Conan le Barbare - 1982 (La puissance de l'acier)

Par Olivier Walmacq

Genre : aventure, fantastique, heroic fantasy
Année : 1982
Durée : 2h09

L'histoire : Encore enfant, Conan assiste impuissant au massacre de ses parents par le cruel Thulsa Doom, et est réduit en esclavage. Enchaîné à la roue de douleur, il y acquiert une musculature peu commune qui lui permet, adulte, de gagner sa liberté comme lutteur. Désireux d'assouvir sa soif de vengeance, il part accompagné de deux voleurs, Subotai et Valeria, à la recherche de Thulsa Doom

La critique :

Le nom de John Milius rime invariablement avec celui de Conan le Barbare, réalisé en 1982. Pourtant, le cinéaste a aussi brillé en tant que producteur et/ou scénariste pour Les dents de la mer (Steven Spielberg, 1975), L'inspecteur Harry (Don Siegel, 1971), Jeremiah Johnson (Sydney Pollack, 1972), Magnum Force (Ted Post, 1973), Apocalypse Now (Francis Ford Coppola, 1979), ou encore Juge et hors-la-loi (John Huston, 1972). A l'origine, Conan le Barbare est l'adaptation assez libre des récits de Robert E. Howard. Le projet de réaliser les aventures de Conan remonte à 1975.
A l'époque, le script est supervisé par les soins d'Edward R. Pressman et d'Oliver Stone. A contrecoeur et surtout par manque de budget, les deux cacographes sont obligés de vendre les droits du scénario au producteur Dino de Laurentiis.

John Milius est alors engagé pour réaliser le film et revoie l'intégralité du script. Le long-métrage doit surtout s'inscrire dans une nouvelle logique égotiste et consumériste : une quête individuelle qui doit mener un héros vers la notoriété et le récit de conquêtes légendaires. Dans un tout autre registre, le premier Star Wars (La Guerre des Etoiles) raconte la formation et l'épopée d'un soldat (Luke Skywalker) appelé à de plus hautes responsabilités et pouvoirs (ceux d'un chevalier Jedi).
A son tour, Conan le Barbare s'inscrit dans cette dialectique héroïque et populaire qui doit convaincre le grand public. Certes, le film rencontre un certain succès mais sans pour autant atteindre des chiffres astronomiques. Parallèlement, le long-métrage est vivement gourmandé par certaines critiques.

La sortie du film est prévue en décembre 1982 mais est plusieurs fois repoussée. Jugé trop violent par ses contempteurs (en particulier la firme Universal Pictures), Conan le Barbare subit de nombreuses coupes. John Milius est prié de revoir sa copie. Une suite, Conan le destructeur, sera tout de même réalisée deux ans plus tard (donc en 1984), cette fois-ci par les soins de Richard Fleischer.
La distribution du film réunit Arnold Schwarzenegger, James Earl Jones, Sandahl Bergman, Gerri Lopez, Mako, Max Von Sydow et Ben Davidson. Pour le rôle de Conan, les producteurs envisagent tout d'abord Charles Bronson, jugé trop chenu pour le rôle. Ils se tournent alors vers Sylvester Stallone mais sont impressionnés par les vidéos d'Arnold Schwarzenegger dans Pumping Iron.

Mais à l'époque, le bodybuilder charismatique n'est pas encore l'acteur ni la star qu'il va devenir par la suite. Il subit tout d'abord un entraînement athlétique puis un travail de longue haleine sur ses mimiques et son débit vocal. Bref, l'interprète s'investit totalement dans son personnage. Pourtant, il sera nommé aux Razzie Awards pour son inexpressivité. De surcroît, certaines critiques tonnent et pestifèrent contre l'idéologie fascisante du film. Selon certains journalistes, Conan le Barbare serait carrément une louange pour ce héros aryen triomphant des pires épreuves et prônant la pureté de la race.
Un propos tout de même à minorer malgré quelques accointances avec les thématiques des opéras de Wagner. Thématiques sur lesquelles nous reviendrons. Attention, SPOILERS !

(1) En d’autres temps, en d’autres lieux. Seul rescapé du massacre de sa famille par le cruel Thulsa Doom, prêtre sanguinaire du culte du serpent, le jeune Conan est vendu comme esclave. Les années passent, transformant le jeune cimmérien en homme fort et puissant. Conan acquiert alors des connaissances dans l’art du combat et devient un barbare cruel et féroce, affrontant les adversaires les plus impitoyables pour le seul plaisir de ses maîtres. Au prix de ces combats, Conan gagne sa liberté.
Enfin libre le puissant guerrier se met à la recherche de Thulsa Doom afin de réclamer vengeance (1). Le scénario de Conan le Barbare se divise en trois parties bien distinctes. La première section, assez laconique, se concentre sur l'enfance martyre d'un héros en devenir. Conan voit son père et sa mère mourir sous ses yeux. Puis, pendant plusieurs années, il est condamné à la servitude et à l'esclavage.

Paradoxalement, ces travaux titanesques et herculéens le transforment en jeune homme véloce et musculeux. C'est la seconde partie du film. Cette fois-ci, Conan est destiné à devenir un meurtrier et même un barbare qui s'aguerrit dans des combats à mort. Après avoir remporté de nombreuses victoires, il recouvre enfin la liberté. C'est la troisième et dernière partie du film, à savoir la légende de Conan, celle d'un futur roi qui doit accomplir sa destinée.
A travers Conan le Barbare, John Milius réinvente l'Âge hyborien, une époque révolue et régie à la fois par des barbares, des sorcières nymphomanes et des créatures aux incroyables rotondités (entre autres un serpent géant). Clairement, Conan le Barbare n'a pas usurpé son statut de film culte. 

L'air de rien, John Milius réalise un long-métrage épique et assez complexe sur l'épopée d'un héros peu ordinaire, certes plutôt lapidaire voire quasiment monolithique. Pourtant, il est bien question de renouveler, dans un conte barbare et finalement assez moderne, les thèmes "wagneriens" : une enfance mutilée et suppliciée, les débuts de l'âge adulte dans des combats à mort et des arènes aux hurlements sauvages et frénétiques, puis l'apogée d'un héros confronté à sa propre solitude.
Malgré les apparences et sa force musculaire, Conan est incapable de lutter contre son destin, comme peut le témoigner le glas de son énamourée. Pis, il ne parvient pas à se débarrasser de ce sentiment de révolte et de vengeance qu'il éprouve à l'égard de Thulsa Doom, l'assassin de ses parents. Autrement dit, la puissance de l'acier ne peut vaincre cette nature primaire qui nous transcende ou nous avilit. 
A tort, Conan le Barbare est souvent jugé de façon négative et/ou caricaturale. Encore une fois, on tient là le classique de l'heroic fantasy par excellence. Par la suite, le film sera toujours imité mais jamais égalé, comme l'atteste son remake faisandé.

Note : 17/20

(1) synopsis du film sur : http://www.avoir-alire.com/conan-le-barbare-la-critique

 Alice In Oliver