Après DC et son Batman v Superman, c’est au tour de Marvel de dégainer son propre affrontement entre super-héros avec Captain America Civil War, divertissement super-héroïque de haute volée rempli d’émotion, d’humour et évidemment de fan service, l’un des meilleurs films de la maison des idées.
Après le succès public et critique du Soldat de l’Hiver, les frères Russo rempilent pour une nouvelle aventure de Captain America avec encore plus d’enjeux. En effet, en plus d’être la suite des aventures solo du héros à la bannière étoilée, ce Civil War rassemble une pléthore de héros qui en fait également une suite d’Avengers, conjuguant alors 2 intrigues complémentaires. D’un côté celle de Steve Rogers qui cherche son ancien ami Bucky Barnes recherché par les autorités après un attentat dont il pourrait être à l’origine. Et d’un autre côté, après une nouvelle mission qui a mal tourné, les Avengers mené par Cap doivent ratifier un accord les plaçant sous l’autorité de l’ONU sous peine de devenir des criminels, ce qui va créer une opposition entre les partisans de Tony Stark jugeant en effet que les surhumain doivent agir avec contrôle alors que Rogers préfère défendre la liberté individuelle d’un groupe qui ne serait pas soumis aux politiciens.
Il s’agit là de prises de décisions parfaitement défendables des deux côtés qui vont en plus devenir de plus en plus personnelles à mesure que le récit avance. Car si il débute comme un techno-thriller dans la droite lignée du précédent volet dans le premier tiers, le film se poursuit ensuite dans second acte comme un grand spectacle opposant les 2 factions de l’équipe avant de rejoindre un 3e acte plus intime et psychologique. Evidemment il s’agit d’un film Marvel qui reste grand public, mais tout cela est avancé avec intelligence et un discours plutôt engagé au niveau politique, n’hésitant pas à nous interroger sur la question de la liberté de choix et d’action des individus et des gouvernements.
Un discours politique qui était déjà présent dans le comics de Mark Millar et Steve McNiven dont le film reprend le postulat et les positions des personnages de manière plutôt intelligente (mais ne cherchez pas ensuite les rebondissements du comics et ses dizaines de super-héros). Le scénario est d’ailleurs particulièrement bien construit, s’attachant à intégrer naturellement chaque personnage et à leur donner une dimension intéressante ou au moins un moment de gloire assez réjouissant pour que personne ne se sente lésé, mais l’écriture navigue également avec habileté entre la tension, l’humour (parfaitement dosé et seulement présents aux moments où il ne désamorce pas le drame) ou l’émotion des différentes séquences.
Ainsi, le fil conducteur de Captain America est judicieusement enrichi par l’arrivée du nouveau personnage de Black Panther et l’opposition avec Iron Man est bien menée, de même que les différents rebondissements qu’offre l’intrigue assez riche et pourtant toujours limpide. Et si, par exemple, Scarlet Witch bénéficie d’un petit arc qui la fait évoluer, Ant-Man dévoile plus de potentiel que dans son propre film et le nouveau méchant interprété par Daniel Bruhl, si il s’éloigne beaucoup de son personnage dessiné, développe également une idée très intéressante.
Evidemment, depuis certaines scènes de destruction massive qu’on a souvent reproché, les films de super-héros en prennent maintenant compte (c’est même l’une des réflexion de l’accord imposé par l’ONU ici), et les héros se battent maintenant dans des terrains les plus vides possibles. Alors la séquence centrale de l’affrontement sur le tarmac de l’aéroport de Berlin semble par moment assez vide et ressembler au départ à une simple baston de gangs sur un parking mais finalement cette scène que l’on redoutait dans la bande-annonce est remplie d’idées réjouissantes qui feront la joie des spectateurs (dont l’intervention 100% gratuite et fan service de Spider-Man mais ô combien réussie). Mais cette dimension de destruction massive est aussi abordée avec ses conséquences sur le commun des mortels.
On l’a vu, si le scénario est particulièrement bien écrit, il faut également féliciter les frères Russo pour savoir mettre en valeur les personnages d’un côté en portant les acteurs dans leurs interprétations, mais également en étant toujours aussi efficaces du côté de l’action. Car si il y a quelques effets visuels ratés, cela ne nuit en rien à l’efficacité des séquences de poursuite ou de bagarre particulièrement lisibles et aux enjeux toujours présents. A n’en pas douter, ils risquent bien de nous étonner sur les prochains films Avengers.
Malgré quelques petits défauts, ce Captain America Civil War est donc, comme pour Winter Soldier, un divertissement particulièrement bien mené avec une intrigue et des personnages qui restent intéressants pendant tout le spectacle efficace qui nous est offert. Une belle surprise qui fait plaisir de la part de Marvel, capable de ravir les fans des héros comme le public qui demande un minimum de fond. Et pour ceux qui veulent comparer avec Batman v Superman, et bien l’avantage, avec des héros intéressants et attachants, un conflit bien écrit et des scènes lisibles, va directement à Marvel.