Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 1989
Durée : 1h45
Synopsis : Martin Bundle, le fils du savant transformé en mouche, veut connaître le secret de son père.
La critique :
En 1986, David Cronenberg réalise La Mouche, un long-métrage horrifique qui va bientôt devenir son film le plus populaire. A travers l'histoire de ce scientifique surdoué, une sorte de nouvel Einstein, et dont le corps se retrouve croisé avec celui d'un insecte de l'ordre des brachycères ; David Cronenberg marque durablement les esprits. Certains fans y voient même une métaphore sur l'épidémie du Sida.
D'autres le considèrent comme une diatribe de la science moderne et de ses corollaires. Lorsque l'homme aspire au Divin... Un thème qui a toujours passionné le noble Septième Art. Une sorte de complexe d'Icare et/ou de relecture du mythe de Frankenstein. La Mouche version David Cronenberg est aussi un remake de La Mouche Noire, réalisé par Kurt Neumann en 1958 et avec Vincent Price.
Pour une fois, cette nouvelle version se révèle (largement) supérieure à son modèle. Un fait suffisamment rare pour mériter d'être souligné. Qu'à cela ne tienne, trois ans plus tard (en 1989), une suite, donc La Mouche 2, est réalisée par les soins de Chris Walas. Ce second chapitre est également un remake, cette fois-ci du Retour de la Mouche (Edward Bernds, 1959).
Autant le dire tout de suite, le long-métrage original d'Edward Bernds brillait surtout par sa vacuité et son inanité, profitant ainsi de l'immense succès de son illustre devancier. Une leçon qu'aurait dû retenir Chris Walas. En outre, David Cronenberg, peu intéressé par cette suite, relègue le film à son ancien directeur des effets spéciaux. Oui, Chris Walas a bel et bien oeuvré et participé au tournage de La Mouche premier du nom.
La Mouche 2 devrait donc s'inscrire dans la logique et la continuité du précédent opus. La distribution du long-métrage réunit Eric Stoltz, Daphne Zuniga, Lee Richardson et John Getz. A noter l'apparition furtive de Jeff Goldblum, non crédité au générique. Ce qui est plutôt normal puisque le film commence par la fin du premier chapitre. Pour la petite anecdote, Geena Davis devait logiquement participer à ce second volet, mais la star américaine fustige le script du film qu'elle juge nébuleux et amphigourique.
Même chose pour son personnage, trop peu développé à son goût. Quant à Eric Stoltz, l'acteur était pressenti pour tourner dans la trilogie Retour vers le Futur. L'interprète est finalement évincé au profit de Michal J. Fox. Parallèlement, l'acteur en déveine obtient donc le premier rôle dans La Mouche 2. Une maigre consolation.
Certes, Vincent D'Onofrio et Keanu Reeves seront approchés pour jouer le personnage de Martin Brundle, le fils prodige de Seth Brundle. Mais les essais ne sont guère éloquents. Pour le reste, le scénario se déroule donc cinq ans après les événements du premier volet. Attention, SPOILERS ! Cinq ans ont passé depuis la tragique aventure de Seth Brundle victime de son télépode et transmuté en créature dolichocéphale et avec une tête de mouche. Son fils, Martin Brundle, n’est pas un enfant comme les autres.
Élevé dans un laboratoire, Martin grandit à une vitesse fulgurante. Supérieurement intelligent, il poursuit les expériences de son père et perfectionne ses travaux sur la téléportation. Mais l’enfant au corps d'adulte a reçu de son père un héritage génétique des plus terrifiants.
A l'instar de son paternel, Martin se transmue peu à peu en une créature ignoble et meurtrière. Bref, on prend les mêmes (ou presque...) et on recommence ! Dès lors, on peut légitimement s'interroger sur l'utilité de cette suite. En l'occurrence, La Mouche 2 ne présente qu'un intérêt assez relatif. Contrairement à son modèle, ce second chapitre obtient des critiques assez mitigées.
Les fans sont donc priés d'oblitérer le film de David Cronenberg pour apprécier cette suite qui s'apparente davantage à une honnête série B. Certes, Chris Walas fait mieux qu'Edward Bernds avec le bien tristounet Le Retour de la Mouche. Certes, le cinéaste a la lourde tâche de succéder à un réalisateur de prestige. Si Chris Walas est loin de démériter, La Mouche 2 ne rivalise jamais avec son auguste prédécesseur.
Véritable orfèvre en matière d'effets spéciaux, Chris Walas tente l'aventure derrière la caméra. Hélas, à aucun moment, La Mouche 2 ne parvient à susciter le moindre sentiment de terreur ou d'effroi. Par la même occasion, vous pouvez également phagocyter les thématiques chères à David Cronenberg, à savoir cette dysmorphophobie archaïque avec son lot de mutations physiques et psychiques.
Certes, à nouveau, Chris Walas nous gratifie de plusieurs séquences visuelles solidement troussées. Certes, encore une fois, le monstre hétéromorphe pourra éventuellement provoquer une certaine répugnance. Guère plus. Certaines thématiques, pourtant passionnantes, sont curieusement éludées par un Chris Walas aussi compétent que maladroit. Par exemple, quid de cette réflexion sur la transmission génétique et de ce fardeau à porter pour Martin Brundle, visiblement condamné à connaître le même sort (funeste) que son père ? A court d'idées, Chris Walas conclut son long-métrage par un bien étrange happy-end.
Seule la vision de ce capitaliste pernicieux et fallacieux, transformé en une créature immonde et méphitique, pourra éventuellement marquer les esprits.
Note : 10/20