Horsehead (Le Lynch tourné à la sauce française)

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Genre :Fantastique, Epouvante-horreur (interdit aux -12 ans avec avertissements)

Année :2015

Durée :1h40

Synopsis :

Depuis son enfance, Jessica est hantée par des cauchemars récurrents dans lesquels elle est poursuivie par une mystérieuse créature à tête de cheval appelée HORSEHEAD. Dans l’espoir de retrouver la paix, Jessica a entamé des études de psychophysiologie des rêves. Suite au décès de sa grand-mère maternelle, Jessica est contrainte de retourner dans la maison familiale. A son arrivée, elle découvre que son aïeule défunte reposera dans la chambre mitoyenne de la sienne durant la veillée mortuaire... Après une première nuit agitée par un nouveau cauchemar, Jessica tombe subitement malade. Clouée au lit par une forte fièvre, la jeune femme décide d’utiliser son état léthargique pour expérimenter le rêve lucide et essayer ainsi de prendre le contrôle de ses cauchemars, une pratique dangereuse dont certains ne se remettent jamais. Jessica évolue alors dans son propre monde onirique. Elle mène l’enquête afin de découvrir le mal qui la ronge elle et sa famille depuis des générations. Elle devra aussi affronter une dernière fois le maléfique HORSEHEAD.

Critique :

ATTENTION ! Ouvrez le champagne, sortez les serpentins et criez HOURRA ! Voilà un nouveau film fantastique/horreur français. Ce n'est pas tous les jours (années en fait) que l'on voit ça. Notre cher Romain Basset, le réalisateur se cachant derrière ce film a eu au moins le mérite d'aller dans le sens inverse du cinéma français actuel en nous sortant quelque chose de différent et de recherché. Je vous l'ai déjà dit auparavant, le cinéma d'horreur en France n'est aimé de personne, aussi bien des réalisateurs que des producteurs et même du public, préférant visiblement la même soupe indigeste servie chaque année mais avec une différence en moins qui est la qualité.
Truffaut et Carné se retourneraient dans leur tombe en voyant ce qui sort actuellement. Cela vous étonnerait si le réalisateur a eu un mal de chien à trouver l'argent nécessaire pour réaliser son film ? Je ne pense pas car les films audacieux et sortant des carcans excessivement étroits du cinéma français ont cette manie presque génétique, depuis le temps, de vouloir être foutus à la poubelle. Soit disant pas intéressants, pas assez politiquement corrects, trop choquants ? Personnellement je préfère de très loin cela qu'un drame indigeste nous parlant de la vie inintéressante et pathétique d'un couple de vieillards du sud de la France (bon j'exagère un peu mais les stéréotypes de ce genre existent malheureusement...). En conclusion, comprenez bien que le tournage du film fut particulièrement éprouvant avec sur le CV, 3 ans de dur labeur, un tournage parfois stoppé puis repris et un financement participatif pour en arriver au bout du tunnel.
Ca fait beaucoup et c'est consternant d'apprendre et surtout se douter que nombre de films de ce genre n'ont sans doute jamais pu trouver le financement nécessaire pour sortir. Visiblement les conneries de Dany Boon sont plus intéressantes cinématographiquement...

Maintenant, avant d'entrer dans le vif du sujet, parlons encore un peu de l'histoire autour du film. Comme vous avez pu le voir, le film a eu une belle carrière dans les divers festivals et a même eu l'honneur d'obtenir le prix de la meilleure photo au festival Rojo Sangre grâce à la superbe photographie de Vincent Vieillard-Barron. Néanmoins, les critiques presse seront moins favorables mais à mes yeux, je pense qu'une entité comme "L'Ecran Fantastique" est plus objective que "Télérama" pour aborder un film de ce genre, mais cela ne reste à mes yeux qu'un simple avis personnel. Bref sans plus attendre, attelons nous maintenant à la critique.

