Le sacrifice d’un personnage, littéral ou métaphorique, peut être un sommet dans la caractérisation d’un personnage et ajoute une complexité bienvenue à votre script. Lorsque le lecteur s’est investi dans un personnage, le voir se sacrifier pour ses amis (ou pour que le monde continue de tourner), et même s’il n’en a que l’intention, peut vraiment créer une tension dramatique maximale.
On ne peut nier qu’un spectateur satisfasse une quelconque pulsion scopique à voir un personnage souffrir et à fortiori mourir, probablement une sorte de catharsis.
Lorsqu’on suit un personnage depuis le début d’une histoire, nous avons été assez intime avec lui, avec sa logique tout au long de l’histoire, alors lorsqu’il se sacrifie, nous pouvons le comprendre.
Dans L’associé du Diable de Jonathan Lemkin et Tony Gilroy, d’après le roman d’Andrew Neiderman, Kevin Lomax se tire une balle dans la tête pour échapper à Satan et ne pas concevoir l’Antéchrist. Mais plus qu’une échappatoire, ce suicide était la seule solution pour vaincre le démon.
Le sacrifice plus généralement ne revient pas au protagoniste mais est l’apanage d’un personnage qui peut sauver le protagoniste ou se sacrifier pour la réussite de l’objectif du personnage principal. Pourquoi fait-il cela ? Une des raisons les plus récurrentes est la rédemption.
Le personnage porte un fardeau et le sacrifice est l’ultime oblation pour retrouver la paix de l’âme. Il a besoin de se réconcilier avec lui-même. C’est le cas par exemple du Lieutenant Scott Gorman dans Aliens, Le retour qui se sacrifie avec Vasquez.
Il faut seulement se souvenir que le Lieutenant Gorman ne s’était pas très bien comporté (probablement dû à son manque d’expérience du terrain) et que cela avait grandement affecté ses capacités de commandement le minant intérieurement depuis.
Ce sacrifice était donc annoncé et prend du sens avec le recul. Quant à Vasquez, c’est le genre de personnage qui emporté dans sa folie se retrouve toujours en première ligne et ce qui le mène évidemment à sa mort (autant que celle-ci soit un sacrifice pour la beauté de la chose, à défaut).
Dans une grande majorité cependant, la mort n’est pas littérale mais subtile, métaphorique. Ce peut être par exemple l’abandon de ses propres ambitions ou rêves pour qu’un autre puisse réussir.
La notion de sacrifice d’un personnage ne peut cependant avoir un réel impact sur le lecteur qu’à la condition que le personnage ait été convenablement construit et que vous lui ayez donné une fonction précise, significative dans l’histoire.
Cela conférera à son geste plus de sens. Il sera logique dans l’esprit du lecteur que le personnage ait choisi la voie du sacrifice ou en est manifesté l’intention.
Les motivations du personnage ont aussi un rôle à jouer. En effet, la prise de décision du personnage sur sa volonté ou son acte sacrificiels ne peut s’élaborer sans un cheminement préalable parsemé de motivations et d’événements qui l’ont mené à cette extrémité. Le passé a donc aussi son importance dans le concept du sacrifice que vous allez demander à votre personnage.