Julieta parle du destin, de la culpabilité, de la lutte d’une mère pour survivre à l’incertitude, et de ce mystère insondable qui nous pousse à abandonner les êtres que nous aimons en les effaçant de notre vie comme s’ils n’avaient jamais existé.
Certains cinéastes ont ce rare talent de provoquer nos émotions avec une force toute délicate : cela se passe au détour de quelques scènes à l’esthétique saisissante, de la lumière qui vient caresser un visage, d’un regard aux mille nuances, ou bien encore à travers le reflet de deux corps enlacés sur les banquettes d’un train, la houle de la mer assassine, ou la façon de filmer des jambes interminables dans un contre-jour d’une grande sensualité.
Voilà de quoi nous régale Pedro Almodovar avec Julieta, qui semble être revenu à l’essentiel après quelques fâcheuses incartades. Le cinéaste connu pour filmer si bien les femmes nous livre un récit épuré sur l’absence et le silence, empreint de mystère et de non dits. Dans une ambiance espagnole si particulière, où les couleurs chatoyantes contrastent avec le drame qui se joue, Almodovar nous invite au romanesque, du fin fond de l’Andalousie jusqu’aux ruelles madrilènes.
Porté par une distribution mêlant justesse et élégance – la sublime Adriana Ugarte, que l’on suivra désormais de près, et la merveilleuse Emma Suarez en tête -, Julieta s’inscrit, à l’instar de Volver et de Parle avec elle, dans la ligne des films que l’on aime infiniment. Un petit bijou envoûtant et bouleversant.
Sortie le 18 mai 20146.
Film présenté en compétition du 69e Festival de Cannes.