« Le feel-good documentary », véritable arme militante pour la France.

Par Victorvandekadsye @BrouillonsCine

Le 02 Décembre 2015 sortait sur nos écrans l'un des plus beaux films de l'année, Le Pont des Espions de Steven Spielberg, et pourtant le documentaire écolo de Mélanie Laurent et Cyril Dion, Demain, tout aussi humaniste se démarquera de son concurrent hollywoodien en obtenant un succès retentissant dans les salles d'art-et-essais. Quelques semaines plus tard, François Ruffin, fondateur du journal d'extrême-gauche " Fakir ", rencontre le même succès public avec Merci Patron !, action sociale tout aussi alarmiste que réjouissante. Retour sur les succès inattendues de ces deux films fortement ancrés dans l'actualité.

L'actualité n'est pas des plus réjouissantes dans le temps présent comme en témoigne le mécontentement des français exprimé par le mouvement Nuit Debout en opposition, entre autres, à la loi El-Khomri et à l' Etat d'urgence. Les problèmes sociaux préoccupent de plus en plus les français, il était donc logique et nécessaire que des individus agissent avec une caméra à la main et servir d'armes militantes.

Le cinéma social est indissociable du cinéma français mais n'avait jamais atteint une telle ampleur auprès du public. Stéphane Brizé avait commencé ce phénomène l'année dernière avec la troublante Loi du Marchésous les traits de la fiction, Mélanie Laurent et François Ruffin décident de prendre les armes par le biais du documentaire. Là ou leurs comparses américains tirent la sonnette d'alarme avec inquiétude, souvenez-vous du terrifiant Citizenfourl'an dernier ou d' Inside Job sur la crise économique, les deux documentaristes improvisés se détachent d'eux avec des démarches éducatives ou impertinentes offrant un vent d'optimisme nécessaire au peuple.

Parcourant les quatre coins du globe afin de constater les méthodes peu orthodoxes mais extrêmement bénéfiques à l'économie et à l'écologie pour les citoyens, Mélanie Laurent et Cyril Dion, plutôt qu'alerter préfèrent proposer des solutions en motivant son public à changer les choses. L'optimiste, principal mot d'ordre pour la création de ce documentaire, apporte un vent de fraîcheur et nous fait sortir de la salle le sourire aux lèvres avec la volonté de voir un monde meilleur.

Quant à la démarche de François Ruffin, elle pourrait d'avantage se rapprocher d'un Sacha Baron Cohen transformé en Robin des Bois. Prétendant être un fan absolu du président d' LMVH Bernard Arnault, l'auteur va combattre l'injustice sociale en aidant un couple d'ouvriers, laissés pour compte par Kenzo, à retrouver un emploi et des indemnités par le biais de caméras cachés et de manipulations réjouissantes.

Lors d'un mouvement social majeur, la culture est primordiale pour proposer des idées et soutenir les citoyens. En Mai 68 déjà, des personnalités reconnus du Septième art comme Jean-Luc Godard, Monica Vitti, François Truffaut ou Carlos Saura défrayaient la chronique en annulant tout simplement le Festival de Cannes par soutien aux étudiants. Si cette audace ne sera certainement pas présente cette année, il est réconfortant de voir un cinéma militant accessible à un large public pour inciter au débat.

En ce mois d'Avril, Demain suscite toujours l'intérêt du public et vient de dépasser le million d'entrés (ce qui est rare pour le souligner chez un documentaire) tandis que Merci Patron ! provoque un véritable raz-de-marré médiatique comme le montre les projections publiques partout en France aux rassemblements Nuit Debout, le nombre de salles augmentant constamment et les interventions mouvementées des politiques et de Ruffin dans les plateaux télévisuelles, il n'y a qu'à voir ce qu'il s'est passé jeudi soir sur le plateau d'On est pas couchés, où Laurent Ruquier recevait le documentariste ainsi que le président du MEDEF, Pierre Gattaz.

Il est plus que recommandable, si ce n'est pas déjà fait, de vous diriger vers vos salles de cinémas pour voir ces documentaires. Ces deux succès conséquents prouvent le retour en force d'un cinéma militant et accessible, témoignant de la curiosité des français vers un cinéma inspirant un sentiment mélangeant un état de ras-le-bol général actuel se tournant vers un optimisme pour le monde de demain.

Victor Van De Kadsye