GODS OF EGYPT : Les dieux du Z ★☆☆☆☆

Alex Proyas nous revient avec un nanar aussi ébouriffant qu’incompréhensible.

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Décidément, de sa conception à sa sortie en passant par sa campagne promo calamiteuse, Gods of Egypt aura été l’un des projets les plus absurdes et incompréhensibles de ces dernières années. Rares en effet sont les superproductions à 140 millions de dollars à témoigner d’un tel désintéressement à tous les niveaux de production. Littéralement assassiné par la critique américaine à sa sortie, le film a débarqué dans nos salles mercredi dernier dans l’indifférence la plus totale. Après quelques ratages atterrants tels que Les Immortels, Le Choc des titans ou encore Pompéi, Hollywood continue de surfer sur cette vague de péplums « post-300 » en singeant ici la mythologie égyptienne. Si Gods of Egypt est indéniablement amusant de par son côté nanar rococo, il laisse toutefois un désagréable goût amer lorsque l’on connaît le nom de son réalisateur : Alex Proyas, cinéaste très doué à qui l’on doit Dark City et The Crow

GODS OF EGYPT : Les dieux du Z ★☆☆☆☆

Le film relate ainsi les chamailleries familiales entre Horus (Nikolaj Coster-Waldau), digne héritier du trône, et son oncle Seth (Gerard Butler), apparemment très en colère après tout le monde. Evidemment, la mythologie égyptienne n’est ici qu’une façade, prétexte à un festival d’effets spéciaux de mauvais goût et de scènes démesurées. Le film n’exploite jamais la mythologie qu’il investit, à tel point que son histoire aurait aussi bien pu se situer dans l’univers de n’importe quel roman de fantasy bas de gamme pour adolescents. Ce même public adolescent est ici clairement la cible, puisque le film adopte le point de vue d’un jeune mortel tête à claques (incarné par le nullissime Brenton Thwaites), embarqué dans une guerre divine entre ciel et enfer pour sauver sa petite amie. Une fois les enjeux merdiques posés, le film se transforme en buddy-movie décérébré entre un blondinet insupportable et un dieu aussi charismatique que Christophe Lambert dans Highlander 3, enchaînant les séquences consternantes que même la bande-annonce ne pouvait laisser imaginer. Le film nous gratifie ainsi de quelques grands moments dadaïstes, comme un combat dans l’espace entre Seth et son père  (interprété par un Geoffrey Rush qui fait peine à voir) ou un final si mièvre qu’il ferait passer Avengers pour un monument de cinéma hardcore.

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Il serait toutefois idiot d’évoquer Gods of Egypt sans s’intéresser à ses quelques velléités visuelles, aussi insensées soient-elles. Car à la différence des tâcherons responsables des navets cités plus haut, Alex Proyas reste un metteur en scène dévoué à l’expérimentation, toujours à la recherche de nouvelles idées permises par les nouvelles technologies. Sans aller jusqu’à dire que le film s’inscrit avec cohérence dans la carrière de son réalisateur, on y retrouve les tentatives de fusion multi-médiatique qui faisaient de Dark City une œuvre visionnaire. En effet, cette hybridation entre le jeu vidéo, l’animation japonaise, le tokusatsu, la bande-dessinée et le cinéma est une nouvelle fois au cœur de la mise en scène de Gods of Egypt. A mi-chemin entre Les chevaliers du Zodiaque et God of War , le long-métrage ne parvient malheureusement pas à marier harmonieusement ses références à la manière des premiers films du cinéaste. Cette forme de rejet pour le visuel de la part du public vient moins des références en elles-mêmes que de la façon dont celles-ci sont agencées, donnant l’impression d’un gloubi boulga difforme d’influences mal digérées. Pour sa défense, on pourra sauver quelques séquences honnêtement torchées comme une poursuite avec des vers géants sortis de God of War et un certain sens du rythme et du découpage propre à Proyas qui fait que l’on suit le film sans trop décrocher. Malheureusement, les quelques rares idées qui jonchent l’ensemble se voient totalement annihilées par une direction artistique kitsch au possible, des CGI hideux dignes d’une cinématique PS2, mais aussi et surtout, une humeur générale qui donne constamment l’impression que chaque niveau de fabrication a été pensé en dépit du bon sens. Résulte de ce joyeux bordel un carnaval hilarant, un nouvel étalon du nanar grand luxe.

Réalisé par Alex Proyas, avec Nikolaj Coster-Waldau, Gerard Butler, Brenton Thwaites

Sortie le 6 avril 2016.

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