Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans)
Année : 2010
Durée : 1h47
L'histoire : Jennifer, jeune et jolie écrivain, s’isole dans un chalet pour y écrire son nouveau roman. Elle qui s’attendait à une retraite tranquille, se retrouve violée et torturée par un groupe d’individus complètement tordus qui empestent la cruauté et la perversité. Abusée par chacun d’entre eux, laissée pour morte, elle se livrera à une vengeance sans pitié.
La critique :
Le rape and revenge. Ou la naissance d'un genre qui va surtout triompher dans les années 1970. Pourtant, ses origines remontent aux années 1960 avec La Source d'Ingmar Bergman. Plus ou moins confidentiel, le film choque et bouleverse profondément Wes Craven. En 1972, le cinéaste réalise un autre fleuron du genre : La dernière maison sur la gauche.
Parallèlement, d'autres films suscitent à la fois la polémique, le scandale et les quolibets. C'est par exemple le cas de Les Chiens de Paille (Sam Peckinpah, 1971), Thriller - A Cruel Picture (Bo Arne Vibenius, 1974), Week-End Sauvage (William Fruet, 1977) et bien sûr de Day of the Woman (Meir Zarchi, 1978). A l'instar de La Source, le film de Meir Zarchi est une oeuvre emblématique.
En effet, le long-métrage s'inspire librement d'un fait divers et échappe de justesse à la classification "X" (donc interdit aux moins de 18 ans). Sorti sous plusieurs titres, notamment Oeil pour Oeil et I Spit on our Grave, Day of the Woman reste avant tout le témoignage de son époque, à savoir celui de la libération sexuelle et surtout d'une émancipation féminine enfin libérée du joug masculin.
Dans les années 2000, le cinéma d'horreur hollywoodien tergiverse entre deux tendances : le remake et la nouvelle mode du torture porn. Steven R. Monroe décide carrément de mélanger les deux avec I Spit on your Grave version 2010. En outre, la filmographie du cinéaste n'est guère édifiante. En effet, on lui doit des séries B horrifiques impécunières, notamment Terreur en milieu hostile (2005), Sasquatch Mountain (2006), Ogre (2008) et Wyvern (2009).
Pour Steven R. Monroe, un tel remake constitue une véritable aubaine, surtout en matière de notoriété. Si I Spit on your Grave ne sort pas au cinéma, il obtient néanmoins un vif succès en vidéo. Le film marque donc le grand retour du rape and revenge en DTV (direct-to-dvd). Il sera même suivi par deux nouveaux chapitres, donc I Spit On Your Grave 2 en 2013 (toujours réalisé par Steven R. Monroe) et I Spit on your Grave 3 : Vengeance is Mine en 2015 (cette fois-ci confié aux soins de R.D. Braunstein) en 2015. Bref, les producteurs mercantiles tiennent la nouvelle poule aux yeux d'or, comme Saw et Hostel en leur temps. La distribution de ce remake réunit Sarah Butler, Chad Lindberg, Daniel Franzese et Rodney Eastman. Niveau scénario, peu ou prou de surprises.
Cette nouvelle version reprend donc l'histoire de son auguste modèle.
Attention, SPOILERS ! Jennifer, jeune et jolie écrivain, s’isole dans un chalet pour y écrire son nouveau roman. Elle qui s’attendait à une retraite tranquille, se retrouve violée et torturée par un groupe d’individus complètement tordus qui empestent la cruauté et la perversité. Abusée par chacun d’entre eux, laissée pour morte, elle se livrera à une vengeance sans pitié. A l'instar du film de Meir Zarchi, I Spit On Your Grave version 2010 est un film éminemment sociétal.
Plus que jamais, le long-métrage de Steven R. Monroe est la parfaite moraline de notre époque moderne et consumériste. Si Day of the Woman était une oeuvre à la fois rédhibitoire et profondément féministe, I Spit on your Grave est la quintessence du torture porn actuel.
Ici point de réflexion sur ce même féminisme qui cherche à prendre sa revanche sur le Phallus. Inutile, il est déjà mort et enterré depuis belle lurette. Il suffit de prendre le montage redondant et clippesque de Steven R. Monroe pour s'en rendre compte. Non seulement, I Spit On Your Grave n'apporte strictement rien à son modèle, mais il s'apparente (encore une fois) à un vulgaire torture porn, à la fois licencieux, "scandaleux" (un terme vraiment à guillemeter) et outrancier.
Certes, en comparaison avec les autres films du moment, I Spit on your Grave tire son épingle du jeu. En résumé, on sent un certain effort et investissement au niveau de la mise en scène. Néanmoins, peu ou prou de surprises au programme. La dialectique reste identique, presque infrangible.
Le schéma narratif est donc le suivant : une belle jeune femme qui vient s'isoler dans un chalet pour écrire son nouvel opuscule, l'arrivée inopinée de quelques pecnos accrocs à la bière, la longue séquence d'humiliations et de viol, puis la vengeance immarcescible de la belle vindicative avec son lot de tortures. Clap de fin. Pour l'effet de surprise, Steven R. Monroe pourra passer son chemin et réviser sa copie. Sur le fond comme sur la forme, on se demande un peu (beaucoup...) quel est le véritable intérêt de ce remake, certes de facture correcte.
En gros, les fans invétérés de torture porn devraient trouver leur compte. Oui très bien, mais après ? Que reste-t-il de ce remake prosaïque et infatué ? Réponse : rien. Si ce n'est finalement de confirmer la longue déliquescence du cinéma d'horreur hollywoodien, suffisamment pernicieux pour nous servir toute une panoplie de tortures afin de mieux farder la vacuité et l'inanité de son scénario.
Même son actrice principale, la jolie Sarah Butler, reflète parfaitement ce casting sorti tout droit d'une école de mannequinat. L'interprète longiligne et cachectique devient la nouvelle représentante de cette femme décatie, infiniment hâve, et dont la rage (virile et vindicative) ressemble de plus en plus à une figure masculine. Ou lorsque la progestérone se transmue en testotérone.
Un oxymore. Bref, au risque de me répéter, on tient là (à nouveau) un torture porn emblématique de son époque.
Note : 08/20
Alice In Oliver