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ATTENTION SPOILERS : Jessica est une jeune fille souffrant depuis longtemps de rêves cauchemardesques où elle est poursuivie par une étrange créature à tête de cheval portant le nom de Horsehead. Déterminée à retrouver la tranquillité, elle s'est lancée dans des études de psychophysiologie. Cependant, un drame l'oblige à retourner dans la maison familiale suite au décès de sa grand-mère. Apprenant qu'elle séjournera dans la pièce jouxtant celle où repose sa grand-mère, elle aura le privilège de subir une première nuit fortement agitée et de tomber subitement malade. Suite à cela, elle tentera de mettre à rude épreuve ses capacités acquises au cours de ses études pour briser un mal mystérieux rongeant sa famille. FIN DES SPOILERS

Voilà au moins quelque chose qui a le mérite d'être original mais aussi terriblement casse-gueule. Romain Basset nous met face à un récit qui sera donc, comme vous vous en doutez, sur la thématique du rêve. Un pari pour le moins osé, courageux certes mais dangereux. Et bien évidemment, la question étant : "Est ce que le film parviendra à convaincre et être de bonne qualité ?". Au niveau du casting, on retrouve Lilly-Fleur Pointeaux, Catriona MacColl, Philippe Nahon et Fu'ad Ait Aattou (excusez le nom) notamment. Parmi ceux-ci, on retrouvera certains noms connus.
Inutile de vous présenter Philippe Nahon, très bon acteur ayant tourné dans des films comme Seul Contre TousHaute Tension ou Irréversible, ainsi que Catriona MacColl, véritable égérie du giallo de Fulci présente dans L'au-delàLa Maison Près du Cimetière et Frayeurs. Evidemment, la grande star du film, ce ne sont pas ces 2 personnages déjà reconnus et qui ont eu ce prestige de tourner dans des films connus et en plus de bonne qualité, mais bien notre charmante Lilly-Fleur Pointeaux encore peu connue dans le monde du cinéma.
Honnêtement (mais il y a un peu ma testostérone qui influence mon avis), sa prestation est de très bonne facture de par sa beauté et sa sensibilité. Le réalisateur fait apparaître son actrice principale comme un personnage tourmenté, fragile et entouré d'un certain mystère. De même CatrionaMacColl interprétant la mère nous offre une prestation pour le moins dérangeante d'une mère froide et acariâtre, alors que Fu'ad Ait Aattou se révèle être le personnage le plus surprenant du film. Interprétant l'étrange Cardinal, il se révèle malsain, sadique et glauque quand on ajoute à cela une voix d'outre-tombe malheureusement synthétique mais bien foutue.
En revanche, la prestation des autres personnages reste franchement décevante avec ce père possédant le charisme d'un caillou et un Philippe Nahon complètement absent. 

Il faut évidemment souligner que dans un souci de vouloir internationaliser son film, Basset a eu l'idée de faire parler ses personnages français en anglais et franchement, ça gâche un peu d'entendre un accent français sur de l'anglais. On remerciera les américains visiblement trop fainéants pour lire des sous-titres quand ils n'adaptent pas certains classiques car la nationalité des acteurs dérangent (voir Old Boy). Encore une belle preuve que l'internationalisation d'un film n'est pas toujours synonyme de qualité car on perd forcément une grande partie de l'identité du cinéma français pour se retrouver avec une standardisation vocale occidentale. C'est désagréable mais au moins ça a donné quelque chose car Horsehead a pu fonctionner à l'étranger. C'est déjà ça. 

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J'avais parlé plus haut de la récompense qu'a bénéficié Horsehead en remportant le prix de l'image au festival de Rojo Sangre et honnêtement il l'a remporté à juste titre et s'il fallait ne retenir qu'une seule chose de ce film, c'est bien la qualité des images qui scotche littéralement le spectateur avec des plans, des cadrages, des effets de lumière et une ambiance à faire baver le spectateur comme un bull-dog. Le réalisateur nous offre quelque chose de léché et d'une esthétique superbe et ça c'est encore trop rare dans le cinéma fantastique.
L'atmosphère gothique permanente du film nous renvoie un fort hommage aux giallos italiens mais parallèlement, lorsque l'on quitte le monde onirique, on râle car l'intensité esthétique s'amenuit dans une maison de campage tout à fait conforme à la réalité. Pour un fervent amoureux du cinéma esthétique comme moi, ça fait tiquer mais que soit, Horsehead convainc en s'inspirant de diverses ambiances tout en nous offrant quelque chose de diamétralement différent. Clairement le film possède sa propre identité et c'est quelque chose qu'il faut souligner.

