Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 18 ans)
Année : 1999
Durée : 1h05
Synopsis : Misaki, une lycéenne de 17 ans, n'a pas eu de chance dans la vie. Entre un père incestueux et une soeur lourdement handicapée, son existence n'est pas facile. Quant à sa mère, elle a perdu la raison, elle a quitté le domicile conjugal et vit comme une clocharde. Si l'on ajoute un businessman pervers qui poursuit la jeune femme de ses assiduités et deux voyous qui veulent la violer, la pauvre Misaki n'est vraiment pas au bout de ses peines !
La critique :
Entre Daisuke Yamanouchi et Naveton Cinéma, puis Cinéma Choc, c'est une longue histoire "d'amour" qui se poursuit. En effet, plusieurs oeuvres (Muzan-E, Blood Sisters, le diptyque Red Room entre autres) du réalisateur nippon déjanté ont déjà été chroniqués sur ces blogs. Avec Girl Hell 1999, le cinéaste fou se retrouve donc à nouveau aujourd'hui sur le grill de la critique. Yamanouchi fut, entre 1999 et 2003, un artisan ultra prolifique du cinéma underground japonais.
Si le bonhomme est depuis longtemps retiré du circuit, ses films restent pourtant encore dans toutes les mémoires... enfin de ceux qui ont eu la chance d'assister au dézingage en règle de la morale par ses pelloches hyper transgressives. En effet, pour Yamanouchi, une seule devise : la transgression. A tout prix. Pour résumer, le réalisateur accumulait dans ses films, et avec une jouissance non dissimulée, un maximum de scènes scabreuses en un minimum de temps. Tournage en vidéo, acteurs totalement inconnus, scénarios outranciers, gros gore qui gicle : le décor est planté, vous connaissez un peu mieux Daisuke Yamanouchi.
Sans réellement tomber dans le hardcore, Girl Hell 1999 propose tout de même quelques scènes méchamment piquées des vers, dont le réalisateur a le secret. Et, à bien y regarder, à travers l'étalage de séquences provocantes, on y trouverait presque comme la dénonciation féroce d'une société nippone en déliquescence à l'aube des années 2000. Attention, SPOILERS ! On ne peut pas dire que Misaki, jeune lycéenne de 17 ans, ait une vie facile. Entre une soeur lourdement handicapée et un père violent et incestueux, elle se coltine également une mère devenue folle qui est tombée dans la mendicité. Si l'on ajouter à cela qu'un homme d'affaire énamouré poursuit la belle de ses assiduités et que deux jeunes voyous projettent de la violer, c'est peu dire que la jeune femme n'est pas née sous une bonne étoile.
Nous suivons donc le parcours chaotique et ultra violent de cette fille paumée, sans d'autre amie qu'une copine de classe, prostituée occasionnelle, qui fait payer ses tampons usagers à ses clients fétichistes ! Lorsqu'elle rentre chez elle, Misaki s'occupe du mieux qu'elle le peut de sa soeur qu'une agression a laissé impotente et défigurée.
Elle dit aussi affronter les turpitudes d'un père chômeur et alcoolique, qui abuse fréquemment de cette soeur sans défense. Soumise à cette géhenne, Misaki va quelque fois tenter de chercher le réconfort auprès de sa mère. Mais la malheureuse qui vit dans un bidonville délabré a perdu la raison et ne reconnaît plus sa fille. Elle consent, cependant, à lui donner le sein pour la consoler de ses peines. Dans leur coin, deux apprentis yakuzas vivent de petits larcins et d'agressions.
Malgré une remise en question de l'un d'entre eux, ils poursuivent leur cheminement délétère et envisagent de violer la jeune fille. Ils pénètrent chez elle mais Misaki étant absente, les deux vauriens se vengent en tuant son père et en violant sauvagement sa soeur au cours d'une scène choquante. Sous le choc de la découverte des corps ensanglantés, Misaki s'enfuit. Elle est bientôt rattrapée par un homme d'affaire épris qui la séquestre dans sa limoisine et la contraint à des actes dégradants. La raison chancelante, elle se rend à nouveau chez sa mère qui vient d'être violée à son tour par les deux jeunes yakuzas.
