Genre : hardcore, trash, inclassable (interdit aux - 18 ans)
Année : 1996
Durée : 51 minutes
Synopsis : Un mari, victime de pannes sexuelles à répétition, n'arrive plus à satisfaire sa femme, Rose. Vexé, il la met à la porte après une violente altercation. De leur côté, leurs voisins, un couple bancal et improbable composé d'une maîtresse SM et d'un travesti souffreteux, sont en proie à de grosses difficultés financières. Ils ont alors l'idée d'enlever Rose afin de demander une rançon à son époux. Mais rien ne va se passer comme prévu...
La critique :
Ah, Costes ! S'il n'existait pas, il aurait fallu l'inventer ! Comment, vous ne connaissez pas le phénomène ? Alors laissez-moi faire les présentations. Jean-Louis Costes est un artiste de la scène underground française, né à Paris en 1954. En véritable touche-à-tout (oserais-je dire de génie ?), l'individu exerce son art dans de multiples domaines et il y excelle : musicien, dessinateur, réalisateur, performeur de haut vol et j'en passe, tant le sagouin possède une multitude de cordes à son arc.
Costes, c'est l'excès, la folie et surtout un mauvais goût sans limite totalement assumé. Incontrôlable, l'artiste donne dans la provocation extrême et c'est là qu'il atteint véritablement toute la plénitude de son talent. A l'image du bonhomme, le cinéma de Costes est barré, loufoque et trash. Hyper trash. Et pourtant, le cinéma ne représente qu'une infime partie de l'oeuvre de cet ancien architecte, qui commença sa carrière en tant que musicien, avant de se lancer dans la mise en scène d'opéras porno-sociaux, sortes de comédies musicales à la violence paroxystique.
Costes, en tant que réalisateur, c'est une période qui s'étale sur une petite décennie, entre Le Fils de Caligula (1992) et Alice au pays des portables (2002). Cet "artiste de merde" comme il aime se qualifier, participa également comme figurant à deux oeuvres sulfureuses du cinéma français, Baise-Moi (2000) et Irréversible (2002), qui firent scandale en leur temps. Mais revenons à I Love Snuff. Cette bouffonnerie hallucinée oscille, au gré de scènes toutes plus saugrenues les unes ques les autres, entre la comédie noire et l'horreur hardcore. Car I Love Snuff, c'est avant tout une comédie.
Une comédie violente, déjantée où se mêlent outrances et déjections. Au-delà de la farce excrémentielle, il ne serait pas incongru d'y voir comme un hymne à la tolérance et un émouvant plaidoyer pour les déclassés. Hormis Costes dans le rôle d'un travesti azimuté, la distribution réunit Anna Van Ver Liden alias "Anzagoth" (authentique maîtresse SM), Rose et Pascal Keller dans le rôle du mari impuisant. Attention, SPOILERS ! Après une violente dispute avec son mari, victime d'une panne d'érection, Rose s'enfuit chez elle.
De leur côté, les voisins du couple, une dominatrice sévère et un travesti sadique, connaissent de sérieux problèmes d'argent. Pour régulariser les factures impayées qui s'accumulent, ils décident dans un premier temps, d'aller faire tapiner l'homme sur les quais de la Seine. Peine perdue, celui-ci se fait agresser et dépouiller du peu d'argent qui lui restait. C'est alors que l'infâme duo tombe par hasard sur l'infortunée Rose. Aussitôt, les psychopathes l'enlèvent et la séquestrent dans le but de rançonner son mari.
Afin que celui-ci les prenne au sérieux, Ils torturent la malheureuse et filment en détail leurs exactions sur des cassettes qu'ils lui envoient. L'homme, nullement éploré par la disparition de sa moitié, passe ses journées avachi, à essayer de retrouvain en vain une érection digne de ce nom devant des films pornographiques. Contre toute attente, en visionnant la première cassette et devant le spectacle de sa femme torturée, l'individu retrouve une vigueur sexuelle inespérée. Dès lors, ignorant les menaces et la barbarie des tortionnaires envers son épouse, il va les pousser au contraire, à aller toujours plus loin dans l'ignominie de leurs actes.
