Montrer emotion et atmosphere

Une passation émotionnelle : voilà ce qu’un lecteur recherche. Il faut que l’auteur soit capable de faire ressentir quelque chose à son lecteur sans l’intermédiaire du dialogue.
Il lui faut montrer et non pas dire (Show, don’t tell)
Attitudes, comportements, postures, réactions de ses personnages sont les descriptions que devrait utiliser le scénariste pour affecter les émotions de son lecteur.

Est-il seulement possible de construire un langage émotionnel pour montrer et non dire ?
Il est possible de montrer une émotion et une atmosphère.

Motivation

Pour donner accès à l’émotion, il ne faut pas écrire sur cette émotion mais sur la motivation du personnage à agir. Pourquoi fait-il ce qu’il fait ?

A lire :
MICHAEL HAUGE : OUTER MOTIVATION

MICHAEL HAUGE : LES MOTIVATIONS DE VOTRE HEROS

Que voulez-vous que votre lecteur ressente ?
C’est une question à garder à l’esprit dès le début du processus d’écriture.
La plus belle des expériences est l’émotion : le rire, les pleurs, la peur, l’émerveillement…

Pour agir, il faut être motivé. Et la plus forte des motivations est de ressentir une forte émotion.
Ce que vous souhaitez faire partager à votre lecteur de l’ordre émotionnel se décompose en trois questions :

Que voulez-vous que votre lecteur ressente à la fin de votre histoire ?
L’intention derrière cette question est que votre lecteur continue de penser à votre histoire et en parle, qu’il est envie de faire partager lui-même l’émotion qu’il a ressentie à la lecture de votre histoire.

Que voulez-vous que votre lecteur ressente envers chacun de vos personnages ?
Si l’arc dramatique d’un personnage s’étend du négatif au positif, assurez-vous qu’au commencement de cet arc, il y ait une faible lueur sur la possibilité d’une issue positive à l’arc.
Le lecteur a besoin d’un espoir, d’une possibilité de changement pour que la transformation de la personnalité de votre personnage soit crédible.

Que voulez-vous que votre lecteur ressente dans chacune de vos scènes majeures ?
Vous devriez non seulement considérer l’aspect émotionnel spécifique de la scène mais aussi celui de la scène précédente. Une émotion est plus forte lorsqu’elle est comparée aux émotions des scènes précédentes. C’est ainsi que dans les thrillers et dans le genre horrifique, des moments calmes (ou teintés d’humour) précèdent toujours des scènes à la tension maximale.

Au moment de la réécriture, vérifiez le flux des émotions tout au long de votre script et demandez-vous si certaines ne pourraient pas être renforcées ou modifiées.

L’action révèle un état d »esprit

Si vous souhaitez transmettre, par exemple, une paranoïa, il serait certainement plus facile de faire dire à votre personnage :
Je suis complètement paranoïaque
Mais ce serait dommage de vous priver des images (un scénario est d’abord des images).
Vous pourriez transmettre la même information en montrant votre personnage sur le point de se coucher et qui vérifie si les portes et les fenêtres sont bien fermées à double tour.
Et s’il éprouve le besoin pour une raison quelconque de se lever, faites-le vérifier de nouveau portes et fenêtres.

Autrement dit, plutôt que de faire dire au personnage qu’il est paranoïaque, faites-lui faire des choses paranoïaques. C’est beaucoup plus amusant à écrire.

Les descriptions : vecteur de l’émotion

Par exemple,
La nuit commençait à poindre vers l’est
pourrait permettre de traduire les sombres pensées de votre personnage.

Vous pourriez mettre quelques éléments qui ne sont pas filmiques mais qui peuvent permettre d’ajouter une certaine saveur fort utile à votre script lors du travail par l’équipe ensuite en charge de le réaliser.
Tout en gardant à l’esprit cependant que le mot heureux dans votre script (compréhensible par un lecteur) ne le sera pas par un spectateur qui a besoin que vous lui montriez en actions que votre personnage est heureux.

Exemple :
ARTHUR, 14 ans, est assis devant l’écran énorme d’une télévision. Un embonpoint certain se dessine sous des bretelles, parement étrange chez un gosse de 14 ans. Les lunettes qu’il porte sur le nez étaient à la mode il y a cinq ans mais actuellement, elles s’ajustent mal sur le nez probablement parce qu’il s’endort avec en regardant la télévision.
Les deux dernières années qu’il a passées dans son collège à la limite du souffre-douleur ont pesées lourds sur son âme mais on ne le devinerait pas en le voyant maintenant : lorsqu’il joue à la Playstation, il pourrait être tout aussi bien un dieu.

Le but d’une telle description est d’établir un ton, une atmosphère et les détails donnés sont alors primordiaux pour un tel but.
Pour vous aider à mettre en place ces descriptions, demandez-vous ce que votre personnage pourrait noter de son environnement lorsqu’il est dans un certain état d’esprit. Le paysage que vous décrivez, par exemple, doit l’être avec une émotion. Vous ne décrivez pas une réalité mais une apparence sensible, celle que perçoit un personnage.