniture était l’Antéchrist.

Désormais, il vit avec son oncle, sa tante et son cousin, héritiers du vaste empire Thorn. Découvrant sa véritable nature maléfique, le jeune garçon procède à l’élimination de tous ceux qui peuvent entraver son ascension au sein de la famille Thorn. On prend les mêmes (ou presque...) et on recommence ! Telle est la dialectique de Damien : La Malédiction 2.
Certes, entre les deux histoires, plusieurs années se sont écoulées. Désormais, Damien est un adolescent promis à une belle carrière professionnelle. Le spectateur est donc convié à suivre les années rebelles de l'éphèbe Antéchrist. Dès les premières images, les intentions de Don Taylor sont éloquentes. Le réalisateur reprend la même formule que son auguste prédécesseur. 

En effet, l'introduction montre deux archéologues périr sous un éboulement alors qu'ils venaient de découvrir une sorte de tombeau funéraire annonçant l'Apocalypse et le triomphe de Damien. A l'instar du premier chapitre, Damien : La Malédiction 2 repose lui aussi sur de nombreux meurtres abominables : un homme dont le corps est sectionné par un ascenseur ou encore une jeune femme tarabustée par un corbeau noir avant d'être écrasée sur la route...
Certes, Don Taylor ne fait pas spécialement dans l'original et se prend pour Alfred Hitchcock avec cette séquence calquée (photocopiée...) sur Les Oiseaux. Certes, Don Taylor ne possède pas non plus le talent ni le sens de la mise en scène de Richard Donner. Toutefois, le réalisateur tire son épingle du jeu et signe une suite de facture correcte, en tout cas dans la lignée et la continuité du premier volet.
Pourtant, au moment de sa sortie, Damien : La Malédiction 2 sera étrangement boudé par les spectateurs et la presse avant de se racheter une conduite bien des années plus tard. Que les choses soient claires. On tient là une suite solide et souvent passionnante. Damien est donc promis à une belle et brillante carrière militaire, mais aussi à de plus hautes responsabilités.
Pour le jeune impubère, c'est l'occasion de monter son armée, d'aguerrir ses hommes au combat et surtout d'obtenir leur obédience et leur servitude. Parallèlement, le film mise sur l'aspect identitaire. Damien ne sait pas encore qui il est. Un haut commandant va lui révéler les secrets de ses (funestes) origines. Damien n'est autre que le fils du chacal. Il doit être à tout prix éliminé.
C'est ce que comprend Richard Thorn, l'oncle du gamin incube. Tout d'abord rétif, le vieil homme au visage chenu doit se faire une raison. Tous ses proches disparaissent dans de mystérieuses conditions. Néanmoins, ce second chapitre n'est pas exempt de tout reproche. Tout d'abord, il opère exactement la même construction scénaristique que son modèle (une succession de meurtres qui mènent inextricablement vers Damien). Surtout, on peut regretter que Don Taylor n'ait pas davantage développé cette phase adolescente, à la fois mêlée de contradictions, de doutes et d'incertitudes.
Clairement, le cinéaste n'exploite pas tout le potentiel de son sujet et de son bambin démoniaque. Mais ne soyons pas trop sévères, on tient là (encore une fois) une suite tout à fait recommandable.

Note : 14/20

Synopsis du film sur : http://www.avoir-alire.com/damien-la-malediction-ii

 Alice In Oliver