Devant ce revirement inattendu de situation, les apprentis ravisseurs n'auront d'autre choix que de mettre à mort la pauvre Rose dans d'abominables souffrances. Avec I Love Snuff, Jean-Louis Costes signe certainement l'oeuvre la plus barge jamais réalisée dans le cinéma français. Evoluant en périphérie toute proche de l'ultra underground, ce moyen-métrage est évidemment bourré de défauts. Images douteuses, scénario ubuesque, interprétation surréaliste, le film ressemble plus à une grosse fumisterie qu'à une oeuvre cinématographique. Et pourtant, il est quasiment impossible de ne pas éprouver un minimum de sympathie devant tant de maladresses et d'amateurisme.
Coste ne cesse de nous faire des clins d'oeil quasi subliminaux pour nous faire adhérer à sa folie abjecte, pour nous faire pénétrer (sans jeu de mot) dans son univers décadent tout empli d'une poésie dégoulinante et malodorante ; là où la merde est reine. Car I Love Snuff est un film sale, très sale. C'est peu de dire que le réalisateur repousse sans cesse les limites de l'écoeurement dans ce qui est son oeuvre la plus extrême.
Payant de sa personne, notre cher Jean-Louis Costes rudoie son orifice anal avec un rare professionnalisme en subissant diverses introductions (tampon hygiénique, gode-ceinture, concombre géant) de la part de sa dominatrice. Le métrage est constellé de scènes scatologiques répugnantes. Ainsi Costes, déguisé en travelo et maquillé comme une voiture volée, se soulage-t-il au bord de la Seine avant de renifler son excrément encore fumant et de l'enterrer comme un "chienchien à sa mèmère" lors d'une séquence aussi écoeurante qu'hilarante. Il commetta d'autres déféquements, notamment dans la salle de bains, après avoir subi une violente douche d'urophilie faciale.
Le film n'est pas non plus avare en violences physiques, présentées sous forme de tortures particulièrement gratinées. A ce sujet, la performeuse Rose (du même nom que son personnage) a dû passer un très mauvais quart d'heure lors du tournage puisque c'est elle qui subit la totalité des actes de maltraitance. L'actrice se verra contrainte à un gavage forcé de tampon hygiénique provenant directement de l'anus de Costes, sans nettoyage préalable du susdit tampon.
Par la suite, elle endurera un étalement facial de moutarde, de scarifications, des sévices mammaires pour finir ébouillantée à l'huile de friture... Parmi ce flot d'insanités, Costes qui sévit tel un bourreau virevoltant, trouve quand même le moyen de nous faire rire : "Sans moutarde, la vie n'a pas de goût ! En plus, c'est de la moutarde de Dijon, la meilleure !". Impayable jusqu'au bout. Artiste hors du commun, Jean-Louis Costes est devenu, au fil des années, un monument de l'underground français.
Une référence culte en quelque sorte. Point culminant de ses délires cinématographiques, I Love Snuff s'inscrit parfaitement dans la lignée d'une oeuvre provocatrice et sans concession. Heureusement qu'il reste encore en France quelques énergumènes de cette trempe contrecarrer la morosité ambiante et bousculer un milieu culturel sclérosé dans le politiquement correct. Son oeuvre iconoclaste apparaîtra au plus grand nombre comme ordurière, peut-être scandaleuse, mais elle a le mérite d'exister.
Dans le contexte actuel, l'artiste se pose donc en rampart aux bonnes moeurs en résistant à la pensée unique. A déconseiller fortement aux âmes sensibles et aux lecteurs de Télérama, I Love Snuff n'est ni plus n moins qu'un petit plaisir coupable délicieusement régressif. I love Costes !
Note : ?
Inthemoodforgore
Seconde chronique :
Alors là attention ! Putain de gros film de malade ! J’ai nommé I Love Snuff réalisé en 1995 par un certain Jean-Louis Costes. Le nom dira peut-être quelque chose à certains, le gaillard étant fiché parmi les artistes subversifs français. Auteur, réalisateur compositeur et acteur, Costes a réussi à engendrer des œuvres plus ou moins marquantes. Aujourd’hui nous allons parler d’un de ses films, un certain I Love Snuff. Un vrai porno qui se permet tous les excès en termes de trash et de mauvais goût, si bien qu’il en deviendrait génial. Attention SPOILERS !
Un jeune couple tente de faire l’amour. Mais le mari a de sérieux problèmes d’érection et ne parvient pas à bander. Sa femme, Rose, frustrée, le traite d’impuissant. Vexé, le mari la met à la porte.
