Night fare

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Universal Pictures pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Night fare » de Julien Séri.

« On a toujours le choix. J’ai fait le mien quand j’ai vu que tu ne reviendrais pas »

Luc et Chris, son ami anglais, montent dans un taxi pour rentrer chez eux après une soirée parisienne bien arrosée. Arrivés à destination, ils s’enfuient sans payer la course. Ils sont tombés sur le mauvais chauffeur… Le taxi va se mettre en chasse toute la nuit. Mais, est-ce vraiment l’argent qu’il veut ?

« Il n’y a pas d’échéances qui n’arrivent à terme ni de dettes qui ne soient jamais payées »

Il se rêvait champion d’arts martiaux. C’est pourtant derrière la caméra que Julien Séri se fera un nom dès le début des années 90. D’abord comme prolifique réalisateur de clips musicaux et de spots publicitaires (pas moins de 400 à son actif !). Mais le format devient vite trop petit pour ce passionné de cultures asiatiques qui rêve de réaliser ses propres films. Il tente l’aventure au début des années 2000 avec « Yamakasi ». Un film centré sur une bande de jeunes de banlieue qui pratiquent le spéctaculaire « Art du déplacement ». Auteur du scénario, la production décide cependant de l’évincer en cours de tournage pour le remplacer par Ariel Zeitoun qui sera seul crédité en tant que réalisateur du film. Ne se laissant pas abattre, Séri revient trois ans plus tard avec les mêmes Yamakasi et réalise ainsi son propre film, « Les fils du vent », dont l’aventure se déroule cette fois en Thaïlande. Un pays qu’il retrouve en 2007 à l’occasion de son second film, « Scorpion », dans lequel il plonge Clovis Cornillac dans l’enfer des combats clandestins de Free Fight. Mais le film ne marche pas aussi bien qu’espéré et le réalisateur disparait quelque peu de la circulation. Ce n’est pourtant pas faute de présenter des projets (pas moins de six en près de dix ans, dont « RTT » qui sera finalement réalisé par Frédéric Berthe). Mais le réalisateur ne parviendra pas à obtenir les financements nécessaires pour les concrétiser. Après quelques parenthèses télévisuelles, le réalisateur était prêt à abandonner pour de bon le cinéma quand lui a été finalement proposé le script de « Night fare ». Un film de genre écrit très rapidement en trois mois et destiné à être tourné de façon très rapide. Pour l’occasion (et la chose est suffisamment rare pour être soulignée), le film a été en partie financé par un appel aux dons des particuliers via la plateforme Ulule. Présenté dans de nombreux festivals destinés aux films à tendance horrifiques, le film a été primé au Festival de Denver.

« Maintenant que tu es seul, que te dis ta conscience ? »

Tourné avec une rare économie de moyens, « Night fare » est avant tout un hommage aux films américains des années 70 et 80. Un mélange des genres détonnant entre le thriller automobile (« Duel » de Spielberg, « Driver » de Walter Hill), le film d’action  « banlieuesards » un peu kitsch (« Les guerriers de la nuit », « Les rues de feu » de Walter Hill, « La rue barbare » de Gilles Béhat) et le slasher, sous-genre d’épouvante américain, dans lequel un tueur mutique finit inexorablement par décimer un groupe de teenagers (« Freddy » de Wes Craven). Avec « Night Fare », Julien Séri réunit les éléments nécessaires pour signer un thriller d’action musclé et nerveux, qui compte tenu de ses moyens limités, tient plutôt bien la route. Notamment d’un point de vue esthétique, le réalisateur jouant à merveille des décors et des éclairages urbains de Saint-Quentin-en-Yvelines pour instaurer une ambiance particulière, à la fois électrique, impersonnelle et froide. Série B pleinement assumée, le film se montre même plutôt efficace, grâce à un format resserré (1h20) et à quelques scène d’action bien menées et judicieusement ponctuées d’un second degré que n’aurait pas renié un Robert Rodriguez. Dommage cependant que le scénario ne soit pas un peu plus travaillé, les personnages demeurant tout de même très caricaturaux (surtout dans la description faite des petits caïds de banlieue ou des policiers corrompus) et ne générant aucune empathie. Mais plus encore, les dialogues manquent de mordant, de saveur. De cette percussion qui aurait pu donner davantage de punch au film et notamment à ce switch final, un peu trop grossier en l’état. Loin d’être parfait, « Night fare » doit donc être pris pour ce qu’il est : une série B assumée, au charme volontiers rétro. Un petit plaisir régressif et coupable.

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Le blu-ray : Le film est proposée en version originale française (5.1 et 2.0). Des sous-titres optionnels français pour malentendants sont également proposés. Côté bonus, l’édition se montre assez riche proposant le making-of « On part en vacances ou on fait un film ? », les commentaire audio de Julien Seri, un module documentaire sur l’avant-première du film au Max Linder Panorama, un autre module sur les origines expliquées, une présentation de la campagne de financement « Les Ululeurs » ou encore des bandes-annonces.

Edité par Universal Pictures, « Night fare » est disponible en éditions dvd et blu-ray depuis le 17 mai 2016.

Le site Internet de Universal Pictures est ici. Sa page Facebook est ici.