[CRITIQUE] : The Nice Guys

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Shane Black
Acteurs :Russell Crowe, Ryan Gosling, Kim Basinger, Keith David, Matt Boomer,...
Distributeur : EuropaCorp Distribution
Budget : -
Genre : Policier, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h56min.
Ce film est présenté Hors-Compétition au Festival de Cannes 2016
Synopsis :
Los Angeles. Années 70. Deux détectives privés enquêtent sur le prétendu suicide d’une starlette. Malgré des méthodes pour le moins « originales », leurs investigations vont mettre à jour une conspiration impliquant des personnalités très haut placées…

Critique :
#TheNiceGuys ou la quintessence de la série B racée et intelligente, un sommet du buddy movie décomplexé et jouissif, par le roi Shane Black— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) May 16, 2016

On aime beaucoup Shane Black par chez nous, pas uniquement parce qu'il a sauvé du gouffre ce bon vieux Robert Downey Jr (Kiss Kiss Bang Bang), ou parce qu'il a cornaquer un excellent troisième opus à la franchise Iron Man, mais tout simplement parce qu'il est l'un des (si ce n'est LE) meilleurs scénaristes de B movie des années 80/90, de l'Arme Fatale 1 et 2 au Dernier Samaritain en passant par Last Action Hero ou encore Au Revoir à Jamais.
Le roi du buddy movie c'est lui, point à la ligne.

Alors voir le bonhomme revenir à ses premières amours, le polar burné et un tantinet comique, avait tout pour nous faire saliver au plus haut point, avant même que la moindre ligne de pitch ne vienne pointer le bout de son nez.
Mais plus que nous faire saliver, The Nice Guys aura finalement tout en lui pour nous faire triquer comme des malades, pire encore qu'une boite entière de pilules bleues pour mâles en peine.
Série B sortie tout droit des glorieuses 70's et redonnant un coup de fouet à un genre totalement oubliés par Hollywood la Putain, un casting vedette tellement talentueux que s'en est presque indécent (les inestimables Russell Crowe et Ryan Gosling, accompagnés par la merveilleuse Kim Basinger et les sous-estimés Keith David et Matt Boomer), le tout avec un pitch accrocheur comme ce n'est pas permit et Joel " Fucking " Silver à la production; plus qu'un simple plaisir coupable hautement nostalgique, le nouveau Shane Black incarnait avant tout et surtout, un putain de rêve devenu réalité pour les amoureux des buddys movies.
L'histoire de la péloche suit, dans les années 70 à L.A., le détective privé raté - et alcoolo - Holland March, qui élève comme il peut sa pré-adolescente de fille Holly, définitivement plus maline et débrouillarde que lui.
Par un concours de circonstance, il va croiser la route de Jackson healy, un gros bras - et ex-alcoolique - dont la profession/passion est de casser du lascars sur commande.

Sans le savoir, une grande bromance singulière va naitre entre les deux, et ils seront très vite engagés pour élucider le mystère du suicide supposé d'une star du porno.
Mais est-elle réellement morte ?
Peu à peu, Healy et March vont se retrouver plongés dans une affaire qui les dépasse, dévoilant les côtés sombres de la Cité des anges...
Littéralement à contre-courant des films de studios contemporain (c'est un projet moyen, pas vraiment indépendant ni blockbuster non plus), tellement décomplexé et jouissif qu'il semble presque hors du temps, The Nice Guys ressemblerait presque au film somme d'un cinéaste ayant vraiment tout compris du genre qu'il aborde avec un respect et un amour sans borne.
Detective movie acerbe, sombre et énervé dans son propos férocement politique (l'Amérique en prend souvent pour son grade avec Black) avec son duo aussi improbable qu'irrévérencieux, bourré jusqu'à la gueule de gunfights et de punchlines au fort potentiel culte sans pour autant mettre de côté l'émotion via une attachante relation père-fille; le métrage transpire de tous ses pores la maitrise et le bon gout, sorte de rejeton légitime et merveilleux de L'Arme Fatale premier du nom, et du Dernier Samaritain - surtout.

Finement scripté (jusque dans ses seconds couteaux, loin d'être transparent), complexe (le cinéaste s'amuse toujours autant avec les contradictions, et le cadre de Los Angeles lui facilite la tâche) sans ne jamais être ni trop long, ni trop brouillon, méchamment drôle sans forcément tout tourner à la dérision - même si c'est parfois étonnement barré -, triste et violent sans pour autant virer dans le hard boiled; The Nice Guys est la quintessence de la série B racée et intelligente, magnifié par un duo titre aussi charismatique que burlesque (Gosling et Crowe, loin de leur zone de confort, son absolument parfait), totalement voué à sa cause.
Bref; du vrai grand cinéma comme on l'aime, qui a du cœur et des corones, un trip fun, nostalgique infiniment généreux qui fait du bien et dont le final, complétement ouvert, laisse volontairement la possibilité au film de se voir franchisé à l'avenir.
Prions pour que la Warner laisse Black se pencher sur de potentielles suites dans un futur (extrêmement) proche...
Jonathan Chevrier