Loft

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Koba Films de m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Loft » de Erik Van Looy.

« Je ne veux rien dire à ma femme. Mais avec le cadavre, je n’ai pas vraiment le choix »

Cinq hommes mariés partagent dans le plus grand secret un loft où ils reçoivent leurs maîtresses en toute tranquillité. Un arrangement parfait, jusqu'à ce matin d'hiver où ils découvrent le cadavre d'une jeune femme nue...

« Hors de question que je paye pour les conneries des autres »

A l’instar de nombreux pays européens, l’industrie cinématographique belge a beaucoup souffert des effets du Plan Marshall, qui l’ont fait pratiquement disparaitre durant près de trente ans. Trente années de disette durant lesquelles le Cinéma belge n’a survécu que par sa prestigieuse école de documentaire. Ce n’est qu’à la fin des années 60 que s’amorce un renouveau de la production cinématographique locale, sous la houlette de quelques jeunes cinéastes un peu audacieux, tels André Delvaux, Benoit Lamy ou encore Chantal Akerman. Mais c’est surtout au cours des années 90 que le Cinéma belge fait parler de lui, sous l’égide de ses cinéastes francophones, tenants d’un cinéma social (les frères Dardenne) et bien souvent absurde (Jaco Van Dormael, Rémy Belvaux et la sensation « C’est arrivé près de chez vous »). Depuis les années 2000, ce sont les cinéastes néerlandophones qui semblent à leur tour être les plus en vue. Nous avions ainsi découvert Erik Van Looy en 2003 à l’occasion de la sortie de l’excellent « La mémoire du tueur ». Cinq ans plus tard, il revient avec « Loft », un thriller trois étoiles, qui s’imposera comme le plus grand succès belge au-box-office national de tous les temps. De quoi valoir au film un remake américain, réalisé pour l’occasion par Erik Van Looy en personne.

« Les seules personnes qui peuvent nous faire du mal sont celles que l’on aime »

Erik Van Looy a décidément le goût des pitchs qui claquent. Après le tueur à gages voulant accomplir son dernier contrat avant qu’Alzheimer n’ait raison de sa mémoire (« La mémoire du tueur »),  il nous propose avec « Loft » un nouveau postulat très malin : un cadavre de femme est retrouvé dans une luxueuse garçonnière que se partagent cinq hommes, lequel est le coupable. Derrière le polar nerveux et torturé, Van Looy revisite le genre du whodunit cher à Agatha Christie et à Alfred Hitchcock en y ajoutant du glamour et de l’hémoglobine. Surtout, il s’appuie sur un scénario habile, reconstruisant son récit à l’envers à l’aide de nombreux flashbacks (un peu à l’image d’un « Very bad trip »), qui lui permet de ne donner les informations capitales qu’au compte-gouttes. Le film tient ainsi le spectateur parfaitement en haleine grâce à ses nombreux coups de théâtre et autres rebondissements. De plus, le réalisateur prend le temps de créer des personnages très complets et complexes, qui représentent chacun un travers (le voyeur, l’obsédé, le frustré, le violent...), aucun n’étant tout à fait blanc ou noir. Le film questionne ainsi un certain nombre de valeurs morales (le couple, la fidélité, l’amitié, la solidarité, la trahison). Surtout, « Loft » brille par son ambiance austère et froide, soignée jusque dans le choix des décors, qui le rapproche du cinéma nordique. Quasi huis-clos au charme vénéneux et machiavélique, « Loft » se révèle être un excellent polar dans lequel se révèle toute une génération de brillants comédiens flamants qui se sont révélés à l’international depuis (Mathias Schoenaerts, Veerle Baetens notamment). Ce serait un crime de passer à côté.

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Le blu-ray : Le film est proposé en version française et sans sous-titres. Aucun bonus ne complète cette édition.

Edité par Koba Films, « Loft » est disponible en dvd et en blu-ray depuis le 20 avril 2016.

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