Alice Howland est une brillante professeure de linguistique qui mène une vie tout à fait normale jusqu'à ce jour où elle cherche ses mots lors d'une de ses conférences. Cet événement anodin est en réalité le début d'une longue série avec des trous de mémoire de plus en plus important. Craignant le pire malgré sa cinquantaine, elle passe des tests pour éventuellement détecter les prémices de la maladie d'Alzheimer, et malheureusement pour elle c'est bien ce qui est diagnostiqué. Alice souffre d'une forme rare et précoce de cette maladie. Avec le soutien de ses proches, le combat contre ses absences incontrôlables est lancé mais s'annonce compliqué...
Toujours délicat de s'attaquer à un sujet comme celui-ci en trouvant le juste milieu entre le larmoyant facile et le recul trop important qui empêche le spectateur d'être happé par l'histoire. Pourtant Wash Westmoreland n'est pas loin de réussir ce pari ambitieux et bénéficie pour cela d'un atout non négligeable qui est la présence de Julianne Moore. Si le talent de cette dernière n'est plus à démontrer, j'étais curieux de la voir dans ce rôle qui lui a rapporté l'Oscar en 2015. Mais je peux maintenant dire qu'il est amplement mérité car son jeu est vraiment excellent et elle arrive à retranscrire les symptômes de cette maladie en restant toujours dans la sobriété et le naturel. On s'attache vraiment à ce personnage qu'on a envie de voir réussir son combat alors que l'on sait qu'il est perdu d'avance. Il y a des scènes très fortes d'ailleurs : quand Alice enregistre son message vidéo, le moment de l'annonce à ses proches ou encore la scène où elle cherche désespérément une pièce dans sa maison de vacances. Le tout est amplifié par une mise en scène intimiste qui intègre le spectateur dans ce quotidien devenu un combat contre elle-même et la dégénérescence de sa mémoire. Et vous savez quoi, je pense que c'est la première fois que Kristen Stewart ne m'a pas dérangé dans un film, car elle délaisse enfin ses mimiques agaçantes pour livrer une prestation très intéressante. Still Alice souffre malgré tout de défauts à commencer par les stéréotypes de la famille, où chaque membre à un caractère différent trop tranché qu'il suit pendant toute l'évolution de la maladie. Un peu de revirements de situation aurait été plus crédible d'autant que certains personnages sont assez détestables. Après, il faut aussi noter qu'à ne pas vouloir aller trop loin, peut-être par peur de choquer ou créer une polémique, le réalisateur s'enferme dans un film trop lisse qui, malgré le thème omniprésent de la maladie en toile de fond ne colle forcément avec l'histoire beaucoup plus dramatique.
En résumé : Si la prestation de Julianne Moore n'est pas du tout à remettre en cause, il n'en est pas de même du résultat final qui combine une peur d'en montrer trop alliée à des personnages secondaires trop caricaturaux. Malgré tout, le film délivre un beau témoignage tout en ne basculant jamais dans le côté voyeur qui aurait été beaucoup plus dérangeant.