Un prêcheur inquiétant poursuit dans l'Amérique rurale deux enfants dont le père vient d'être condamné pour vol et meurtre. Avant son incarcération, le père leur avait confié dix mille dollars, dont ils ne doivent révéler l'existence à personne. Pourchassés sans pitié par ce pasteur psychopathe et abandonnés à eux-mêmes, les enfants se lancent sur les routes.
La Nuit du Chasseur – 11 Mai 1956 – Réalisé par Charles Laughton
Dans le domaine du cinéma, il y a des cinéastes qui sont restés a tous jamais dans l’inconscient collectif grâce a leurs films. D'une richesse et d'une densités à toute épreuves, ces réalisateurs ont bâti cela au fil des années, avec force et abnégation, mais parfois il arrive qu'un cinéaste ne soit que l'homme d'un film ! C'est le cas ici avec le réalisateur de « La Nuit du Chasseur », le britannique Charles Laughton. Echec commercial à sa sortie, malgré tout son film est devenu au fil du temps, un classique du cinéma …
« Dream little one, dream Dream my little one, dream Though the hunter in the night Fills your childish heart with fright Fear is only a dream So dream little one, dream. »
Au final j'ai été assez déçu par le seul et unique film de Charles Laughton. Pourquoi ? Comme tous les classiques je l'ai imaginé, idéalisé, refait et surtout j'ai cru aveuglement chaque personne qui me disait « c'est un super film » ! Pour moi « La Nuit du Chasseur » je l'imaginais comme un bon film noir, un polar à la « M le Maudit » sans concession ou la violence des hommes n'est pas le seul apanage du meurtrier. Parfois la surprise est égale à la hauteur de sa réputation, mais ici ce ne fut pas le cas et je déteste cette sensation de ne pas avoir aimé un film qui pouvait me plaire !
On y découvre nos deux jeunes héros (John et Pearl) qui vivent un drame (la mort du père) ou ils sont obligés de garder un secret ! Ensuite l'élément perturbateur arrive (Harry Powell) et nos deux héros sont soumis à des péripéties (disparition de la mère, fuite) jusqu'au dénouement final (Duel final, Rachel Cooper). C'est une structure classique, riche en dichotomie (bien/mal, ombre/lumière, adulte/enfant, mensonge/vérité) ou les enfants sont dépossédés de leur enfance par des adultes corrompus ! L'avènement du merveilleux dans le récit vient des le postulat de départ, ou l'on joue sur le décalage entre l'age des enfants et ceux qui leur est demander. Une telle quête va les faire changer, les faire grandir et mûrir, malgré la présence pesante du croquemitaine représenter par le père Powell ! Quant à la fable elle tient surtout dans le message qu'elle véhicule à la fin, sur le courage des enfants et dans les derniers de Rachel Cooper « Ils résistent et ils supportent » !
Ils faut bien ça aux enfants pour tenir le coup ! Surtout quand ce qui les entoures est hostile. Le contexte socio-économique en cours dans le film est désastreux, la grande dépression fait des orphelins et rare sont ceux qui osent leurs venir en aide. D'un autre coté il y a le poids d'une société patriarcale qui ne poussent pas simplement les femmes à se marier, mais qui les y oblige car c'est inconcevable qu'une femme puisse élever seule ses enfants. La société dans ses moments de crise se replie sur elle même et elle n'en devient que plus conservatrice, ne pouvant accepter aucun mouton noir en son sein ! Comme Cooper à la fin, mais surtout comme le père Powell qui nous renvoie directement à des méchants comme celui de M de Fritz Lang joué par Peter Lorre …
Pour son premier film, Charles Laughton s'entoure de personnes compétentes et délivre une réalisation propre, bien que sans réel génie ! Le récit est bien maîtrisé, mais il manque un peu d'équilibre, la dernière partie étant pour moi beaucoup trop courte et vite expédié. Sa plus grande réussite ici, c'est le travail sur la lumière qui l'a confié au chef opérateur Stanley Cortez. Elle caractérise au mieux les diverses ambiantes que l'on est amené à rencontrer, mais aussi l'espace dans lequel l'action se déroule (Le meurtre de Willa), le tout pour un résultat vraiment magnifique. La musique signé Walter Schumann est tout aussi réussie et à une place prépondérante dans l'histoire, que cela soit par une comptine ou un cantique, elle annonce toujours ce qui va arriver … Quant au casting, il est vraiment de qualité ! Chez les acteurs adultes je retiens l'apparition de Peter Graves, le futur mr Phelps, Shelley Winters en mère trompée, ainsi que Lillian Gish qui joue l'impeccable Rachel Cooper mais surtout l'inimitable Robert Mitchum qui entre froideur et extravagance donne vie à un prêcheur terrifiant ! Puis il y a les deux enfants, la toute jeune Sally Jane Bruce campe une petite poupée et Billy Chapin qui joue John est très bon en grand frère courage !