Pendant ce temps-là dans la maison voisine, un couple de chtarbés se livre à des jeux sexuels. On a une vraie maîtresse sadomaso et un mari soumis complètement atteint ! Le couple ne parvient plus à payer ses factures. La maîtresse SM travestit alors son mari et l’envoie se prostituer dans la rue. Mais ce dernier est agressé, volé, violé et tabassé par un homosexuel complètement taré. Dans le désespoir, notre couple de dingues kidnappe Rose qui vient d’être mise à la porte. Ils appellent ensuite son mari, l'informent de la situation et lui demandent de payer une rançon de 100 000 francs.
Mais le Mari croit à une mauvaise blague et ne les prend pas au sérieux. Pour montrer qu’ils ne plaisantent pas, notre couple de tarés torture Rose tout en la filmant puis ils envoient la vidéo au Mari. Alors que ce dernier tente sans succès de bander devant des films pornos, il reçoit la vidéo de nos deux chtarbés. En la visionnant, il découvre sa femme en train de se faire torturer et là, chose inattendue, il se met à avoir une méchante trique ! Cependant il reste sur sa faim, il choisit alors de ne pas payer la rançon en espérant recevoir d’autres vidéos et jouir comme un fou. Et nos deux kidnappeurs ne vont pas se priver !
Voilà pour l’intrigue complètement barje du film. Honnêtement il faut reconnaître que le scénario aussi barré et déjanté soit-il, est plutôt bien trouvé. En réalité, il annonce la tonalité de I Love Snuff, à savoir un film porno hyper trash déjanté à prendre au troisième degré. Autant jouer cartes sur table, le film va très loin, que ce soit dans le trash, le sadisme, la scatologie ou autres dépravations sexuelles, le tout de façon très crue et propre au porno (gros plan sur les organes).
C’est vulgaire, abject, écœurant et d’un mauvais goût affligeant. Pourtant sans qu’on sache pourquoi, l’humour finit par l’emporter. C’est à se demander comment un film qui va aussi loin peut arriver à faire rire. Pour moi l’expérience est concluante, j’ai ri pendant presque tout le film.
Tout d’abord, nos acteurs sont en mode gros cabotinage de masse. Tous les acteurs confèrent beaucoup à leurs personnages. Rose, dans le rôle de la femme torturée, mène (contrairement aux autres) un jeu plutôt réaliste lorsque qu’elle se retrouve en victime d’atroces sévices. Anzagoth nous interprète une maîtresse SM charismatique et chtarbée, et Pascal Keller poilant dans le rôle de ce mari impuissant et sadique. Mais la palme revient à Jean Louis Costes lui-même, qui interprète le soumis travelo.
C’est sans doute ce protagoniste qui donne le plus au film son côté barré et humoristique. Le personnage de Costes aide beaucoup à créer le rire sur des scènes pourtant ignobles. On retient entre autres parmi les tortures scatos, une à base de gavage de moutarde, dans laquelle on voit notre taré à l’œuvre s’exclamer « c’est de la moutarde ! De Dijon ! En plus c’est la meilleure ! ». Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres mais en réalité, on a souvent un ton littéralement décalé qui contribue une fois encore au second degré, malgré l’atrocité de certaines scènes.
Et clairement le film va loin en termes de torture et d’humiliation. On peut citer les scènes avec le fameux tampax, la courge (inutile de dire à quoi elle sert), les différentes scènes de scato et de châtiments corporels affligeants, mais je ne vais pas aller plus loin dans la description de certains sévices vraiment gratinés. Après tout cela, on sent bien évidemment le petit budget. Certains détails pas très bien faits et des erreurs ici et là. Sinon la réalisation est bien rythmée, il y a quelques bons éléments de mise en scène, mais on est cependant parfois dans du porno pur et dur, avec des gros plans sur les organes et tout ce qui va avec. Cela dit, le film se démarque de la majorité des films pornos que l’on peut voir à l’écran.
Après que retirer d’un tel film ? Difficile à dire, on peut éventuellement voir I Love Snuff comme une chronique de notre société. Les personnages ne trouvant désormais plus l’excitation sexuelle que dans la dépravation la plus totale. Chronique d’une société ultra formatée qui cherche à retrouver ses sensations ? Clairement I Love Snuff n’est pas à mettre sous tous les yeux.
C’est un film barje, extrême, immonde et écœurant. Pourtant pris au second degré (probablement sa vocation première), ça se révèle être un sacré OFNI d’humour hyper trash sympathique.
Note : ???? (mais perso j’adore !)