Genre : anticipation, science-fiction (interdit aux - 12 ans)
Année : 2006
Durée : 1h50
Synopsis : Dans une société futuriste où les êtres humains ne parviennent plus à se reproduire, l'annonce de la mort de la plus jeune personne, âgée de 18 ans, met la population en émoi. Au même moment, une femme tombe enceinte - un fait qui ne s'est pas produit depuis une vingtaine d'années - et devient par la même occasion la personne la plus enviée et la plus recherchée de la Terre. Un homme est chargé de sa protection.
La critique :
Avec Guillermo Del Toro et Alejandro Gonzalez Inarritu, Alfonson Cuaron est considéré comme l'un des cinéastes argentins les plus doués et les plus prometteurs de sa génération. Sa carrière de réalisateur démarre en 1991, avec Uniquement avec ton partenaire. Parallèlement en 1993, Alfonso Cuaron signe son tout premier contrat à Hollywood et se retrouve derrière la caméra de La Petite Princesse (1995). Le cinéaste est immédiatement repéré par J.K. Rollings, la célèbre romancière de la saga Harry Potter. Alfonso Cuaron tient enfin la chance de sa carrière.
Il est alors appelé à passer derrière la caméra d'Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban (2004), troisième volet des aventures du jeune sorcier éphèbe. Toujours sous l'égide de la Warner, Alfonson Cuaron confirme tous les espoirs placés en lui avec Gravity en 2013.
Pourtant au début des années 2000, Alfonson Cuaron se consacre à un projet très différent, soit l'adaptation d'un roman, Children of Men, de P.D. James. Séduit par son scénario apocalytique et de fin du monde, le réalisateur mexicain développe et s'approprie le script avec la collaboration de figures éminentes, notamment Timothy J. Sexton, David Arata, Mark Fergus et Hawk Ostby.
La distribution du long-métrage réunit Clive Owen, Julianne Moore, Michael Caine, Claire-Hope Ashitey, Charlie Hunman, Peter Mullan, Pam Ferris et Danny Huston. Certes, Les Fils de L'homme ne bénéficie pas d'un énorme budget. Pourtant, le film attire plusieurs acteurs hollywoodiens de prestige. Clive Owen et ses prosélythes (surtout Julianne Moore et Michael Caine) admirent le travail d'Alfonso Cuaron.
Ensuite, Les Fils de l'Homme est annoncé comme le ou l'un des plus grands thrillers d'anticipation jamais réalisés. Il s'agit donc d'un long-métrage ambitieux. Hélas, au moment de sa sortie, le film essuie un camouflet. Certes, le métrage obtient des critiques unanimement panégyriques, sans néanmoins ameuter les foules dans les salles. Les Fils de l'Homme passe (presque) totalement inaperçu au cinéma. Toutefois, le film se rachète un conduite en vidéo.
Désormais plébiscité par les fans, il est considéré, à juste titre, comme l'un des meilleurs films de science-fiction de ces dix dernières années. Attention, SPOILERS ! (1) 2027 : la planète a cédé au chaos. Seule la Grande-Bretagne a pu résister à l’autodestruction en se repliant derrière un régime totalitaire, qui gère par la violence les flux massifs de réfugiés de tous les pays, parqués dans des zones de non-droit.
Et la survie de l’humanité est gravement menacée par l’incapacité inexpliquée des femmes à donner la vie : la dernière naissance remonte à 18 ans et lorsque l’homme le plus jeune de la planète est assassiné, la population tombe un peu plus encore dans la morosité. Théo, ancien militant devenu bureaucrate résigné, va malgré lui jouer un rôle inattendu dans la survie de l’espèce humaine quand son ex-femme, anarchiste convaincue, le met en contact avec Kee, enceinte de huit mois et dernier espoir pour la sauvegarde du genre humain. (1) Indubitablement, dix ans après sa sortie, Les Fils de l'Homme reste un film d'une actualité saisissante. Surtout, le long-métrage préfigure la fin d'une civilisation, en particulier de la civilisation occidentale. Ce n'est pas un hasard si l'action de Children of Men (le titre original du film et du livre...) se déroule sur le sol britannique.
Ainsi, la première partie de Children of Men s'emploie à décrire un monde régi par le chaos, la guerre, les déflagrations, les attentats terroristes et une société désormais sous l'égide de la police, de l'armée et de la dictature ; visiblement les seules réponses face à une violence immarscescible. L'Humanité se meurt et est devenue étrangement infertile. Plus de procréation, de naissance ni d'enfant.
Certes, Alfonso Cuaron élude toute explication sur le sujet. Pourtant, encore une fois, le thème reste plus que jamais d'actualité, surtout dans notre vaste continent européen, avec une baisse constante des naissances depuis presque une vingtaine d'années. Certes, à nouveau, Alfonson Cuaron esquive toute explication politique et privilégie la longue déréliction d'une société qui court à sa perte.
Au détour des péripéties et des diverses pérégrinations de son personnage principal, Theo (Clive Owen), le cinéaste mexicain nous présente le sort funeste de réfugiés, désormais parqués dans des cages. Ainsi, Alfonso Cuaron filme un monde en plein marasme sous le regard hébété et usé de son héros principal, chargé de veiller et de protéger le dernier espoir de l'Humanité.
Dans cette anarchie et ce chambardement général, l'espoir subsiste encore... Pour Theo et sa compagne d'infortune, il faudra courir sous les bombes et les balles assénées par diverses actions terroristes. Sur ce dernier point, la seconde partie de Children of Men est de facture beaucoup plus conventionnelle et finira par perdre (parfois) le spectateur par sa profusion d'explosions.
Cependant, impossible de ne pas saluer la mise en scène, sous forme d'un documentaire ultra réaliste, d'Alfonso Cuaron plus érudit que jamais. Le réalisateur mexicain nous transporte dans une sorte de cauchemar urbain, entre les fusils, les pleurs, les conflagrations et les belligérances. Les Fils de L'Homme séduit également par sa force de percussion, ainsi que par sa mélancolie insondable, dans la peau et sous les oripeaux d'un Clive Owen au sommet de son talent.
Note : 16.5/20
(1) Synopsis du film sur : http://www.critikat.com/actualite-cine/critique/les-fils-de-l-homme.html