Dalton Trumbo

Par Cinealain

Date de sortie 27 avril 2016


Réalisé par Jay Roach


Avec Bryan Cranston, Diane Lane, Helen Mirren,

Adewale Akinnuoye-Agbaje, David James Elliott, Elle Fanning


Genre Biopic


Production Américaine

Le producteur Kevin Kelly Brown,  affirme que la génération qui ne connaît pas l'existence de la liste noire d'Hollywood sera touchée par le parcours de Trumbo car rien de ce qu'il combattait n'a disparu aujourd'hui.

"Même aux États-Unis, et de toute évidence dans d'autres régions du monde,

des gens sont toujours persécutés pour leurs convictions.

Le message de ce film est malheureusement encore d'actualité.

La liberté d'expression n'est pas universellement partagée, loin de là".

Synopsis

Hollywood, la Guerre Froide bat son plein.


Alors qu’il est au sommet de son art, le scénariste Dalton Trumbo (Bryan Cranston) est accusé d’être communiste.


Avec d’autres artistes, il devient très vite infréquentable, puis est emprisonné et placé sur la Liste Noire : il lui est désormais impossible de travailler.


Grâce à son talent et au soutien inconditionnel de sa famille, Il va contourner cette interdiction.


En menant dans l’ombre un long combat vers sa réhabilitation, il forgera sa légende.

Bryan Cranston

Notes de production.


Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, les relations entre les États-Unis et l'Union soviétique se dégradent et la peur de la "menace communiste" atteint des sommets sans précédent. C'est dans ce contexte que la Commission des Activités Antiaméricaines (HUAC: House Un-American Activities Committee) enquête sur des dizaines de milliers d'Américains soupçonnés de sympathie procommuniste. Des enseignants, des fournisseurs de matériel militaire et des fonctionnaires, entre autres professions, perdent leur emploi, leur réputation et même leur famille, tandis qu'une vague de suspicion et de paranoïa déferle sur le pays.


La HUAC s'intéresse particulièrement à Hollywood et organise des audiences en octobre 1947 destinées à purger le secteur cinématographique de ses éléments communistes. De nombreux acteurs, réalisateurs, producteurs et scénaristes de tout premier plan sont publiquement critiqués en raison de leur proximité avec des organisations jugées "anti-américaines". Craignant de perdre leur travail, nombreux sont ceux qui acceptent de témoigner contre leurs amis et confrères. En revanche, dix d'entre eux refusent de répondre à la moindre question, contestant la légitimité de la Commission à les interroger sur leur sensibilité politique et dénonçant les audiences comme une violation de leurs droits civiques. Ces dix personnes sont condamnées à de la prison ferme pour outrage au Congrès.

Le plus célèbre d'entre eux est Dalton Trumbo.


Originaire de la petite ville de Montrose, dans le Colorado, Dalton Trumbo arrive à Los Angeles en 1925 avec ses parents et sa soeur pour y trouver une stabilité financière. À la mort de son père, c'est désormais lui qui fait vivre sa famille : il n'a que 21 ans. Il travaille dans une boulangerie, mais sa passion pour l'écriture le pousse à publier des articles et des nouvelles dans Vanity Fair, le Saturday Evening Post et le Hollywood Spectator. Contraint de trouver un équilibre entre ses obligations familiales et ses ambitions artistiques, il se découvre très tôt une compassion pour la classe ouvrière et un intérêt marqué pour la question des inégalités sociales et des privilèges de caste.

Après avoir décroché un contrat d'écriture à la Warner, Dalton Trumbo s'impose comme le scénariste le plus recherché d'Hollywood grâce à son énergie, sa détermination et son sens de l'humour. Mais on se souvient surtout de lui aujourd'hui comme l'artiste le plus en vue des "Dix d'Hollywood".


