Interstellar, une épopée humaniste signée les nolan

Par Amandine97430

De : Jonathan et Christopher Nolan.

Avec: Matthew McConaughey ( Mud, Le loup de Wall Street), Anne Hathaway ( Les misérables, Le stagiaire), Jessica Chastain ( A most violent year, Seul sur Mars), Mackenzie Foy ( Twilight, The conjuring), John Lithgow ( Le monde selon Garp, Dexter).

Synopsis Allociné: Le film raconte les aventures d’un groupe d’explorateurs qui utilisent une faille récemment découverte dans l’espace-temps afin de repousser les limites humaines et partir à la conquête des distances astronomiques dans un voyage interstellaire. 

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J’ai pris mon temps pour vouloir le regarder; et, je me félicite de l’avoir vu chez moi au lieu d’une salle de cinéma. Je crois que si ça avait été le cas, je n’aurai pas été aussi présente et disposée à ce film qui pourtant requiert toute assiduité, disponibilité et attention.

Nolan nous avait habitué aux films qui ont tout du blockbuster ou du moins qui y ressemble de prime abord si ce n’est parfois par la forme. Cependant, son frère et lui n’aiment jamais faire les choses comme les autres; de sorte que le fond de leurs œuvres se distinguent ou presque du film de grand public. Ici plus que jamais d’ailleurs.

Interstellar est un film complexe, ambitieux et parfois inaccessible dans son propos bien qu’il ait remporté un grand succès. Cela dit, on aime ou pas soit comme moi on en ressort perplexe.  Perplexe parce qu’on a le sentiment d’assister à quelque chose de grand et qui manifestement nous dépasse. Ceci dit, même en sachant cela, je ne peux m’empêcher dans un même temps d’ajouter qu’il aurait pû friser le génie, la perfection incarnée si le film ne souffrait pas de tant de faiblesses.

Dans son journal d’écrivain, Virginia Woolf disait souvent qu’il fallait qu’elle resserre son texte; c’était un des actes les plus compliqués de son métier. Je crois qu’ici il aurait dû en être de même: resserrer, recentrer et condenser. Dire ce qui doit être dit, dire ce qui ne peut pas être occulté. Le problème étant qu’ici plus que dans ses autres films, Nolan veut en dire trop. Cela se ressent d’ailleurs en jetant uniquement un coup d’œil sur la durée totale du film soit deux heures et 30 minutes.

Ce film se veut à la fois un film de science-fiction, un drame, un film familial, humaniste peut-être aussi écologiste, social…etc. Il en ressort qu’aucun ne prédomine vraiment; au contraire, tous se mélangent, se confondent et se complètent. Par moment, c’est puissant transfigurée, magnifiée par l’excellente BO du prodige Hanz Zimmer. D’autres fois, l’intensité retombe pour laisser place à l’incompréhension  notamment à cause d’un vocabulaire scientifique bien trop compliqué qui échappe au spectateur.

Il en va de même aussi parfois pour le contexte. Au début, passé et présent se mélangent à travers des images documentaires notamment au sujet de l’origine de cette poussière dévastatrice et envahissante. Le spectateur arrive alors que le train est en marche; du moins c’est l’impression que j’ai eu. Un peu perdu, on se questionne et cherche les réponses vu que Nolan comme toujours préfère prendre son temps. Il aurait été intéressant d’installer davantage cette partie-là avec des flashbacks à l’échelle internationale quitte à emprunter le traditionnel  » 10 ans plus tard ». Cela aurait permis de comprendre davantage les enjeux de l’intrigue, de l’histoire.

Par ailleurs, j’ai trouvé le traitement des personnages particulièrement inégal. D’un côté, on a un duo père/fille crevant l’écran et éloquent. D’un autre, on a des secondaires qui peinent à les surpasser car trop absent et peu développé. En dehors du beau-père peut-être, les autres peinent à exister en dehors de la dynamique familiale alors que le réalisateur avait auparavant toujours pris grand soin de l’ensemble du cast. Encore une fois, il a voulu trop en dire ( ou pas assez selon) sur les liens familiaux qui se disloquent et/ou se réparent.

Au delà de ça, c’est la question de l’humanité qui se pose; le danger de son extinction. Les gens que nous aimons qui nous poussent à faire des choses, des sacrifices. Mais comment quand nos décisions ont un impact sur la Terre entière? C’est à toutes ces questions que doivent répondre Cooper et ses collègues. Comment ne pas être tenté par la facilité, l’égoisme, l’instinct de survie dans de pareilles circonstances? Quand les gens qu’on aime sont restés sur une terre mourante.

Les scientifiques semblent en constante opposition avec leurs sentiments liés à leur humanité, des sentiments légitimes qui peuvent mettre en péril leurs missions. L’amour, l’amitié, la famille ne sont-ils pas plus importants ? Dans un monde qui nous dépasse que ce soit par le temps et l’espace; et qui en plus, semble toujours avoir une longueur d’avance sur nous.

En outre, malgré que ce que la technologie moderne nous offre et l’évolution naturelle de toute chose, de chaque être humain, il semble que celui-ci ne soit gouverné que par une seule chose: les liens qu’ils tissent au cours de sa vie. Par un espoir aussi presque naïf de croire qu’ils peuvent changer le cours des choses, qu’ils peuvent détruire, réparer puis reconstruire. Finalement, l’homme est toujours habité par son instinct de survie; par l’envie de transmettre, de conquérir et de perpétuer la vie.

Interstellar n’est pas un film facile ni exempt de défauts comme son final. Le réalisateur ne sait pas quand s’arrêter tombant parfois presque dans le sentimentalisme là où il aurait pu nous planter en beauté comme à son habitude avec moult questions en tête. D’un autre côté, j’imagine aussi que la tâche est ardue d’apporter une conclusion satisfaisante dans un monde si vaste encore rempli de mystères et de secrets dans lequel l’homme parait à la fois l’acteur et l’instrument d’une force supérieure.

Forcément, on se sent petit devant tant de grandeur et de puissance. Ces images saisissantes  presque irréelles de trous de verre et de trous noirs nous laissent définitivement baba.

18 SUR 20

Le saviez-vous?

  • Christopher Nolan a demandé à Hanz Zimmer de faire la BO en aveugle.
  • Les deux robots du film ont la voix respective de Grissom et Brass des Experts: Las Vegas.