Andrew, 19 ans, rêve de devenir l’un des meilleurs batteurs de jazz de sa génération. Mais la concurrence est rude au conservatoire de Manhattan où il s’entraîne avec acharnement. Il a pour objectif d’intégrer le fleuron des orchestres dirigé par Terence Fletcher, professeur féroce et intraitable. Lorsque celui-ci le repère enfin, Andrew se lance, sous sa direction, dans la quête de l’excellence...
Whiplash - 24 Décembre 2014 - Réalisé par Damien Chazelle
Ecrite par Cécile !
Lorsque ce film est sorti, lorsqu'il a commencé à engranger les récompenses, je n’ai pas eu envie de le voir. Pourquoi moi, la fille qui cache un tee shirt “I prefer the drummer “ a évité ce chef d’oeuvre? Justement car j’ai ce tee shirt. Et on me décrivait un film avec un discours sur l'élitisme, sur la recherche de l’excellence, dans le domaine du jazz et pas celui que j’écoute, un jazz pour initié. De plus il fallait rajouter à ça un formateur tortionnaire. C’était tout ce que je n’aimais pas au cinéma.Le temps a passé, et j’avais toujours autant envie de découvrir ce film. J’ai donc décidé de lui laisser une chance. Et ce film était bien ce que l'on m’en avait dit.
L’histoire tourne autour d'Andrew (Andy) Newman, étudiant en musique, qui rêve d’être un grand batteur maudit de Jazz; et Fletcher gourou, professeur, chef d’orchestre, découvreur de talents… La première scène est la rencontre entre Andy en train de s’entraîner seul dans une salle et Fletcher qui rentre dans la pièce, pour jouer au chat et à la souris avec lui, et pour qu’au final il réussisse encore mieux une figure de style. Puis c’est au cours d’une répétition avec sa classe, qu’ Andrew voit ce professeur débouler, et finir par le convoquer dans le cours qu’il dirige, c’est plus qu’une classe, c’est un groupe de Jazz d’élite.
Et la commence la souffrance, pour lui et pour le spectateur. Car Fletcher pense que l’on obtient le meilleur qu’en poussant les gens dans leurs retranchements, que l’excellence ne vient que des blessures narcissiques sur une personne talentueuse. Et si cinq ou six fois dans l’heure quarante cinq que dure le film, l’histoire de Parker, de la cymbale, de Jones et de la naissance de Bird est évoquée, ce n’est que pour justifier ce postulat (je vous laisse la découvrir par vous même).
Lorsque je regarde un film, je ne suis qu’ empathie, ce qui rend difficile la vision de celui là. En effet le jeune Andrew qui prend les traits de Miles Teller souffre. Il est isolé, ne se reconnaissant plus au milieu des autres élèves et personnes de son âge. Il est malmené par son professeur qu’il idolâtre. Et il souffre physiquement tout le long du film. Il n’y a pas une minute de répit, tout n’est que sang, coups, hématomes, collision. C’est difficile, et physiquement impactant. Vous ne sortirez pas indemne de son visionnage.Ce film a un positionnement fort. Le réalisateur ne fait pas dans la demi mesure. il semble en harmonie avec les principes d'éducations de Fletcher. Et, Il l’explore avec une franchise déroutante voire dérangeante. Il dit tout. Il parle des limites de ce mode d’enseignement, un enseignement à la dure, violent. Il en montre les victimes, les gens brisés qui abandonnent leurs rêves. les organismes de ces musiciens poussés au bout de ce qu’ils peuvent supporter, et l’isolement dans le groupe, et dans sa vie. tout ça pour transformer une chrysalide en papillon. ou l’étudiant qui passe dans ses mains plus que ne le révélant.
Cet aspect est très représentatif de ce que je ressens Je n’aime pas ce qu’il raconte, je trouve ça injuste, je ne pense pas que travailler dur soit synonyme de ce que vit le personnage du film. Pour moi, le personnage de Fetcher tient plus du pervers qui choisi sa proie, que de l’accoucheur de talent. Mais cependant je suis admirative de cette prise de position, de cette conviction forte et assumée.Ce film est magnifique objet doré. Ce film a les mêmes couleurs que les cuivres de l’orchestre et cymbales de la batterie. elles sont déclinées sur les murs, ou dans les jeux de lumières. Et c’est un important contre poids à la rudesse des situations. La musique est importante, car c’est un film taiseux; et les percussions sont souvent la seule chose que l’on entend entre deux sessions d’insultes. On ne s’en lasse pas et bien qu’elle soit répétée, j’aurai adoré prolonger son écoute.Tout comme de la présence de JK Simmons, une grande leçon de jeu. Des la première scène il nous explique ce que c’est que le charisme. Il est le maître du jeu, au propre comme au figuré. Il m’a happée, hypnotisée, terrifiée, je m’attendais presque à ce qu’il me balance un truc à travers la télé. Ne serait-ce que pour lui il faut aller voir cette oeuvre.