A bout de force, Misaki s'abandonne aux bourreaux qui, la croyant morte, ne la toucheront pas. Mais furieuse de ne plus être reconnue par le seul être cher qui lui reste, elle sombrera dans la folie la plus totale et décapitera sa propre mère. Difficile d'adhérer à la démence de Yamanouchi si l'on n'a pas un petit grain de folie en soi-même ! Le cinéma du réalisateur japonais s'apparente plus à un défouloir de mauvaises intentions qu'à une réelle recherche artistique.
N'ayant aucun message précis à véhiculer, Yamanouchi empile les images chocs avec gourmandise, jusqu'à ce que le spectateur succombe à l'indigestion. Dans le joyeux carphanaüm que représente son oeuvre, on est bien obligé de reconnaître que la qualité n'est pas souvent au rendez-vous. A mi-chemin entre l'ambitieux Muzan-E et le déplorable Yuko Vs. Yuki, la furia frénétique de Girl Hell 1999 ne dépareille pas dans cette filmographie improbable. Car évidemment, le film ne fait pas dans la finesse psychologique. Fidèle à lui-même, le nippon survitaminé programme son spectacle en mode bulldozer pour nous en mettre plein les yeux.
Au menu des réjouissances, nous aurons droit à une dégustation d'urine par le business man amoureux, qui n'éhsite pas à intuber Misaki par le sexe, à un viol incestueux peu ragoûtant, à un viol "sandwich" simultanément anal et vaginal de la soeur handicapée, dont des lambeaux de chair tomberont pendant l'acte, à un épanchement de lait maternel et bien sûr du sang à profusion... Du mauvais goût totalement assumé par ce cher Daisuke Yamanouchi, qui s'amuse comme un petit fou aux commandes de cette oeuvre nauséabonde ! Pourtant le début du film paraissait prometteur et plus sérieux qu'à l'accoutumée, avec une discussion quasi philosophique entre deux jeunes voyous, dont l'un se questionnait sur le sens à donner à son existence. Mais très rapidement, Girl Hell 1999 sombre dans le trash le plus graveleux, en proposant un déferlement de séquences obscènes comme le cinéaste les affectionne.
Voilà, Yamanouchi, c'est ça. Pour les adeptes du genre underground, le bonhomme (dont la puissance nuisible n'est plus à démontrer) reste une référence intouchable.
Pour le spectateur lambda en revanche, quelques minutes de ces spectacles dépravés suffiront pour provoquer des nausées. Toutefois, emporté par son enthousiasme malsain, le réalisateur tend souvent à verser dans l'exagération ubuesque (Misaki qui décapite sa mère d'un coup de batte de baseball, non là franchement...) enlevant par là même, une bonne part de la crédibilité de ses outrances visuelles. Stakhanoviste de la bobine, Yamanouchi enfila durant quatre ans les perles (et les étrons) trash sans discontinuer. Toutes les limites de la moralité devaient être bafouées, tous les tabous devaient être pulvérisés, telle était son "éthique".
Girl Hell 1999 ne déroge pas à cette règle un peu spéciale. Les adeptes d'un cinéma déviant et anticonformiste pourront toujours glousser devant les transgressions des fameuses catégories III hongkongaises, il n'empêche que les films de Yamanouchi évoluaient à un niveau d'immoralité nettement supérieur. Prière de déconnecter ses neurones avant de se lancer dans le visionnage d'un film de Yamanouchi ! Simpliste et sans concession, le style de ce réalisateur de l'ombre a de quoi dérouter.
Mais qu'est-ce que c'est jouissif ! De la violence gratuite, du sexe dégénéré, des situations incendiaires... Un vrai bonheur pour l'amateur de pellicules boderline. S'il demeure moins extrême que son collègue et compatriote Tamakishi Anaru, il n'en reste pas moins que ce réalisateur totalement ch'tarbé porta très haut le flambeau de la folie japonaise, au travers d'oeuvres aussi désaxées qu'attachantes.
Et pour cela, merci Monsieur Yamanouchi !
Note : ?
Inthemoodforgore