Détour Mortel 3 (Nanar mortel)

Par Olivier Walmacq

Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans)
Année : 2009
Durée : 1h32

L'histoire : Alors qu'ils partent faire du camping en forêt, Fonda et ses amis sont attaqués par Three Finger, mutant cannibal dégénéré. Bien que Fonda réussit à survivre au massacre, ce n'est pas le cas de ses accompagnateurs. La jeune femme est alors livrée à elle-même, seule dans les bois... mais pas pour très longtemps, puisqu'elle finit par croiser la route d'un groupe de prisonniers, victimes de l'accident du bus qui les transportait. Ils décident alors de s'unirent pour lutter contre les attaques de Three Finger.

La critique :

Avec Saw (James Wan, 2004) et Hostel (Eli Roth, 2006), Détour Mortel fait partie de ces sagas horrifiques à succès. Certes, le premier volet n'a pas forcément connu le succès lors de sa sortie (discrète) au cinéma. C'est plutôt en vidéo que Détour Mortel premier du nom va se tailler sa réputation. Le premier chapitre est réalisé par Rob Schmidt qui, avec un budget famélique, parvient à signer une série B horrifique de qualité et dans la lignée de Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974) et La Colline A Des Yeux (Wes Craven, 1977). Le cinéaste joue à la fois la carte du gore et du survival se déroulant dans la forêt. Rob Schmidt connaît ses classiques.
Par certains aspects, le premier Détour Mortel n'est pas rappeler Délivrance (John Boorman, 1972).

Certes, la comparaison s'arrête bien là. Mais en l'état, Détour Mortel reste un film gore solidement troussé. Dès le second opus, la formule gagnante est évidemment reprise et anônnée par un certain Joe Lynch. Cette fois-ci, les hostilités se déroulent dans un jeu de téléréalité grandeur nature. Détour Mortel 2 s'apparente à un joyeux nanar avec son lot de tortures, de monstres cannibales et sanguinaires et de rebondissements idiots. Mais peu importe, à nouveau les amateurs du cinéma trash se précipitent sur cette galette faussement condescendante. Bref, on prend les mêmes et on recommence.
Avec Détour Mortel 3, changement (encore !) de réalisateur en la personne de Declan O'Brien. Le cinéaste a débuté sa carrière en 2005 avec toute une pléthore de téléfilms.

Grâce à Détour Mortel 3, il va devenir le nouveau chantre du torture porn des années 2000 puisque les producteurs lui confieront la réalisation de Détour Mortel 4 (2011) puis de Détour Mortel 5 (2012). En 2014, Declan O'Brien devient même le réalisateur d'Une Virée En Enfer 3, ainsi que le scénariste de The Marine 3 : Homefront (2013). Autant dire que nous sommes face à un véritable tâcheron du genre, une sorte d'érudit du nanar involontaire qui tâche et qui pique les yeux !
Côté casting, Détour Mortel 3 réunit à nouveau des acteurs inconnus au bataillon. Contrairement aux deux premiers chapitres, peu ou prou de jolies filles sorties tout droit d'une agence de mannequinat, à l'exception de la séquence d'introduction et de la présence d'une certaine Janet Montgomery, une actrice essentiellement spécialisée dans les séries télévisées.

Viennent également s'ajouter Tom Frederic, Tamer Hassan, Gil Kolirin, Christian Contreras, Tom McKay et Jake Curran. Le scénario est de facture classique et laconique. Attention, SPOILERS ! Alors qu'ils partent faire du camping en forêt, Fonda et ses amis sont attaqués par Three Finger, mutant cannibal dégénéré. Bien que Fonda réussit à survivre au massacre, ce n'est pas le cas de ses accompagnateurs.
La jeune femme est alors livrée à elle-même, seule dans les bois... mais pas pour très longtemps, puisqu'elle finit par croiser la route d'un groupe de prisonniers, victimes de l'accident du bus qui les transportait. Ils décident alors de s'unirent pour lutter contre les attaques de Three Finger
. Premier constat : le manque flagrant de budget de ce troisième volet. 

Alors que les deux précédents chapitres nous présentaient (certes de façon élusive) une horde ou une famille de cannibales, Détour Mortel 3 confronte un groupe de prisonniers à une seule et unique créature anthropophage, un certain Three Finger, soit "Trois Doigts" en français. A juste titre, Détour Mortel 3 est souvent considéré comme le pire volet et aussi le plus paresseux de la franchise.
Ou lorsque la série Prison Break rencontre Massacre à la Tronçonneuse. Telle est la dialectique (amphigourique) de ce troisième opus, celui de trop. Une remarque déjà valable pour son triste prédécesseur. Au grand dam de Détour Mortel 3, les deux épisodes suivants ne feront pas beaucoup mieux. Seule différence, Détour Mortel 3 signe définitivement le glas d'une saga déjà moribonde.

Au moins, dans les deux précédents chapitres, le spectateur était convié dans une sorte de trip cannibale, plus ou moins sanguinaire, mais avec un minimum de fun, de mauvais goût et de gaudriole. Ici, le film tourne désespérément dans le vide et dans une sorte de néant total. Encore une fois, il faudra supporter les rebondissements ubuesques, à l'image de la conclusion finale, d'une rare stupidité.
Certes, on relève encore quelques pièges relativement amusants, hélas souvent vilipendés par des effets visuels peu éloquents, il faut bien le dire. Les ricaneries et les hurlements du bien nommé Three Finger, véritable vedette de ce troisième volet, ne changent pas grand-chose à l'affaire. Plus que jamais, Détour Mortel 3 s'apparente à une sorte de produit horrifique déjà emballé et surtout mal réalisé par un Declan O'Brien plus incompétent que jamais.
On fermera aussi les yeux sur des personnages ultra caricaturaux, qui passent à leur temps à morigéner et à se rudoyer. En vérité, il n'y a pas grand-chose à dire ni à retenir de ce Détour Mortel 3 tant cet épisode se révèle inutile et prosaïque. Bref, un chapitre tellement mauvais qu'il en devient étrangement sympathique. Une sorte de nanar avarié et risible malgré lui. 

Côte : Nanar

 Alice In Oliver