Genre : fantastique, policier (interdit aux - 12 ans)
Année : 1987
Durée : 1h40
L'histoire : Un extra-terrestre s’infiltre dans un corps humain pour en prendre possession. Son but : tuer, piller et détruire tout ce qui se trouve sur son passage, pour ensuite passer dans un autre corps quand son enveloppe actuelle est trop détériorée. Tandis que l’inspecteur Tom Beck essaie de comprendre comment d’honnêtes citoyens peuvent se transformer du jour au lendemain en bête sanguinaire, un curieux agent du FBI débarque de nulle part pour lui prêter main-forte.
La critique :
Jack Sholder débute sa carrière cinématographique en tant que monteur. C'est surtout sur le tournage de Carnage (Tony Maylam, 1981) que Jack Sholder se fait remarquer. Le slasher obtient un succès inattendu au cinéma. Les producteurs décident de lui confier la réalisation de La Revanche de Freddy en 1985. Jack Sholder passe enfin derrière la caméra. Néanmoins, le film est à la fois ambitieux et difficile.
En effet, le jeune cinéaste a la lourde tâche de succéder à Wes Craven et aux Griffes de la Nuit, soit le tout premier volet de la saga Freddy. Jack Sholder doit donc réaliser la suite d'un grand classique du cinéma d'horreur et d'épouvante. Certes, Jack Sholder a au moins le mérite de signer un second chapitre très différent de son modèle. Mais les fans fulminent et fustigent ce deuxième opus en raison de ses divergences avec le mythe inventé par Wes Craven.
Désappointé, Jack Sholder décide de se tourner vers des productions moins onéreuses. Le cinéaste s'oriente alors vers le petite monde des séries B impécunières. C'est dans ce contexte qu'il réalise Hidden en 1987. Le film va connaître plus ou moins le même sort que La Revanche de Freddy. Il obtient un succès modéré mais va davantage s'affirmer au fil des années, jusqu'à obtenir (plus ou moins) le statut de film culte. Un titre toujours un peu galvaudé...
Toutefois, contrairement à La Revanche de Freddy, Hidden obtient des critiques plutôt enthousiastes. L'air de rien, avec Hidden, Jack Sholder invente une nouvelle race d'extraterrestre, celui qui se transmue à travers les humains, donc dans des enveloppes corporelles, et s'empare de leur esprit, transformant ses hôtes en de redoutables psychopathes fans de bagnoles et de rock'n'roll.
Certes, présenté comme celà, Hidden s'apparente à une honnête série B. Guère plus. Mais le film est plus, beaucoup plus. Les fans du long-métrage y voient une oeuvre sur la transmission télépathique. Thématique sur laquelle nous reviendrons. La distribution du film réunit Michael Nouri, Kyle MacLachlan, Claudia Christian, Clu Gulager, Ed O'Ross et même Danny Trejo (dans un rôle très secondaire, en l'occurrence celui d'un prisonnier). L'air de rien, Hidden va peu à peu s'affirmer comme une référence incontournable. Si le film n'obtient (encore une fois) qu'un succès d'estime au cinéma, il triomphe dans les vidéos clubs. Surtout, il obtient le Grand Prix du Jury au Festival d'Avoriaz en 1988.
Une suite, donc Hidden 2, est tournée par Seth Pinsker en 1994. Hidden aura même le droit à son remake, avec The Seed, réalisé par Rock Shaink Jr. en 2008.
Attention, SPOILERS ! Un extra-terrestre s’infiltre dans un corps humain pour en prendre possession. Son but : tuer, piller et détruire tout ce qui se trouve sur son passage, pour ensuite passer dans un autre corps quand son enveloppe actuelle est trop détériorée. Tandis que l’inspecteur Tom Beck essaie de comprendre comment d’honnêtes citoyens peuvent se transformer du jour au lendemain en bête sanguinaire, un curieux agent du FBI débarque de nulle part pour lui prêter main-forte.
Dès les premières minutes, Jack Sholder a le mérite de présenter les inimitiés via une course poursuite effrénée dans les rues de New York. Un automobiliste azimuté écrase tout le monde sur son passage : hommes, femmes, enfants, vieillards et handicapés...
Le forcené se gausse de la police. Jack Sholder se croit dans Bullit (Peter Yates, 1968). C'est aussi l'une des grandes forces de ce Hidden version 1987, sa capacité à mélanger plusieurs registres, le fantastique, l'action et l'enquête policière. Narquois, Jack Sholder rajoute même un peu d'humour et peut s'appuyer sur un duo d'acteurs solides, Michael Nouri et Kyle MacLachlan.
Clairement, le film ne manque pas de fun ni d'audace. Toutefois, attention à ne pas réduire Hidden à un simple petit divertissement égrillard ou à une modeste série B. Premier constat : Jack Sholder ajoute une véritable touche personnelle à la mise en scène et à la réalisation. Force est de constater que l'on ne s'ennuie pas une seconde. A aucun moment, Jack Sholder ne relache la pression sur le spectateur, à l'image de cette musique à la fois énigmatique et comminatoire, composée par les soins de Michael Convertino.
La sonorité ambiante confère au long-métrage une atmosphère unique qui soulève de nombreuses questions sur cet extraterrestre hétéromorphe. Choix judicieux que celui de Kyle MacLachlan, excellent dans le rôle de cet alien anthropomorphique qui s'accointe avec un policier humain. Au-delà des dilections de l'extraterrestre meurtrier pour les belles voitures, les femmes et le mauvais hard rock des années 1980, le film tente d'explorer d'autres contrées.
Notamment celle de la transmission de pensée, de cette intuition ineffable, cet instinct primaire et indicible qui nous laisse présager la survenue d'un ennemi ou d'un danger indicible. A l'image de la séquence du dîner, scène durant laquelle l'inspecteur Lloyd Gallagher (Kyle MacLachlan) dévoile ses propres failles. Failles évidemment repérées par la fille de Tom Beck. Une séquence à priori banale mais qui prendra tout son sens dans la dernière image du film. Superbe conclusion finale.
Certes, les contempteurs pourront peut-être tancer un schéma narratif un brin redondant et répétitif, mais on tient là un vrai bon film.
Note : 15/20