Devez-vous voir Captain America – Civil War en relief ?
Marvel’s Captain America: Civil War Photo Credit: Zade Rosenthal © Marvel 2016
Captain America – Civil War débarque dans nos vertes contrées bien décidé à nous en mettre plein la vue. Après un Batman V Superman au relief mou du genou (mais si ce n’était que le relief, on s’en plaindrait moins…), c’est au tour du Captain V Iron Man d’essayer de nous en donner pour notre argent. Pari réussi ? Suivez le guide !
Marvel et la 3D, une histoire de longue date.
Marvel Studios (et donc, par extension, Disney) est un vétéran de la 3D. Si les débuts dans le domaine ont été difficiles (Thor en 3D bénéficiait d’une conversion lamentable, disons le), la maison des idées a redoublé d’efforts, de film en film, pour livrer une expérience satisfaisante. Ces efforts ont trouvé un point culminant avec Avengers premier du nom, qui proposait des séquences taillées pour le relief dans son dernier acte. Le film de Joss Whedon était aussi le fruit d’une conversion, c’est à dire que le film a été tourné en 2D puis reconverti en 3D par ordinateur, et ce sera le cas pour toutes les productions Marvel Studios à ce jour, incluant notre Civil War.
On ne va pas se mentir, la 3D est un passage obligé imposé par le cahier des charges de Mickey, Minnie, Donald et leur ami Kevin Feige (PDG de Marvel Studios, ndlr) mais force est de constater, depuis le début de la Phase 2, que ça n’a jamais été synonyme de travail bâclé. Malgré tout, leur approche du relief reste perfectible, et Captain America – Civil War (on y arrive, soyez patients bon sang ! ) cristallise toutes les forces et les faiblesses dans leur manière d’appréhender la 3D sur leurs blockbusters.
Un relief en dent de scie.
Si vous l’avez vu, ou si vous avez lu notre critique du film, vous vous êtes rendus compte que ce Civil War n’est pas que bourrin, et prend le temps de poser ses enjeux via de (longues) scènes de dialogue. Ces séquences là ne sont pas le parfait exemple d’une 3D réussie, puisque la réalisation des frères Russo ne s’offre aucune originalité en dehors des scènes d’action. Nous sommes ici dans le champ contrechamp classique, avec parfois même les personnages devant un mur de couleur unie (c’est bien de toi Spider-Boy dont je parle) ce qui n’est pas l’idéal pour proposer une profondeur dantesque, et encore moins propice à des jaillissements. Pour bien briser le sentiment de profondeur dans ces séquences, les réalisateurs n’ont pas hésité à mettre du flou dans les arrières plans en veux-tu en voilà, technique diablement efficace pour casser tout relief.
Mais ces séquences sont contrebalancées par les nombreuses scènes d’action à la réalisation nerveuse et aux angles de caméra souvent top pour la 3D. Les frères Russo se font plaisir et ça se sent, parfois même un peu trop. Par exemple, la première scène d’action contre Crossbones est tournée intégralement en caméra à l’épaule, couplée à un montage super-cut avec des plans qui s’affichent parfois moins d’une seconde à l’écran. L’expérience peut clairement gêner certaines personnes qui ont du mal avec le relief.
Contrairement aux scènes de dialogues, la 3D dans les scènes d’action est poussée souvent à son maximum, en limitant tout de même l’effet à de la profondeur uniquement. Côté jaillissements, il y en a bel et bien, mais c’est encore trop timide pour être vraiment marquant… On notera tout de même la scène de l’hélicoptère, morceau de bravoure incontournable du film et moment 3D quasi parfait, avec une super profondeur et les hélices qui ont tendance à chatouiller nos narines, mais aussi la fameuse séquence d’anthologie de l’affrontement de nos héros à l’aéroport.
Marvel’s Captain America: Civil War © Marvel 2016
15 minutes tournées grâce à un bijou de technologie.
Cette séquence d’affrontement quasi mythologique mérite un paragraphe entier, puisque c’est principalement sur celle-ci que les frères Russo ont pu faire joujou avec la dernière caméra Imax créée en collaboration avec Arri, le constructeur allemand de caméra dont on risque d’entendre de plus en plus parler.
A l’opposé des autres scènes d’action, l’Imax a imposé aux Russo une rigueur et une stabilité dans leurs cadres, et on ne déplore à aucun moment des flous d’arrière plan. En résulte une séquence à la 3D exemplaire, qui apporte un vrai plus à l’action et finit de donner à cette bataille le statut de culte dans tout l’univers cinématographique Marvel.
Enfin, le tout dernier acte du film présentant l’affrontement entre l’Homme de Fer et le First Avenger propose aussi une 3D avec une profondeur impeccable grâce à l’architecture du lieu. Couplé à l’intensité dramatique de l’action, c’est une séquence inoubliable en 3D, avec des plans iconiques comme celui du rayon d’Iron Man contré par le bouclier de Captain America.
Marvel’s Captain America: Civil War © Marvel 2016
Alors, 3D ou pas ?
Vous l’aurez compris, Captain America – Civil War ne propose pas une 3D parfaite, ni indispensable, mais elle est clairement un plus pour tout amateur de film d’action. On pourra même déceler, dans les moments où la 3D se révèle faiblarde, une réflexion sur l’outil et sa perception par le spectateur. Conscients qu’on en prend plein la figure pendant leurs moments cinégéniques, les frères Russo décident de freiner la 3D dans les séquences plus calmes. On les remerciera puisque nos yeux ont donc le temps de se reposer et de se préparer pour les scènes d’action suivantes.
Je juge par conséquent cette 3D totalement appréciable, en étant conscient que c’est simplement un plus pour les scènes où la testostérone est de mise.
NB : J’ai vu ce film en format Grand Large, il se peut que l’effet décrit soit légèrement moindre dans des cinémas classiques.
Réalisé par Anthony et Joe Russo, avec Chris Evans, Robert Downey Jr., Sebastian Stan, Scarlett Johansson, Anthony Mackie…
Sortie le 27 avril 2016.