Brillant, ambitieux et polémique, Dalton Trumbo se plaisait à dénoncer ce qu'il considérait comme l'hypocrisie et l'injustice dans ses films, à l'instar de Vacances Romaines et Les Clameurs se sont tues, écrits tous les deux sous des pseudonymes au cours de ses treize ans d'exil, ou encore d'importantes productions comme Spartacus et Exodus, qui ont relancé sa carrière et amorcé le déclin de la Liste noire.

Le scénariste John McNamara a découvert l'histoire de Dalton Trumbo lorsqu'il étudiait l'écriture scénaristique sous la supervision d'auteurs qui avaient eux-mêmes été "blacklistés", comme Ring Lardner Jr., Waldo Salt et Ian McClellan Hunter, qui avait servi de prête-nom à Dalton Trumbo. "J'ai dit à Hunter que j'avais adoré le scénario qu'il avait écrit pour Vacances Romaines, souligne McNamara. "Il m'a répondu qu'il n'en était pas l'auteur, mais qu'il s'agissait de Dalton Trumbo".


Hunter a pris conscience que non seulement McNamara ignorait l'impact considérable des audiences de la HUAC et de la liste noire, mais qu'il en était de même des autres étudiants. "Pendant deux jours, ces hommes, qui avaient connu cette époque, nous ont raconté leur histoire de leur point de vue", se souvient McNamara. "Lorsque Ian m'a conseillé de lire la biographie de Trumbo écrite par Bruce Cook, je me suis empressé de le faire".


John McNamara y a décelé la matière pour un film capable d'évoquer cette période tourmentée de l'histoire politique américaine à travers une trajectoire individuelle. "C'est très rare de tomber sur une histoire vraie qui se termine bien", note-t-il. "À Hollywood, on élabore des dénouements heureux parce qu'il y en a très peu dans la vraie vie. Cette histoire m'a captivé et n'a cessé de me hanter, mais je n'arrivais pas à coucher sur le papier ce que j'envisageais dans mon esprit – jusqu'à ce que je tombe sur un article écrit par la fille aînée de Trumbo, Nikola".


En lisant ce récit dense et poignant, intitulé "Une enfance différente"John McNamara s'est aperçu qu'il considérait son protagoniste comme un scénariste et un militant politique, mais qu'il ne connaissait rien de l'homme. "Grâce à l'article de Nikola, j'ai découvert un être faillible et pétri de contradictions", reconnaît-il. "Elle parle du type de père et de mari qu'il était, et elle raconte ce qu'elle a ressenti lorsque sa famille a reçu les citations à comparaître. Tout cela m'a ouvert de nouveaux horizons"

Comme John McNamara  commençait à s'en apercevoir, le nom de Dalton Trumbo résonnait différemment en fonction des gens. "C'était un marginal et un type opprimé par le système", déclare le producteur Michael London, qui a très tôt souhaité s'engager dans l'aventure. "Il était à la fois capitaliste et communiste. C'est ce genre de contradictions qui définissent les personnages les plus forts. Par-dessus tout, j'adorais sa volonté d'affronter le pouvoir en place et de sacrifier sa propre carrière au nom d'une cause juste. Trumbo détestait les tyrans. Il refusait de répondre aux questions s'il risquait, chemin faisant, d'être déloyal envers ses amis. Et il l’a payé cher – très cher".
John McNamara a fini par contacter Nikola Trumbo pour qu'elle lui fasse part de son point de vue sur le scénario en cours d'écriture. "Elle m'a envoyé un email extrêmement bienveillant avec des critiques très précises du script dans son ensemble et de son personnage en particulier", reprend le scénariste. "Elle m'a donné des conseils pertinents et intelligents, et m'a fait part de recommandations d'ordre émotionnel, qui m'ont permis d'enrichir le scénario".


Nikola Trumbo et sa soeur cadette Mitzi ont contribué de manière décisive au scénario. "Elles sont les seuls membres de la famille proche encore en vie et il était donc essentiel pour nous de bénéficier de leur plus grande coopération", souligne Michael London. "Grâce à nos discussions avec elles, nous avons glané des moments importants du parcours de leur père.

