Déboulant de nulle part et produit avec peu de moyens, le projet de faire un film intégralement en vue à la première personne avait de quoi laisser planer le doute quant à la qualité de ce " Hardcore Henry " . Mais ce qui aurait pu être un pur exercice de style lassant se révèle en réalité comme une série B des plus efficaces et qui a plus d'un tour dans son sac.
Débranchez votre cerveau, mettez tout bon sens de côté en entrant dans la salle et laissez vous emporter par cette débauche d'adrénaline. De la même manière que ce qu'avaient fait Mark Neveldine et Brian Taylor dans leur formidable duologie " Hyper Tension" , Ilya Naishuller s'approprie les codes du jeu-vidéo pour les mélanger avec ceux du cinéma condensé dans un univers trash, assumant tout son mauvais goût tout le long.
Filmé intégralement à la première personne, le film évite ce qui aurait pu réduire le film à un simple film-concept et repousse toujours ses limites. Construit comme un jeu-vidéo, le spectateur évolue dans la peau d' Henry, personnage amnésique dénué de parole construisant son histoire en affrontant des menaces et des enjeux de plus en plus dangereux jusqu'à un boss final servant de climax. Les scènes d'actions ultra-violentes s'accumulent et débordent d'une inventivité inouïe.
Le film fait mal, peut provoquer le tournis et choque par ses nombreux effets gores mais ne se prive pas non plus d'un ton décontracté, offert entre autres par le personnage complètement déjanté (au développement malin donnant l'impression de voir une version trash d' Avatar de Cameron) joué par Sharlto Copley et une bande-son aussi diverse que réussie, commençant son film par un morceau des Stranglers pour terminer sur un climax sanguinolent sur fond du mythique " Don't stop me now " de Queen.
" Hardcore Henry " est un divertissement réjouissant, mélangeant les codes du cinéma et du jeu-vidéo pour offrir une expérience inoubliable se regardant sans prétention particulière. Une série B qui passe ou casse selon les spectateurs mais qui ne laissera personne indifférent pour son impertinence et ses moments de bravoures.
Victor Van De Kadsye