Genre : science-fiction, comédie
Année : 1996
Durée : 1h46
L'histoire : Effervescence sur la planète Terre. Les petits bonshommes verts ont enfin décidé de nous rendre visite. Ils sont sur le point d'atterrir dans leurs rutilantes soucoupes. La fièvre des grands jours s'empare de l'Amerique dans une comédie de science-fiction nostalgique des années cinquante.
La critique :
Un cinéaste du passé. Tels sont les termes pour qualifier Tim Burton, un cinéaste aux multiples facettes et références, adulant à la fois les films d'épouvante de la Hammer, Vincent Price, les productions Walt Disney, le cinéma bis et même les nanars réalisés par Ed Wood. D'ailleurs en 1994, Tim Burton a signé un biopic homonyme sur cet érudit de la bisserie et du cinéma Z.
Un autre univers, celui d'un Septième Art définitivement fauché, qui lutine avec des marginaux, des "freaks" et même des sectes pas très "catholiques" (si j'ose dire) pour financer et distribuer ses films. C'est aussi avec ce genre de long-métrage que grandit Tim Burton. Le cinéaste s'est abreuvé de petites productions science-fictionnelles et impécunières. De Plan 9 from outer space (Ed Wood, 1959) à It ! The Terror From Beyond Space (Edward L. Cahn, 1958), Tim Burton a toujours prisé ce genre de séries B ingénues et qui semblent provenir de nulle part, si ce n'est de l'imagination inextinguible de quelques "nanardeurs" opiniâtres et férus de cinéma.
Après Ed Wood qui connaît un bide retentissant au cinéma (hélas...), Tim Burton s'ingénie dans la série B ringarde et égrillarde. Preuve en est avec Mars Attacks !, sorti en 1996. Certes, à l'origine, le long-métrage s'inspire d'un jeu de cartes représentant des martiens et des dinosaures. Pourtant, Tim Burton possède une autre référence à son "arc" : Les Soucoupes Volantes Attaquent, réalisé par Fred F. Sears en 1956, un autre bisseux dans la lignée d'Ed Wood et aussi le digne épigone d'une époque révolue, la science-fiction des années 1950. Au moment de sa sortie, ce film en noir et blanc marque durablement les esprits, notamment pour ses effets visuels réalisés en stop-motion par les soins de Ray Harryhausen, mais aussi pour ses scènes de destruction massive. En effet, dans Les Soucoupes Volantes Attaquent, les Martiens réduisent à néant les plus grands édifices de la surface terrestre.
Le réalisateur, Fred F. Sears, s'attire alors les foudres et les avanies de nombreux contempteurs. Son long-métrage inspire évidemment Tim Burton, qui décide de reprendre peu ou prou le même principe. Le but est donc de réaliser une comédie science-fictionnelle à la fois grivoise et licencieuse, à l'opposé de The Independence Day de Roland Emmerich, qui sort dans la foulée.
Mars Attacks ! sera donc à la fois un hommage à une autre forme de cinéma (celui d'Ed Wood et de Fred S. Sears, entre autres) et une diatribe de la bien-pensance actuelle, ainsi que de nos élites politiques. En outre, la distribution du film est impressionnante et réunit une pléthore de stars hollywoodiennes : Jack Nicholson, Glenn Close, Pierce Brosnan, Sarah Jessica Parker, Michael J. Fox, Annette Bening, Danny DeVito, Martin Short, Rod Steiger, Tom Jones, Lukas Haas, Natalie Portman, Jim Brown, Jack Black et Pam Grier.
Attention, SPOILERS ! Des Martiens sont repérés venant vers la Terre et ils font passer un message sur toutes les télévisions dans une langue inconnue. Le président des États-Unis fait alors une annonce en direct afin d'entrer en contact avec les Martiens. Un scientifique utilise une machine afin de traduire la langue des Martiens, qui annoncent qu'ils vont atterrir dans le désert du Nevada.
Un important dispositif est alors mis en place pour leur arrivée. Pourtant, une fois débarqués sur place, les Martiens affichent très vite les inimitiés. La guerre est nûment déclarée à la planète Terre ! Mars Attacks ! signe aussi la revanche d'un autre cinéaste sur un Septième Art qui l'a tellement fustigé. Son nom ? Ed Wood. Toujours la même antienne. Lorsque le capitalisme hollywoodien se fait malmener par cette figure emblématique du passé.
Seule différence et pas des moindres, Mars Attacks ! n'est pas la série B qu'elle prétend être avec ses millions de dollars à la pelle. Un oxymore totalement assumé par un Tim Burton goguenard et indocile qui tance et abhorre cette civilisation occidentale, à la fois pédante et condescendante. Le réalisateur ne se contente pas seulement de pasticher et/ou de citer ses illustres références.
Tim Burton se gausse de ses héros (politiques, journalistes et militaires) ridiculisés, exterminés et annihilés par des Martiens qui affectionnent l'art de la gaudriole. Clairement, ce sont nos petits hommes verts qui sont les vrais héros, les vraies stars de cette série B en forme de blockbuster. Lorsque les extraterrestres débarquent enfin sur Terre, le long-métrage peut enfin commencer ! Tim Burton ne se refuse aucune excentricité, tel un enfant qui joue avec ses Martiens.
Une fois sur place, nos aliens se livrent à d'étranges expériences scientifiques sur les hommes, les femmes et même les canidés ! La tête de la pauvre Sarah Jessica est alors transmutée sur le corps de son insupportable cabot. Elle doit alors supporter les dilections d'un Pierce Brosnan lui aussi réduit à quia. Quant aux Martiens, ils tirent sur tout ce qui bouge avec des armes aux étonnantes colorations.
Nos chers aliens sermonnent, s'esclaffent, marmonnent un dialecte incompréhensible, lisent le magazine "Playboy" mais détestent par dessus tout la musique. Leur seul point faible. Pour Tim Burton, c'est l'occasion ou jamais de vilipender le politiquement correct, ce pacifisme à tous crins et à contrario les décisions stupides, barbares et péremptoires. En résumé, personne n'est épargnée.
Mars Attacks ! sera logiquement récompensé par le succès qu'il mérite. Tim Burton exulte. Le cinéaste est au faîte de sa gloire. Après Beetlejuice (1988), Tim Burton vient de signer son second chef d'oeuvre comique, entre hilarités, science-fiction et même quelques obscénités.
Note : 17/20