Et oui, j’en remets une couche au sujet du passionnant ouvrage Cassavetes on Cassavetes. Mais cette fois, plutôt que d’évoquer les dangers du formatage cinématographiques, abordons, si vous le voulez bien, l’ego du scénariste… 😉
Je vous ai déjà confié mon amour pour Cassavetes on Cassavetes, biographie croisée dans laquelle Ray Carney raconte le grand cinéaste en s’appuyant sur les nombreuses interviewes de ce dernier. On y découvre notamment comment le grand cinéaste écrivait ses scénarios, à partir d’improvisations sur le plateau mais aussi au moment du montage, comme l’explique l’extrait du jour.
A l’instar de bien des cinéastes indépendants, Cassavetes considérait le tournage comme une étape d’expérimentation et d’amélioration du scénario, estimant que les comédiens apportaient une connaissance instinctive du personnage, nourrissant sa construction au-delà de la scène initiale. De la même manière, en étudiant les rushes au moment du montage, Cassavetes s’autorisait parfois à explorer une construction, voire une intention, radicalement différentes de celles qui étaient couchées sur le papier. Il écrivait ses films « comme un sculpteur travaille la pierre ou un romancier son roman ».
Il va peut-être vous sembler paradoxal qu’en tant que scénariste, je vante les mérites d’un cinéma qui désacralise le scénario à ce point. Mon lointain passé d’actrice et mon passage du côté obscur de la Force (à la réalisation quoi ^^) m’ont permis d’envisager l’écriture de film d’une façon plus globale que ne l’enseignent les théoriciens. Attention, je ne suis pas en train de militer pour les films écrits à l’arrache, hein. Je pense simplement que le scénariste doit digérer le fait que son texte n’est qu’un outil de travail, un work in progress. A contrario, les réalisateurs qui aiment expérimenter gagneraient à le faire main dans la main avec « leur » scénariste, en le conviant sur le tournage et en salle de montage lorsque nécessaire. Voila voila. 😉
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