Mitzi et Nikola Trumbo

Ce n'était pas toujours facile pour elles. Leur famille a vécu des épisodes douloureux et traumatisants, mais Nikola et Mitzi ont été d'une grande générosité et ont tout fait pour que le film soit le plus sincère et réaliste possible".


Nikola est toujours extrêmement fière de l'héritage de son père qu'elle tient à préserver : "Aujourd'hui, on retient surtout que Trumbo a été communiste, mais on ne se rend pas compte qu'en réalité c'était un patriote", dit-elle. "Il était communiste à la fin des années 30 et au début des années 40, à une époque où cela voulait dire qu'on défendait la classe ouvrière et qu'on s'opposait aux lois ségrégationnistes, et qu'on se battait pour les droits civiques accordés aux Noirs américains. Cela n'avait rien à voir avec la Russie : il s'agissait de réfléchir à la manière dont un grand pays comme les États-Unis pouvait encore accomplir des progrè". Il estimait que le Congrès n'avait aucunement le droit de l'obliger à révéler ses opinions politiques", ajoute-t-elle. "Je crois qu'il a été abasourdi d'avoir perdu ce combat. C'est l'histoire d'un homme qui est resté fidèle à ses propres croyances et convictions. C'est le genre de héros que nous pouvons tous aspirer à devenir, quels que soient nos défauts et nos faiblesses".


Chez Groundswell Productions, l'enthousiasme pour le projet allait croissant. "C'est l'un des meilleurs scénarios qu'on ait jamais lus", indique la productrice Janice Williams, présidente du département production de la société. "Peu importe que ce soit une reconstitution historique avec un important casting et un sujet "politique". Nous étions tellement emballés par le projet que, quelles que soient les difficultés, nous étions déterminés à monter le film". Pour Janice Williams, Trumbo est un récit étonnamment vivant et émouvant sur un sujet d'une formidable gravité. "Il ne s'agit pas du tout d'une oeuvre politique, mais d'une histoire sur le droit à la liberté d'expression", souligne-t-elle. "C'est un film exaltant qui repose sur une formidable galerie de personnages fascinants ayant réellement existé. Il s'attache à une période sidérante de l'histoire d'Hollywood, et dépeint à la fois la dimension glamour et reluisante de cet univers et sa part d'ombre, sans oublier la Commission des Activités Antiaméricaines".


De son côté, la productrice Monica Levinson a encore du mal à croire que cette aventure extraordinaire d'un homme qui triomphe de l'adversité soit vraie.

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"L'histoire de Trumbo parle vraiment de notre droit, en tant que citoyens américains, à la liberté d'expression et à la liberté de réunion", dit-elle. "Trumbo Trumbo et les autres artistes blacklistés se sont non seulement vu retirer ce droit mais ils ont été poursuivis en justice sans avoir commis le moindre déiit Trumbo était un vrai patriote : il adorait son pays".

Helen Mirren et Bryan Cranston

À propos du réalisateur Jay Roach, la productrice Janice Williams affirme "Ces films parlent d'événements historiques majeurs". Jay a un vrai don pour partir d'histoires vraies et en faire des films captivants. On voulait que Trumbo soit accessible et divertissant. Je ne vois pas de réalisateur qui s'en serait mieux tiré que lui".

Jay Roach a trouvé que le scénario offrait un point de vue percutant sur une histoire à la fois importante et fascinante qu'il fallait raconter. "Je crois que la plupart des gens ont au moins entendu parler de la liste noire. "Ils connaissent même peut-être le nom de Dalton Trumbo et ils savent sans doute qu'il était un scénariste extraordinairement brillant, blacklisté en 1947 pour ses convictions politiques. D'ailleurs, il était le scénariste le mieux payé au monde lorsque son nom a été inscrit sur la liste noire. Il était doué et prolifique, et il n'hésitait pas à dire ce qu'il pensait haut et fort. Il pouvait aussi être irascible, agaçant et agressif. Par-dessus le marché, il était communiste – un communiste très riche – , ce qui donnait lieu à une histoire complexe et intéressante". confie le réalisateur.