Là où les choses se corsent, c'est au niveau du scénario et là le film va complètement diviser la foule. Le réalisateur, et j'en reviens à ce que j'ai dit à côté du titre du film, a décidé de s'inspirer du travail d'un des réalisateurs les plus controversés qui n'est autre que David Lynch et s'inspirer d'un travail pareil, ce n'est pas à la portée du premier venu car il faut savoir captiver l'attention du spectateur tout en lui offrant à côté un scénario à la fois mystérieux, expérimental mais agréable à suivre. Un scénario intelligent et sensoriel, c'est quelque chose que j'apprécie au plus haut point mais on peut très vite casser le potentiel du film et n'allons pas par 4 chemins, Horsehead s'est cassé la gueule dans son scénario en privilégiant l'esthétique au détriment du scénario. Le réalisateur semble oublier que le film est un tout et que l'on ne peut pas se reposer uniquement sur un paramètre précis et si jamais l'esthétique ne plaît pas à un spectateur, comprenez bien qu'il ne va pas apprécier la séance. 

Pourtant, Basset nous offre quelques séquences redoutables d'efficacité et n'hésite pas à briser les règles de la bienséance en détournant le christianisme pour le plonger dans quelque chose de glauque. Le long-métrage ose aller à contre-courant du politiquement correct et nous plonge dans une ambiance de cauchemar mais pour au final, nous balancer un scénario un peu trop abstrait, trop abscons et qui pourra décontenancer le spectateur dans le mauvais sens du terme. On se demande par moment où le réalisateur veut en venir. Non clairement, Horsehead est un film très difficile à aborder et encore plus à chroniquer (jamais je n'ai eu autant de mal à chroniquer un film). Cinéma sensoriel ? Certes mais cinéma convaincant ? On passe à côté.

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De même, les apparitions du monstre à tête de cheval, sorte de Freddy Krueger dans sa capacité à blesser l'héroïne, restent efficaces et il est intéressant de constater que le film se base sur le tableau de J.H Füssli connu en France sous le nom de "Le Cauchemar" (en anglais "The Nightmare"), ce qui constitue un double sens vu que si l'on décompose le nom, on obtient "The Night Mare" signifiant "La Jument de la nuit". Voilà encore une source d'inspiration intéressante dont s'est approprié Basset pour offrir une réalisation intelligente et pensée, éclipsée par un scénario nébuleux avec de trop nombreux non-dits, même si la fin nous permet d'en savoir plus et nous offrira un dernier plan superbe, avec en fond sonore, une musique électronique de style épique mais cela n'excusera pas les nombreuses zones d'ombre.

En conclusion, nous avons là le film parfait pour court-circuiter la pensée du spectateur partagé entre l'incompréhension et la fascination, ne sachant que trop peu si le film lui a plu ou non et moi-même le premier. Si l'ambiance et l'esthétique du film sont proches de la perfection, le scénario, lui, brouillera trop le spectateur pour qu'il puisse décemment comprendre tous les rouages de la narration. Un deuxième visionnage serait apparemment nécessaire pour savoir un peu plus où le réalisateur veut en venir. A force de trop d'ambition et de vouloir remplir trop son récit d'évènements dans une durée relativement standard, Basset perd ses spectateurs et les déçoit.
Une durée un peu plus longue aurait peut-être été nécessaire pour mieux appréhender le récit et apporter plus de justifications. En l'état, difficile de se faire un avis complet et par souci de vouloir préserver le mystère à tout prix, je ne dévoilerai pas le cheminement scénaristique pour vous laisser une surprise totale, mais préparez soigneusement votre attention. Le risque de décrocher est grand malgré l'esthétique (j'ai l'impression de me répéter en permanence, bon dieu !!) irréprochable. Ce film est décidément un mystère latent mais un coup de semonce d'originalité dans un cinéma français trop standardisé. Par conséquent, il m'est impossible de donner une note à ce film. Et je clotûrerai en disant qu'il s'agit là de ma dernière chronique avant cette charmante session d'examen se profilant. J'ai besoin d'une pause avant de m'y remettre parce que cette chronique m'a achevé.

Note :?????

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