[Critique] Mademoiselle

Par Pulpmovies @Pulpmovies


Réalisé par :
 Park Chan-Wook


Avec : 
Kim Min-Hee, Kim Tae-Ri et Ha Jung-Woo


Sortie :
 5 octobre 2016


Durée:

2h25


Budget: /


Distributeur :
Jokers Films avec BAC Films


3D:
Oui
Non

Synopsis : Corée. Années 30, pendant la colonisation japonaise. Une jeune femme (Sookee) est engagée comme servante d’une riche japonaise (Hideko), vivant recluse dans un immense manoir sous la coupe d’un oncle tyrannique. Mais Sookee a un secret. Avec l’aide d’un escroc se faisant passer pour un comte japonais, ils ont d’autres plans pour Hideko…

4.5/5

Après Stocker en 2013, le cinéaste coréen Park Chan-Wook revient avec Mademoiselle, présenté en Compétition Officielle du 69ème Festival de Cannes. Le film alterne les points de vue, où l’on suit tantôt Sookee, servante d’une riche héritière coréenne durant l’annexion du pays par le Japon, tantôt cette dernière. Mademoiselle signe le retour du cinéma coréen à son plus haut niveau, tant le film réussit à jouer avec son spectateur – autant qu’avec son scénario et son propre genre (Film d’arnaque ? Film d’amour lesbien ?).

Mademoiselle se voit comme une pépite scénaristique autant que visuelle. Chant-Wook signe, encore une fois, une oeuvre à la plastique renversante, où la géométrie du cadre sublime l’image. Le metteur en scène de Old Boy n’a pas son pareil pour filmer ses personnages ou même le décor. On se plaît, à certains moments, à contempler les plans des voitures s’éloignant ou les plans du grand domaine de Hideko.  Chan-Wook réalise vraiment un travail sur l’esthétique très poussé.

Mais, rapidement, le fond prend le pas sur la forme, et l’histoire vient nous guider. Mademoiselle est un film hybride, flirtant avec les limites des genres. Là où on s’attendait à un film d’arnaque ou un thriller, on observe un retournement magistral et vertigineux lorsque le film se mue en romance lesbienne. Dès ce moment, c’est le film tout entier qui se retourne, Chan-Wook filmant avec virtuosité cette relation complexe. La beauté et la sensualité du film n’ont d’égal que sa poésie.

Par la suite, Mademoiselle continue dans sa dualité, et sa douceur déstabilisante s’oppose à sa violence viscérale. Le film touche en plein cœur le spectateur, en partie grâce à son efficacité exemplaire. Moins violent que d’habitude, Chan-Wook a décidément troqué la destruction pour la construction, ici d’un amour naissant. Le film brille tout autant, aussi, pour les performances de ses actrices ou la musique enivrante.

En conclusion, Park Chan-Wook signe une oeuvre grandiose, où l’intrigue rattrape la mise en scène pourtant magistrale. Mademoiselle est un grand film, qui arrive à surprendre son spectateur.

Tantôt thriller cynique, tantôt film d’amour lesbien, Mademoiselle touche en plein cœur ! Un film vertigineux, où la sensualité n’a d’égale que la poésie.