Jay Roach a été totalement séduit par l'histoire de Trumbo dès qu'il a commencé à lire ses lettres. "Son style d'écriture est fascinant et sincère, profond, intelligent et drôle. Il était parfois incohérent et paradoxal, mais constamment irrésistible. Je me suis demandé comment on a pu se dire qu'il fallait empêcher cet homme aussi doué d'écrire. L'une des questions que soulève le film – du moins je l'espère – est de savoir comment cet homme profondément patriote, cet artiste qui aimait son pays, a pu être considéré comme un traitre qui méritait d'être jeté en prison". relate le réalisateur.


"Grâce aux nombreux entretiens avec les filles de Trumbo pendant la phase de développement et le tournage, on a fait en sorte que la représentation de la famille soit la plus juste possible. Nikola a hérité du tempérament fougueux et de la passion pour le débat d'idées de son père, mais c'était souvent une source de conflits entre eux. Elle parle de lui avec un immense respect et beaucoup d'admiration, mais leur famille vivait dans le stress et la tension".


D'après Mitzi Trumbo, Jay Roach a été très attentif aux propos des deux soeurs et a corrigé le scénario en fonction de leurs indications. "Le biopic est un genre délicat. On est spectateur de la réinterprétation que propose quelqu'un d'autre de votre propre vie. Jay s'est montré d'une sensibilité extraordinaire. Il se souciait des mêmes choses que moi. L'histoire de mon père est un exutoire pour pas mal de gens et il voulait faire en sorte de la raconter avec exactitude". indique-t-elle.

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Mon opinion

Le scénario est parfaitement écrit, très documenté, il mérite une certaine attention.

John McNamara s'appuie avec talent sur l'œuvre de Bruce Cook, en y associant les témoignages de Mitzi et Nikola, les deux filles du Dalton Trumbo. Si quelques passages peuvent paraître répétitifs, ils soulignent plus encore, toute la force du récit. C'est l'une des premières grandes réussites de ce long-métrage.

Un nouvel éclairage sur cette sombre et lamentable période de l'histoire d'Hollywood qui ne peut que passionner les cinéphiles. La mise en scène sert parfaitement le propos. Le montage est remarquable. La reconstitution parfaite entraîne le spectateur au cœur même de cette époque.

La vie de cet homme, Dalton Trumbo, scénariste le mieux payé au monde. Il ne baissa jamais la tête, ni ne trahit l'un de ses compatriotes ou tenta d'être un autre, que celui qu'il était vraiment. Les mots du producteur M. London suffisent à définir parfaitement cet homme à l'épaisse moustache. "Il était à la fois capitaliste et communiste. C'est ce genre de contradictions qui définissent les personnages les plus forts. Par-dessus tout, j'adorais sa volonté d'affronter le pouvoir en place et de sacrifier sa propre carrière au nom d'une cause juste. Trumbo détestait les tyrans. Il refusait de répondre aux questions s'il risquait, chemin faisant, d'être déloyal envers ses amis. Et il l’a payé cher – très cher".

Un casting impeccable, permet à chaque acteur de trouver leur juste place. Dans le rôle titre, Bryan Cranston est remarquable, époustouflant de bout en bout. Diane Lane est l'épouse parfaite. David James Elliott, convaincant, campe un John Wayne détestable. Helen Mirren, séduit, une fois encore. Dans le rôle d'Hedda Hopper, elle s'impose dans ce "nid de traîtres" telle une monstrueuse sorcière. Quand la raison d'imposera et que les mots justes raisonneront elle s'écroulera, vaincue sur le terrain même qu'elle piétinait avec mépris. Un rôle secondaire, mais important dans ce récit, celui tenu par Dean O'Gorman qui incarne Kirk Douglas, homme courageux et grand acteur. Un autre nom, dans l'importance de ceux qui ont passé outre la fameuse liste, Christian Berkel dans le rôle d'Otto Preminger.