Avec Fabienne Berthaud et Diane Kruger signent ensemble leur troisième collaboration après et Pieds nus sur les limaces. Cette fois, les deux femmes s'offrent un véritable road-trip aux Etats-Unis pour les besoins de cette errance métaphysique et amoureuse. Diane Kruger incarne Romy, une française en vacances dans l'Ouest américain accompagnée de son mari -Gilles Lellouche, exécrable comme toujours. Ensemble, ils sillonnent machinalement la route et alternent les arrêts et les visites sans grand enthousiasme. Bien vite, ce voyage qui devait panser les plaies d'une relation à vif tourne au vinaigre. Romy se trouve à errer sur les routes, en quête d'aventures, en quête de sens. Après un passage à Las Vegas, celle qui crie haute et fort que l'amour est mort se prend à s'amouracher d'un solitaire qui pense, quant à lui, que l'amour est impossible. Ce voyage initiatique est enrichi d'une galerie de très bons acteurs, connaissant pour beaucoup une belle carrière sur le petit écran. Parmi eux, Norman Reedus, le célèbre pourfendeur de zombie, qui campe ce ranger ténébreux et désespérément solitaire. Joshua Jackson en flic sage et compatissant. Ou encore la très girly Lena Dunham qui prête ici ses traits à une américaine de l'ouest profond, un total contre-emploi. Le dernier-né de Fabienne Berthaud fait miroiter un casting tellement luxueux et hétéroclite qu'il en devient presque impertinent.
L'errance de Romy sur les routes du Nevada, dès lors qu'elle quitte le cocon confortable mais toxique du mariage, est jalonnée de rencontres qui viennent enrichir le paysage d'une Amérique à deux vitesses. A travers son film, Fabienne Berthaud nous livre l'image d'un pays riche et fantasque qui génère son lot de laissés-pour-compte et d'individus brisés. La vieille Amérique, à l'image du mariage, est un cocon de confort et de matérialisme où les âmes meurent à petit feu. Contrairement à ces silhouettes courbées et nostalgiques qui peuplent le paysage, Romy a fait le choix de s'affranchir pour retrouver une liberté totale. Cette vie de dénuement matériel lui permet de retrouver une richesse intérieure. Dans Sky , Fabienne Berthaud filme avant tout la renaissance d'une femme bafouée ainsi que ses premiers pas dans une vie où le retour aux expériences brutes est le maître mot. La réalisatrice fait divaguer son personnage d'aventure en mésaventure et celui-ci s'empresse de les accueillir et les recueillir comme une éponge. Le rythme contemplatif et la langueur généralisée donnent à ce drame le temps et l'ampleur pour se déployer pleinement. Diane Kruger en émerge rayonnante et solaire. Optimiste et éclatant, Sky est pétri de sentiments, de spontanéité et d'une pointe de nostalgie, ce qui en fait un film émouvant au propos universel. A tel point qu'il est difficile de mettre plus de mots sur cet objet filmique particulier. Avec cette troisième réalisation, Fabienne Berthaud confirme son talent de portraitiste de femmes brisées. Un agréable voyage.