[CRITIQUE] – Demolition (2016)

Par Pulpmovies @Pulpmovies

Banquier d'affaires ayant brillamment réussi, Davis a perdu le goût de vivre depuis que sa femme est décédée dans un tragique accident de voiture. Malgré son beau-père qui le pousse à se ressaisir, il sombre de plus en plus. Un jour, il envoie une lettre de réclamation à une société de distributeurs automatiques, puis lui adresse d'autres courriers où il livre des souvenirs personnels. Jusqu'au moment où sa correspondance attire l'attention de Karen, la responsable du service clients. Peu à peu, une relation se noue entre eux. Entre Karen et son fils de 15 ans, Davis se reconstruit, commençant d'abord par faire table rase de sa vie passée ...

Demolition est le nouveau film de Jean-Marc Vallée qui nous avait déjà offert de belles pépites avec Dallas Buyers Club, Wild ou encore C.R.A.Z.Y. Le projet de Demolition ne date pas d'hier puisque celui-ci a émergé il y a presque 10 ans. Le film met en scène l'impressionnant Jake Gyllenhaal dans une période de deuil après la mort tragique de sa femme. Des rencontres improbables vont se faire et le personnage de Jake ( Davis Mitchell) va se réinventer à travers une activité peu banale...

Inscrit dans la Black List des meilleurs scripts n'ayant trouvé de producteur, c'est grâce au scénario du jeune Bryan Sipe que nous pouvons découvrir Jake Gyllenhaal dans cette merveilleuse histoire de deuil et de reconstruction. L'acteur s'améliore de film en film et alors que l'on pensait qu'il ne pouvait faire mieux que son personnage dans Night Call, nous nous étions trompés. Jake fait aussi bien et même mieux ! Jean-Marc Vallée n'est pas un réalisateur facile : il est connu pour ne préparer ni plan de travail, ni story-board. Dans ce cas, les acteurs ne savent pas trop ou mettre les pieds et cela peut en démotiver plus d'un. C'est bien pour cette raison que le réalisateur s'avère scrupuleusement méticuleux dans le choix de ses acteurs. Jake Gyllenhaal s'affirme complètement, et après la prestation qu'il donne dans le film, on voit mal quel autre acteur aurait pu faire mieux. Naomi Watts est également de la partie et offre au personnage de Davis un souffle nouveau en faisant naître une douce alchimie entre eux.

Demolition s'attaque premièrement à la démonstration du mal-être de Davis : lui qui ne voulait rien laisser transparaître peut-il continuer pour autant à feindre l'indifférence ? Ne parvenant pas à prendre la parole ou à s'adresser à son entourage, c'est à travers l'écriture de lettres qu'il trouvera une sorte d'exutoire, le menant à faire des rencontres de plus en plus improbables. C'est en racontant son histoire et ce qu'il ressent dans le moment présent que Davis évolue de la plus grande des manières. Jean-Marc Vallée filme le deuil à l'écran d'une manière évacuante à travers ce " titre " qu'est la démolition : paradoxalement, c'est en déconstruisant que l'on se reconstruit ! Au sens propre comme au sens figuré. La démolition est à la fois physique et psychologique, puisque la destruction est au cœur du film, tout comme Davis " déconstruit " sa relation avec sa femme, à travers ces fragments de souvenirs disséminés de part et d'autre du film. Vous aussi, ça vous rappelle un certain Wild ? Jean-Marc Vallée apporte à Jake un moyen d'expression et d'évolution incroyable et propose une expérience libératrice pour lui comme pour nous. C'est dans le rapport entre Davis et ses nouveaux amis que Jean-Marc Vallée puise toute la puissance de son film, notamment entre Davis et Chris ( Judah Lewis) le fils de Naomi Watts, entre lesquels le scénario consacre humour, drame et tension. La performance du jeune garçon laisse déjà présager un très bon début de carrière...

L'émouvant Jake Gyllenhaal fait l'étendue de tout son talent dans Demolition : une juste représentation du deuil signée Jean-Marc Vallée