Réalisé par : Jeremy Saulnier
Avec : Anton Yelchin, Imogen Poots, Patrick Stewart
Sortie le : 27 avril 2016
Distributeur : The Jokers / Bac Films
3D : Oui – Non
Synopsis :
Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement
Au terme d’une tournée désastreuse, le groupe de punk rock The Ain’t Rights accepte au pied levé de donner un dernier concert au fin fond de l’Oregon… pour finalement se retrouver à la merci d’un gang de skinheads particulièrement violents. Alors qu’ils retournent en backstage après leur set, les membres du groupe tombent sur un cadavre encore chaud et deviennent alors la cible du patron du club et de ses sbires, plus que jamais déterminés à éliminer tout témoin gênant…4/5
PUNK MACABRE
Après Blue Ruin, le réalisateur Jeremy Saulnier continue de jouer avec les couleurs et nous livre Green Room… Et celui-là, on ne l’avait pas vu venir. Défouloir à la violence exacerbée, crue, et parfois même un peu repoussante, ce long métrage alterne habilement entre huis clos et film de genre, pour le plus grand plaisir de ses spectateurs. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce groupe de punk perdu en pleine cambrousse américaine aura vraiment passé une mauvaise journée.
Pourtant, tout aurait été bien plus simple si ces musiciens n’avaient eu qu’à répondre à une question : « quel groupe emmèneriez-vous sur une île déserte ? ». Une interview, un concert miteux, l’affaire était pliée. Et non. Il fallait qu’une autre occasion se présente : mais qu’est-ce qui pourrait bien être plus attirant qu’un concert dans le fin fond de la forêt, au milieu d’une bande de jolis petits skinheads plutôt remontés, éméchés, et dirigés par un Patrick Stewart plus terrifiant que jamais ? Rien, puisque les The Ain’t Rights acceptent tout sans sourciller. Mais ne vous attachez pas trop à eux : Green Room ne lésine pas sur les moyens quand il s’agit d’effectuer un carnage : pas d’arrangement à l’amiable ni de compromis ; quand on assiste à ce que l’on n’aurait pas dû voir, on est purement et simplement exécuté. À la chaîne, dans un rythme frénétique.
C’est pour cela que Green Room prend tout de même un peu de temps pour faire monter la tension, en instaurant cet angoissant huis-clos : déjà perdus au milieu de nulle part, les membres du groupes finissent enfermés dans une pièce sombre, ignoble, avec un cadavre, une inconnue (Imogen Poots) et leurs angoisses. Cette tension prend forme, efficacement, puisque le rapport de force entre le groupe et leurs détracteurs est clairement défini : coincés, encerclés, et en infériorité numérique, rien ne semble être à leur avantage…
Green Room, c’est une chasse à l’homme haletante, à l’esthétique léchée : oui, le vert irradie l’image, des cheveux de Tiger (Callum Turner) à la lumière, jusqu’à l’environnement. Non, Jeremy Saulnier n’est pas un grand adorateur d’effets spéciaux : on le ressent bel et bien lors des différentes mises à mort, puisque le réalisateur cultive cet amour pour les maquillages et les prothèses, pour un réalisme accru. Comme si cela ne suffisait pas, cette violence extrême nous est radicalement imposée, bien souvent en gros plan, pour être certain de ne pas y échapper. Le résultat épate et répugne à la fois, et pour une fois que l’on se sent véritablement mal à l’aise devant un film de genre, on ne peut pas nier qu’il s’agit d’une réussite !
Ne vous attachez pas trop aux personnages : après le huis-clos vient le slasher… et c’est avec une grande difficulté qu’Anton Yelchin (Pat) et Imogen Poots (Amber) tenteront d’y échapper. Le duo brille par son interprétation juste, entre terreur, humour (et oui !) et fureur. Il fallait bien de quoi tenir face à Patrick Stewart, dans un rôle complètement à contre-emploi : après les nombreux X-Men et Days of the Future Past, celui-ci voulait se lancer un défi. Pourtant conscient d’être le principal protagoniste du film, l’acteur lui-même souhaitait s’enfermer chez lui après avoir lu le script du film… Alors Patrick, on n’est pas trop rassuré ? Nous non plus !
Brutal, jouissif et excessif, Green Room sait tenir son spectateur en haleine dans une terrifiante chasse à l’homme !