Date de sortie 16 mars 2016
Réalisé par Ayat Najafi
Avec Sara Najafi,
Parvin Namazi, Sayeh Sodeyfi, Elise Caron, Jeanne Cherhal
et Emel Mathlouthi
Avec également les musiciens
Imed Alibi (percussions), Edward Perraud (batteur)
Sebastien Hoog (guitare), Imed Alibi (percussions)
Maryam Tajhdeh (târ), Ali Rahimi (tombak),
Ali Kazemian (voix), Chakad Fesharaki (kamancheh)
Documentaire
Productions Allemande, Française
Synopsis
En Iran, depuis la révolution de 1979, les femmes n’ont plus le droit de chanter en public, tout au moins en solo et devant des hommes...
Défiant la censure, Sara Najafi, jeune compositrice iranienne, tente d’y organiser un concert officiel pour des chanteuses solistes, interrogeant de front les tabous qui font loi.
Pour soutenir leur combat, Sara et ses amies chanteuses Parvin Namazi, iranienne et Sayeh Sodeyfi, arménienne invitent deux chanteuses françaises, Elise Caron et Jeanne Cherhal et la sulfureuse Emel Mathlouthi (une chanteuse tunisienne qui s’est faite connaitre par sa chanson Kelmti Horra lors des manifestation contre Ben Ali à Tunis en 2011)
Mais parviendront-elles enfin à se retrouver à Téhéran, à chanter ensemble, sur scène et sans entraves, et à ainsi ouvrir une porte vers une nouvelle liberté des femmes en Iran ?
Né à Téhéran en 1976 et vivant actuellement entre Berlin et l’Iran, Ayat Najafi étudie tout d’abord la scénographie. En 1995, il crée une compagnie de théâtre étudiante à l’université de Téhéran, participant à plusieurs ateliers sous la direction de certains maîtres du théâtre iranien. Il collabore à plusieurs productions théâtrales en tant que réalisateur, auteur, acteur et scénographe.
Depuis 2000, Ayat Najafi développe son travail de réalisateur. En 2003, il crée l’Atelier d’Arta, en se concentrant sur une approche interdisciplinaire et multimédia du théâtre, et réalise des courts métrages expérimentaux et documentaires. En 2005, il participe au Berlinale Talent Campus avec son court métrage Move it réalisé en 2004. Étudiant à l’université de Constance entre 2008 et 2009, il y présente sa pièce Histoires de femmes à moustache et d’hommes en jupe. Lady Téhéran, sa deuxième production théâtrale en Allemagne avec une équipe internationale, est montée à Berlin en 2009, suivie de Pakistan (does not) exist.
Il signe son premier long métrage documentaire, Football Under Cover, en 2008.
Note du réalisateur Ayat Najafi
Ma soeur Sara fait de la musique depuis son plus jeune âge. Témoin de son combat quotidien pour étudier puis pratiquer son art (Sara est la première femme diplômée en composition d’Iran), j’ai pu mesurer l’ampleur des difficultés que rencontrent les femmes musiciennes dans mon pays. Avec ce film, je veux montrer l’absurdité du quotidien des jeunes musiciennes iraniennes. L’amour de la musique est la raison de vivre de Sara. Et le concert dont elle porte le projet durant plusieurs années à travers ce film devient un effort collectif pour voir un rêve devenir réalité.
Le rôle de la musique dans la vie politique et sociale de l’Iran au XXème siècle a toujours été crucial. À chaque période de notre histoire, la musique aura été le porte-voix des aspirations des Iraniens. Si nombre des chanteuses ont quitté l’Iran depuis la révolution, beaucoup d’entre elles vivent et travaillent encore ici. L’ironie veut que les filles soient beaucoup plus nombreuses que les garçons à fréquenter les écoles de musique. Mais pourquoi apprendre une discipline qu’elles n’auront pas le droit de pratiquer ensuite ?
Ce film suit pas à pas le processus d’organisation d’un concert à Téhéran, questionnant de front le système de la censure, face à la caméra.
En terme de stratégie, nous avons opposé la détermination et la "fausse naïveté" de Sara aux interdits que nous rencontrions. Cela nous a permis de filmer et d’enregistrer (en caméra cachée) toutes ses démarches auprès des autorités, ses rencontres avec les représentants politiques et religieux, et d’éclairer la "logique" de la censure qu’impose le régime.
La ligne musicale du film a pour leitmotiv le chant traditionnel révolutionnaire Oiseau de l’aube (Morg-e Sahar) auquel Sara veut donner une voix nouvelle.
Parvin Namazi est l’une des grandes voix traditionnelles perses du moment.
Née en 1953 en Iran, elle débute sa carrière à neuf ans comme chanteuse soliste dans une émission pour enfants pour la télévision iranienne. Elle quitte l’Iran en 1972 pour commencer sa formation en Allemagne. Sa carrière décolle dans les années 1980 quand elle rejoint l’ensemble "Darvish" à Berlin, au sein duquel elle travaille avec Hossein Alizadeh, maître de la musique traditionnelle iranienne, et Mohammad-Reza Lofti. Après 20 ans d’exil, Parvin Namazi retourne en Iran dans les années 1990 pour étudier la musique folklorique traditionnelle du Kurdistan. Son premier album Kurdana a été interdit en Iran.
