L’auteur(e) & le T.O.C du post-it

post it

Les belles-mères, banquiers, pharmaciennes et poissons rouges, seront loin de me contredire: l’auteur(e), non content d’exercer un-métier-qui-n’en-est-pas-un, est un animal bien étrange! Enfermé la plupart du temps dans son antre, s’exprimant dans un jargon incompréhensible au profane, ce dangereux individu est affublé de tics et de T.O.C qui font froid dans le dos. Démonstration en images (âmes sensibles s’abstenir)…

Je vous ai déjà confié divers signes cliniques permettant d’identifier un(e) auteur(e) professionnel(le), afin que vous évitiez soigneusement de croiser son chemin, mais au-delà de ces us et coutumes qui font tiquer les honnêtes travailleurs, figurez-vous que cet individu peu fréquentable manifeste un certain nombre de maladies infectieuses, addictions et autres troubles du comportement qui ont de quoi faire frémir leur entourage!

Passant une bonne vingtaine d’heures quotidiennes à cogiter, le scénariste manifeste un attachement maladif à ses outils de travail: ordinateurcarnets de notes et autres gadgets, l’obsession virant parfois à la névrose

Comme si ce n’était pas déjà assez pathétique, le scénariste développe au fil de sa carrière des Troubles Obsessionnels Compulsifs pour le moins insolites. Vous connaissez sans doute la Sauvegardite aiguë, qui fait bien des ravages, mais avez-vous eu vent du redoutable (et onéreux) T.O.C du post-it?

will-selfs-room

Comme vous pouvez le constater sur l’image ci-dessus, un cliché du bureau de Will Self, l’auteur professionnel a une telle phobie d’oublier, rayer la mention inutile:

  • l’une de ses brillantes pensées
  • la date d’un deadline
  • de payer telle ou telle facture
  • de déjeuner
  • de rappeler tel ou tel producteur, son agent, sa mère, son copain Dédé dont c’est l’anniversaire
  • de surveiller l’eau des pâtes
  • d’aller chez le dentiste
  • de faire les courses
  • d’emmener ses chats chez le véto
  • d’aller récupérer les gosses à la sortie de l’école
  • de sortir ses gosses du bain avant qu’ils n’aient les pieds palmés
  • de racheter des stylos noirs ou des carnets afin d’éviter toute pénurie fatale
  • d’aller se coucher

…il a une telle phobie d’oublier sa tête, qu’il couche ses angoisses sur l’un de ces sympathiques petits papiers multicolores dont il retapisse littéralement sa demeure. Encore faut-il trouver le bon endroit, le point stratégique qui offre une vue panoramique, et le post-it de qualité, donc onéreux, dont la colle résistera aux courants d’air, passages en trombe d’enfants, chats et autres bestioles.

A quoi reconnait-on un auteur professionnel? On retrouve des post-it dans son bureau, sur le miroir de sa salle de bain, sur les placards de sa cuisine, dans sa voiture, sur sa table de chevet, dans son lit, sur le front de ses enfants… sad but true!

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C’est bien gentil tout ça mais comment trouver l’énergie de relire, plusieurs fois par jour, des centaines de post-it multicolores, hein, je vous le demande? Ma longue et douloureuse expérience de post-it maniaque m’a fait prendre conscience que trop de post-it tuent le post-it. 😉

La minute (grosse) tentation :

Copyright©Nathalie Lenoir 2016