Décès de Ronit Elkabetz

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Nous apprenons brutalement la mort de l'actrice iconique du cinéma israëlien Ronit Elkabetz ce mardi 19 avril 2016 à l'âge de 51 ans.

Née en 1964 en Israël, d'une famille d'origine marocaine d'une maman coiffeuse et d'un papa dans la finance la jeune Ronit Elkabetz se destine d'abord au stylisme, qu'elle étudie. Il faut attendre un coup du sort avant de faire un pas vers le Septième Art. Ce sera seulement à 25 ans qu'elle se voit proposer une audition pour un premier rôle dans le film "Le Prédestiné" (1990) de Daniel Wachsmann. Néophyte elle n'a jamais pris de cours de comédie mais obtient le rôle.

Dès le début l'actrice se montre audacieuse dans ses choix enjouant une droguée dans "Eddie King" (1992) de Giddi Dar et une attardée mentale dans "Sh'chur" (1995) de Shmuel Hasfari. Remarquée et remarquable, elle joue dans "La Cicatrice" (1994) de Haim Bouzaglo dont elle signe, pour un premier essai, le scénario.

Devenue célèbre dans son pays Ronit Elkabetz s'envole pourtant pour Paris en 1997 où elle s'installe. Elle effectue un passage dans le Théâtre du Soleil de Ariane Mnouchkine, devient femme de ménage dans un pays où elle est inconnue alors qu'Israeil fait appel à elle comme à une star ! Elle obtient pourtant un rôle, un travesti dans la comédie "Origine Contrôlée" (2000 - ci-dessus) de Ahmed et Zakia Bouchaala.

Mais c'est son pays, Israël, qui la fait tourner. On la voit en mère divorcée dans "Mariage Tardif" (2001) de Dover Kosashvili, une prostituée dans "Mon Trésor" (2003 - ci-dessus) de Keren Yedaya Caméra d'Or à Cannes 2004... Elle déclara à cette époque au journal Le Monde : "Je n'ai jamais été attirée par les rôles de belle femme. Je suis attirée par la difficulté, la saleté, ce qui gratte, ce qui saigne."

Elle décide de passer pour la première fois derrière la caméra pour le très réussi "Prendre femme" (2004 - ci-dessus) dont elle signe aussi le scénario, le tout en coopération avec son frère Shlomi. Elle choisit comme partenaire Simon Abkarian et Gilbert Melki. Ce film, Prix du Public à la Mostra de Venise 2004, est un drame conjugal inspiré de l'histoire de ses parents et est le premier volet de ce qui sera une trilogie dont le fil conducteur est le personnage de Viviane incarnée par Ronit Elkabetz elle-même.

Elle joue une patronne de café dans "La Visite de la fanfare" (2007) de Eran kolirin, succès surprise de l'année 2007. Une belle année pour la réalisatrice/actrice puisqu'elle signe également "Les Sept jours" (ci-dessus) toujours avec son frère et l'acteur Simon Abkarian pour ce qui est le second volet de sa trilogie. Un huis clos familial où le couple en crise doit en plus supporter les frères et soeurs. "Les Sept jours" fait l'ouverture de la Semaine de la Critique au Festival de Cannes en 2008.

Elle joue ensuite une maman dont les enfants gardent un terrible secret dans "Zion et son frère" (2008 - ci-dessus), avant d'enchainer plusieurs tournage avec le drame familial "Cendres et sang" (2009) de Fanny Ardant, le drame policier "Tête de truc" (2009) de Pascal Elbé, un second rôle dans "La fille du RER" (2009) de André Téchiné et e lle retrouve sa réalistrice Keren Yedaya pour le drame "Jaffa" (2009 - ci-dessous).

Elle s'engage encore dans des drames puissants avec "Mabul" (2010) de Guy Nattiv, "Les mains libres" (2010) de Brigitte Sy ou encore "Invisible" (2010) de Michal Aviad.

Elle tourne pour son frère Shlomi dans "Témoignages" (2011) avant de participer au film d'animation "Zarafa" (2012) de Rémi Bezançon et Jean-Christophe Lie.

Elle retourne derrière la caméra, toujours avec son frère Shlomi (ci-dessous sur le tournage) et son acteur Simon Abkarian pour le dernier volet de sa trilogie avec le magnifique "Le procès de Viviane Amsalem" (2014 - ci-dessus). Grand film, sublime conclusion sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes 2014.

Alors qu'il y a quelque semaines était diffusé la mini-série "Trepalium" sur Arte, doont elle jouait un des premiers rôles, l'actrice décède ce mardi 19 avril à seulement 51 ans des suites d'un cancer.

Ronit Elkabetz est un monument du cinéma israélien mais aussi mondial. Sa forte personnalité, son vécu en font une artiste à part entière, une grande réalisatrice-scénariste et une actrice viscérale qui manquera au Septième Art... Une grande tristesse...