Genre : drame, historique (interdit aux - 16 ans)
Année : 1969
Durée : 1h39
L'histoire : L'époque de l'Inquisition. Francesco Cenci, un seigneur sanguinaire, terrorise son entourage. Beatrice, sa fille, tente d'échapper à son père. Se rendant compte des agissements de celle-ci, il décide de l'enfermer au donjon. La jeune femme commence alors un jeu de manipulations afin de se soustraire au joug de son bourreau. C'est compter sans la cruauté des hommes.
La critique :
Promis à une carrière dans la médecine, Lucio Fulci opte finalement pour le cinéma dès la fin des années 1950. Il faudra néanmoins attendre le milieu des années 1960 pour voir poindre le talent du cinéaste avec Le temps du Massacre (1966). Toutefois, même si le succès est au rendez-vous en Italie, il ne parvient pas à franchir les frontières transalpines. Cependant, avec Le Venin de la Peur (1971), Lucio Fulci commence à s'expatrier à l'étranger, en particulier dans plusieurs pays européens (dont la France).
Statut qu'il confirme l'année d'aprés avec La dernière nuit de l'exorcisme. Hélas, le succès du film est tarabiscoté par la sortie quasi simultanée de L'Exorciste (William Friedkin, 1973). Heureusement, les années 1970 et 1980 sont synonymes de gloire et de notoriété.
Lucio Fulci est enfin reconnu comme l'un des grands maîtres de l'épouvante et du gore avec plusieurs films notables (et hautement recommandables) : L'Emmurée Vivante (1977), L'Enfer des Zombies (1979), Frayeurs (1980), L'au-delà (1981), La maison près du cimetière (1981) ou encore L'Eventreur de New York (1982). En revanche, certaines de ses oeuvres restent assez confidentielles.
C'est par exemple le cas de Beatrice Cenci, en français Liens d'amour et de sang, sorti en 1969. Autant le dire tout de suite. Beatrice Cenci n'est pas forcément le cru le plus sanguinaire de Lucio Fulci. Il ne s'agit pas non plus d'un film gore, mais avant tout d'un drame familial. A l'origine, le long-métrage s'inspire d'un fait divers survenu en Italie durant la période de la Renaissance, plus précisément en 1595.
A l'époque, la condamnation de la famille Cenci à la potence provoque le scandale et les quolibets de la populace. L'autorité du Pape Clément VII est vivement gourmandée et chapitrée par la plèbe. Voilà une précision qui a son importance pour mieux cerner le scénario du film. En outre, Beatrice Cenci reste avant tout un film historique farouchement engagé contre l'Eglise.
Thème sur lequel nous reviendrons. Beatrice Cenci signe également la première collaboration entre Lucio Fulci et Tomas Milian, acteur et scénariste cubain. La distribution du long-métrage réunit Adrienne Larussa, Tomas Milian, Georges Wilson, Antonio Casagrande et Ignazio Spalla. Attention, SPOILERS ! L'époque de l'Inquisition. Francesco Cenci, un seigneur sanguinaire, terrorise son entourage.
Beatrice, sa fille, tente d'échapper à son père. Se rendant compte des agissements de celle-ci, il décide de l'enfermer au donjon. La jeune femme commence alors un jeu de manipulations afin de se soustraire au joug de son bourreau. C'est compter sans la cruauté des hommes. Certes, en apparence, la thématique essentielle du film repose sur la tyrannie qu'un père, Francesco Cenci, exerce sur sa famille.
Grivois, licencieux, obscène et barbare, le régent despotique n'apprécie guère les accointances et les belligérances de sa fille, Beatrice. Enfermée dans un cachot, cette dernière est carrément violée et suppliciée par ce dernier. Mais la domination exercée par ce père omnipotent vise surtout à déguiser la cruauté de l'Eglise. Certains membres haut placés du Vatican n'hésitent pas à se servir de la torture pour faire parler la fille et son énamouré, accusés du meurtre de Francesco Cenci.
Lucio Fulci procède essentiellement par flash-back. Pour le spectateur avisé, il faudra s'armer de patience avant de comprendre un scénario en filigrane et tarabiscoté par de nombreuses révélations. Lucio Fulci maîtrise son sujet et vilipende cette autorité ecclésiastique avec une grande véhémence et pugnacité. Clairement, l'autorité chrétienne et ses ouailles en prennent pour leur grade.
La condamnation puis la mort de Beatrice Cenci sont vécues comme une grande injustice par la plèbe, farouchement opposée au pouvoir en place. Ensuite, il est aussi question de relations incestueuses forcées avec ce père qui se jette sur sa fille, la rudoye et la déshabille avant de sauvagement la culbuter. A cette barbarie, Lucio Fulci oppose néanmoins une certaine mélancolie, notamment à travers les échanges laconiques entre Beatrice et son énamouré.
Une histoire d'amour impossible dans une Italie irascible et totalitaire. Certes, les amateurs de Lucio Fulci pesteront probablement contre le rythme assez lent du film. Toutefois, le cinéaste délivre encore quelques séquences de torture solidement troussées. A l'image du bel amoureux de Beatrice Cenci écartelé et supplicié par les membres de l'Eglise. Côté interprétation, rien à redire sur la performance de Tomas Milian et Adrienne Larussa, tous deux excellents dans leur rôle.
En revanche, Georges Wilson, dans le rôle de ce père acariâtre et sanguinaire, est un mode cabotinage. Toutefois, son interprétation reste assez correcte, certes un peu poussive par moments... A travers Beatrice Cenci, Lucio Fulci brosse également le portrait au vitriol d'une Italie totalement déshumanisée. Sa guerre contre l'Eglise est nûment déclarée. Thématique qui reviendra souvent par la suite, notamment dans La dernière Nuit de l'Exorcisme.
Note : 15/20
Alice In Oliver