Virus - 1980 (La fin absolue du monde)

Par Olivier Walmacq

Genre : science-fiction, catastrophe, post-apocalyptique
Année : 1980
Durée : 1h48 (version court)/ 2h36 (version originale)

L'histoire : En 1982, un virus mortel échappé d’un laboratoire secret d’armes biologiques, le MM88, extermine la totalité de l’humanité, à l’exception des scientifiques et techniciens des bases de l’Antarctique, épargnés du cataclysme par les températures polaires trop basses pour que le virus y soit actif. Les survivants s’organisent alors autour de la station américaine Palmer et tentent de recréer une société. Mais un nouveau menace les attend. Dans la folie des derniers jours, le système de défense ARS a été activé par les Etats Unis, et un séisme majeur au large de Washington risque de l’enclencher. Le monde connaîtra alors une nouvelle apocalypse, nucléaire cette fois-ci, lorsque la riposte automatisée des deux blocs américain et soviétique entrera en jeu ! La base Palmer serait même sur la liste des cibles visées par la riposte russe… Décidés à tenter le tout pour le tout, nos survivants envoient un sous-marin jusqu’à Washington pour une mission-suicide afin de désactiver le système ARS. Les deux volontaires pour cette excursion en zone contaminée reçoivent également une dose d’un vaccin expérimental contre le MM88. Tous les espoirs de nos survivants reposent donc désormais sur eux

La critique :

La carrière cinématographique de Kinji Fukasaku débute dès 1961. Il lui faudra néanmoins patienter jusqu'en 1968 pour connaître son tout premier grand succès avec La Bataille au-delà des étoiles. En 1970, Kinji Fukasaku signe une production particulièrement ambitieuse, Tora ! Tora ! Tora !, avec la collaboration de Richard Fleischer et Toshio Masuda. C'est ainsi qu'il s'aguerrit dans le cinéma hollywoodien.
Ses thèmes de prédilection traitent essentiellement de l'après-guerre et des transformations de la société japonaise. Les fans de cinéma le connaissent essentiellement pour Battle Royale (2000) et Battle Royale 2 (2003). Vient également s'ajouter Virus, réalisé en 1980. Avec cette énorme production internationale, Kinji Fukasaku opte vers des films plus commerciaux et surtout ambitieux.

Virus doit absolument cartonner dans les salles obscures. Nanti d'un budget colossal, l'échec commercial est hélas à la hauteur des moyens financiers. Jugé trop long par son propre distributeur, Virus est même coupé de plusieurs dizaines de minutes. Alors que le long-métrage original est d'une durée de 156 minutes, il est ramené à 108 minutes de bobine, perdant ainsi toute sa valeur et de son intérêt.
C'est aussi le grand paradoxe de Virus : une super production aussi attachante qu'inégale. Il s'inscrit dans la logique et la continuité des grands f
ilms post-apocalyptiques et de la fin du monde : Threads (Mick Jackson, 1984), Le Jour d'Après (Nicholas Meyer, 1983) ou encore La Jetée (Chris Marker, 1962). Toutefois, Virus reste encore aujourd'hui un film assez confidentiel.

Au moment de sa sortie, le long-métrage est voué à l'opprobre, à l'oubli et aux gémonies. Virus ne sort que dans quelques salles de cinéma indépendantes, pour être finalement vendu aux chaînes de télévision. Le public découvre alors la version coupée, donc celle de 108 minutes. Le film de Kinji Fukasaku est alors dépossédé de sa force et de son charme.
Il faudra donc patienter jusqu'en 2002 pour que Kadokawa Shoten publie une édition spéciale limitée en DVD, qui contient le film dans sa version originale de 156 minutes et la version courte de 108 minutes. La distribution de Virus réunit Masao Kusakari, Bo Svenson, George Kennedy, Robert Vaughn, Olivia Hussey, Glenn Ford et Chuck Connors. Attention, SPOILERS !

(1) En 1982, un virus mortel échappé d’un laboratoire secret d’armes biologiques, le MM88, extermine la totalité de l’humanité, à l’exception des scientifiques et techniciens des bases de l’Antarctique, épargnés du cataclysme par les températures polaires trop basses pour que le virus y soit actif. Les survivants s’organisent alors autour de la station américaine Palmer et tentent de recréer une société. Mais un nouveau menace les attend. Dans la folie des derniers jours, le système de défense ARS a été activé par les Etats Unis, et un séisme majeur au large de Washington risque de l’enclencher.
Le monde connaîtra alors une nouvelle apocalypse, nucléaire cette fois-ci, lorsque la riposte automatisée des deux blocs américain et soviétique entrera en jeu ! La base Palmer serait même sur la liste des cibles visées par la riposte russe… 

Décidés à tenter le tout pour le tout, nos survivants envoient un sous-marin jusqu’à Washington pour une mission-suicide afin de désactiver le système ARS. Les deux volontaires pour cette excursion en zone contaminée reçoivent également une dose d’un vaccin expérimental contre le MM88. Tous les espoirs de nos survivants reposent donc désormais sur eux (1). Au moment de sa sortie, Virus (connu aussi sous le nom de Le Jour de la Résurrection) est le film le plus onéreux de l'histoire du cinéma japonais.
Le long-métrage se divise en plusieurs parties bien distinctes. Dans la première, Kinji Fukasaku analyse les corollaires d'une épidémie (à priori) irréfragable. L'Humanité est vouée à sa propre perte. Il s'agit ni plus ni moins que d'une nouvelle forme de grippe italienne particulièrement meurtrière. En quelques mois, le virus a décimé plus de 30 millions de la population mondiale.

Le taux de mortalité avoisine les 45 %. Etrangement, le virus semble inactif et inoffensif par grand froid, tout du moins sous le zéro degré Celcius. Par conséquent, quelques scientifiques et hommes politiques survivent. Le monde se meurt. Inéluctablement. Fin de la première partie. Dans la seconde, la vie s'organise dans une base isolée de l'Antarctique. Mais désormais, c'est une autre forme de menace qui vient contrarier notre groupe composé de plusieurs centaines hommes pour seulement une poignée de femmes (huit au total). Kinji Fukasaku choisit d'associer l'épidémie à la guerre nucléaire. 
C'est le grand retour de la guerre froide et de ces fameuses inimitiés entre la Russie et les Etats-Unis. Dès lors, Kinji Fukasaku perd le fil de son sujet et donc son film par la même occasion. Jusqu'alors, ce qui ressemblait à un film catastrophe et post-apocalyptique dans la grande tradition du genre, se transmute en survival et en épopée pour la survie.
Autant le dire tout de suite : cette nouvelle section est pour le moins maladroite, voire parfaitement inutile. Surtout lorsqu'elle prend une forme funeste, quasi christique et eschatologique. 
Bref, le spectateur est convié à vivre et à subir toute une succession de rebondissements ubuesques. Pourtant, malgré ses nombreux défauts, Virus reste une vraie curiosité filmique, une sorte d'objet hybride, partagée voire suppliciée entre la super production infatuée et le long-métrage fuligineux qui part dans tous les sens.
Ma note finale pourra donc paraître généreuse. Clairement, le film mérite moins, beaucoup moins.

Note : 14/20

(1) synopsis du film sur : http://www.traqueur-stellaire.net/2012/12/virus-kinji-fukasaku/

 Alice In Oliver