La mezzo-soprano Sayeh Sodeyfi,
née en 1979 à Téhéran, poursuit ses études à l’Université Azad où elle étudie le Setar (instrument de musique iranien dont le nom signifie "trois cordes" en persan.), puis en Arménie au Yerevan Komitas State Musical Conservatory où elle obtient un master de musique classique. Elle suit ainsi l’enseignement de Jolieta Nazarian, Aleeda Harotonian, Kambiz Roshanravan, Hussein Alizadeh, Mohammadreza Darvishi et Masood Shoari. Depuis, elle se produit dans de nombreux récitals et festivals en Iran et ailleurs. Elle enseigne actuellement à l’Université Elmi Karbordi, au Conservatoire de Téhéran et dans divers autres instituts. Elle est par ailleurs membre de l’Union Educative de l’Ambassade d’Autriche et une compositrice active.
Auteur-compositrice, Elise Caron
est une chanteuse contemporaine, aussi à l’aise dans l’improvisation que dans la comédie. Jusqu’en 1990, elle passera du théâtre au récital, entre Brecht, Sophocle, Shakespeare, en passant par Monteverdi, Fauré, Debussy, Schönberg. Durant cette période, elle rencontre des compositeurs contemporains, comme Bruno Gillet, Luc Ferrari, Michel Musseau, Jacques Rebotier, Frédéric Lagnau, Albert Marcoeur qui écriront pour elle. En 1995, elle entreprend d’écrire ses propres chansons avec la collaboration étroite du pianiste et compositeur Denis Chouillet, avec notamment Chansons pour les petites oreilles en 2000 et Eurydice bis en 2002. Elle travaille avec John Greaves, Yves Robert, Jean-Rémy Guédon, Lucas Gillet, Eric Watson, Edward Perraud…On la retrouve au cinéma depuis 2008, après l’avoir vue dans le premier rôle de Cocktail Molotov de Diane Kurys en 1979, ou entendue comme doublure vocale de Virginie Ledoyen dans Jeanne et le garçon formidable en 1998. En 2010, elle obtient une Victoire du jazz comme meilleure chanteuse de l’année. Elle prépare actuellement deux nouveaux albums.
Jeanne Cherhal
a passé son enfance au bon air de la campagne nantaise puis décide de s’installer à Paris, rêvant de devenir danseuse classique. Le vrai départ a lieu avec la sortie de son album studio Douze fois par an où elle pose enfin son style et son imagination fertile. En mars 2005, elle est récompensée aux Victoires de la musique en tant qu’artiste révélation de l’année. Courant 2006, la chanteuse surprend en offrant L’Eau, un très bel album dans lequel l’artiste se laisse aller à plus d’ambitions et de profondeurs. En mars 2010, Jeanne Cherhal change de label et propose l’album Charade chez Barclay.
En 2014, elle signe un nouvel album, Histoire de J. marqué par sa rencontre avec l’univers de Véronique Sanson, et prépare actuellement une tournée avec son nouveau spectacle Solo.
Emel Mathlouthi,
chanteuse et auteur compositeur tunisienne engagée, fait forte impression à la première édition du Prix RMC Moyen-Orient 2006 où elle est finaliste. Dotée de qualités vocales remarquables, son style envoûtant, parfois lyrique, a su peindre un univers des plus singuliers et atypiques puisant ses inspirations dans l’eau saline de ses racines pour ainsi pousser jusqu’à des sonorités électro-éclectiques. L’association d’univers musicaux différents grâce à ses multiples sources d’inspiration a donné lieu à la naissance d’un répertoire original oscillant entre musique arabe, électro et rock psychédélique. Suite au succès de son premier opus Kelmti Horra (World Village), elle prépare actuellement un prochain album, où elle fait preuve d’une étonnante ouverture musicale. On l’a notamment entendue récemment à Oslo lors de la cérémonie de remise du Prix Nobel de la Paix. Elle prépare actuellement son nouvel album.
À la suite du cérémonial d'Oslo, où Le Quartet Du Dialogue National a reçu le Prix Nobel De La Paix, la talentueuse chanteuse Emel Mathlouthi a proposé une magistrale version orchestrale de la chanson Kelmti Horra (Ma Parole est Libre). C’était tout simplement magique, émouvant, fort...
Emel Mathlouthi est une fierté pour la Tunisie.
Mon opinion
Un documentaire instructif, téméraire, riche en émotions et fascinant de bout en bout.
Mais aussi un formidable témoignage aux chanteuses iraniennes. À certaines, aujourd'hui disparues, mais qui, déjà à leur époque, ont défié toutes les interdictions pour faire entendre leurs voix.
Aujourd'hui le combat d'une femme, sa témérité et son ambition, fait entendre les voix d'aujourd'hui. La puissance vocale des chanteuses qui accompagnent le documentaire et l'incroyable chaleur qui se dégage de chacune d'elles, offrent de grands moments. Beaucoup d'espoir aussi.
Le combat de Sara Najafi devant la caméra de son frère, Ayat Najafi, mérite tous les éloges. Les magnifiques chanteuses qui participent à ce projet, accompagnées par de formidables musiciens, toutes les louanges.
Un très beau documentaire qui, de la première à la dernière image, propose un exceptionnel moment de cinéma accompagné par de très belles musiques et des voix, tout simplement magiques.