LE BUREAU DES LÉGENDES (Critique Saison 2) Les pulsations du monde

LE BUREAU DES LÉGENDES (Critique Saison 2) Les pulsations du mondeLE BUREAU DES LÉGENDES (Critique Saison 2) Les pulsations du mondeSYNOPSIS: Quatre mois ont passé au sein de la DGSE. Guillaume Debailly (alias Malotru), promu directeur adjoint du Bureau des légendes, est devenu un agent double pour le compte de la CIA. Sous couvert de séances de psychanalyse, il livre chaque semaine au docteur Balmes, son agent de contact à la CIA, les renseignements qu'il a pu rassembler. En échange, Malotru attend des Américains qu'ils libèrent la femme qu'il aime, Nadia, emprisonnée par les Syriens quelque part dans le monde. Alors que, de son côté, Marina Loiseau débute sa délicate et dangereuse mission de clandestin en Iran, la DGSE est confrontée à une nouvelle crise : un djihadiste français, devenu officier de Daech, nargue publiquement la France de manière sanguinaire.

Avertissement: Nous avons pu voir neuf épisodes sur les 10 que compte la saison

La première saison du Bureau des Légendes nous avait séduit l'an dernier par son authenticité, son réalisme prégnant et par l'inclinaison d' Eric Rochant à continuer de creuser le sillon de l'univers opaque de l'espionnage et du renseignement qu'il connait si bien depuis ses films Les Patriotes et Möbius. La saison 1 était très réussie même si elle n'était pas exempte de quelques faiblesses, notamment son aspect austère et son rythme lent qui pouvaient rebuter mais qui étaient en quelque sorte une porte d'entrée nécessaire pour ausculter avec précision et acuité ce milieu rempli de faux-semblants et bien loin du fantasme véhiculé par les blockbusters américains tels que les Jason Bourne ou les James Bond. Avec cette seconde saison, la trame feuilletonnante installée l'an passé prend ses aises et se libère des liens qui l'entravaient à la réalité du métier de fonctionnaire de la DGSE pour se permettre de développer une trame romanesque qui va se jouer en dehors des alcôves des bureaux. Il ne s'agit en rien d'un renoncement à ce qui faisait le sel de la première saison car les missions ou le sort des agents sont toujours au cœur de discussions ou de réunions se déroulant dans des locaux qui ne payent pas de mine et le travail de bureau est toujours montré sous ses dehors les plus réalistes.

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Seulement, cette fois-ci l'action se déplace sur le terrain avec entre autres la mission assignée à Marina Loiseau (la toujours talentueuse Sara Giraudeau qui révèle encore plus de subtilité dans son jeu) qu'on retrouve à Téhéran dans l'entourage d'une famille liée au programme nucléaire iranien. Les allers retours entre Paris et Téhéran mais également en Syrie participent certes au dépaysement, mais ce n'est jamais ni gratuit, ni pour la carte postale, chaque déplacement étant justifié pour faire avancer l'intrigue. Les fils narratifs s'entrecroisent avec intelligence, participant à l'immersion dans cette nouvelle saison qui s'avère passionnante. La réalisation prend de l'épaisseur ( Samuel Collardey, Élie Wajeman, Laïla Marrakchi, Hélier Cisterne et Antoine Chevrollier se partagent la mise en scène des épisodes avec Eric Rochant) et les auteurs cornaqués par Eric Rochant ( Camille de Castelnau, Cécile Ducrocq, Hippolyte Girardot, Raphael Chevènement, Antonin Martin) ont fait un boulot impressionnant, la série gagnant en profondeur et en intensité. Ces nouveaux épisodes embrassent qui plus est l'actualité avec un réalisme qui fait froid dans le dos en prenant pour toile de fond des récits évoquant aussi bien le conflit syrien que le radicalisme islamique et en s'appuyant sur des faits avérés dont la proximité prouve que nos auteurs sont capables de rebondir sur l'information récente et de traiter ainsi les problèmes incontournables de notre société.

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Mathieu Kassovitz et Jean-Pierre Darroussin retrouvent leurs personnages avec gourmandise et se livrent à un duel à fleurets mouchetés particulièrement alléchant, les deux acteurs semblant savourer leur partition en amenant plus de nuances à des caractères que l'on aurait pu penser inamovibles. D'autres protagonistes voient leurs rôles prendre une nouvelle dimension que ce soit Gilles Cohen, Florence Loiret-Caille ou Jonathan Zaccaï (au centre de l'intrigue la plus prenante de la saison qui ne cesse de grimper crescendo en tension dramatique) et les cibles de la DGSE sont elles aussi particulièrement bien incarnées à l'image d'une Alice Belaïdi formidable et bien loin de ses rôles dans Radiostars ou Workingirls. Si certaines des figures marquantes de la saison 1 sont un peu plus en retrait à l'image de Léa Drucker, les nouveaux venus ( Pauline Etienne, Mathieu Demy, Moe Bar-El...) s'intègrent à la distribution magnifiquement avec des personnages intéressants et parfaitement caractérisés qui donnent de la chair et de l'humanité à l'ensemble, laissant même parfois filtrer avec parcimonie un peu d'humour Au-delà des considérations géopolitiques qui sous-tendent les récits, d'autres notions sont abordées et développées, comme la duplicité, Malotru ( Kassovitz) basculant carrément comme agent double par amour. Le voir dispenser l'art du mensonge à la nouvelle recrue tout en s'interrogeant en voix-off sur les subtilités de son nouveau statut forment une plongée en spirale extrêmement pertinente et intéressante. Le bureau des légendes se permet de mettre en péril constant ses personnages centraux sans les ménager et avec des dégâts collatéraux que la série n'édulcore pas sous prétexte qu'il faudrait préserver ses héros et par ricochet le téléspectateur. La série fait du coup passer plus subtilement des émotions dont elle était peut-être dépourvue l'année dernière et si tout n'est pas parfait, la réussite de cette seconde saison place Le bureau des légendes en pôle position sur l'échiquier des séries françaises les plus réussies et addictives et elle apparait désormais comme la promesse de voir un instantané saisissant de la vie, en prise avec les pulsations du monde.

Crédits: Canal+

Catégories : Critiques, Séries

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