Le festival a débuté, la soirée d’ouverture, inaugurée. Une salle remplie pour la première. A l’honneur – et en présence – de Férid Boughedir, avec son film Parfum de Printemps. Remplie au point de refuser des spectateurs, de s’asseoir sur des marches. Alors je n’ai pu qu’attendre, voir un autre film.
Le choix s’est porté sur 3000 nuits, incroyable film, un peu palestinien, un peu libanais, surtout empreint d’humanité. Film – proche du documentaire par sa proximité avec les faits – qui prend place entre les murs d’une prison israélienne. Film qui ne montre qu’une facette du conflit israélo-palestinien, et place ces femmes au cœur du propos. Elles sont d’origines différentes, de professions, d’âges divers, elles ne parlent pas la même langue, mais vivent et ressentent ensemble. Elles sont toutes mamans de cet enfant qui naît en prison ; elles ont toutes leurs codes et astuces qui leur permet de s’émanciper de la rigidité de la prison, le temps d’un instant ; elles connaissent le chantage, l’individualité, la trahison, pour entendre cette voix au bout du téléphone, pour effleurer cette main de l’autre côté des grilles. Mais elles connaissent également la générosité. Malgré leurs différences, parfois leur haine, elles vont d’unir dans un formidable élan de solidarité, prouvant que ensemble, on peut faire changer les choses, changer le monde. La force du groupe, de la solidarité. Un beau film, fort, dont on ressort grandit. Un film qui nous rappelle que de l’autre côté de la mer le soleil éclaire mais ne réchauffe pas toujours…
3000 nuits, signé Mai Masri, laisse présager une très belle programmation 2016. Cette année le festival s’achève un samedi, – aujourd’hui – présentant des films respectivement yéménite, marocain et algérien. Souvent inédits, on n’aura pas l’occasion pour le moment de les voir ni en sortie nationale, ni en festival, alors il nous reste l’Institut Lumière. Alors moi, je me prépare à prendre ma place pour Moi, Nojoom, 10 ans, divorcé, qui va encore nous secouer, nous troubler – pour sûr. L’histoire d’une petite fille au Yémen, 10 ans, mariée à un homme de 30, qui souhaite divorcer. L’histoire n’est pas banale, le sujet, puissant.
Est là aussi l’un des desseins du cinéma, tout comme ce festival Cinémas du Sud. Ébranler notre âme. Éveiller notre conscience. Comprendre d’autres cultures. Grandir.
Camille Cuisnier
Moi, Nojoom, 10 an