Genre : horreur, gore, trash, drame (interdit aux - 16 ans)
Année : 1989
Durée : 1h33
Synopsis : Novella McClure est dans la même situation que la plupart des jeunes comédiennes qui veulent percer à Hollywood : elle vient de dépasser la trentaine, son nom d’artiste n’est plus trop dans le coup, et elle n’a pas décroché un rôle depuis trois ans. L’argent hérité de son père, mort tragiquement lorsqu’elle était petite, lui a permis de tenir jusque-là, mais cet argent commence à manquer. La manie qu’a Novella de se ronger furieusement les ongles quand elle est stressée et sous pression peut alors devenir bien dangereuse pour elle (1).
La critique :
Chaque année, le festival Gerardmer nous présente en compétition tout une pléthore de films fantastiques, d'horreur, gores, trash et d'épouvante. Pour les fans et les cinéphiles, c'est aussi une façon de découvrir plusieurs pépites méconnues et/ou condamnées à une certaine confidentialité. Parfois, pour certains longs-métrages indépendants, hélas destinés à sortir directement en vidéo, c'est l'occasion ou jamais de provoquer la polémique et de se tailler une certaine réputation sur la Toile, de provoquer le buzz et éventuellement la polémique. C'est par exemple le cas de Eat, réalisé par Jimmy Weber en 2014.
En outre, le casting ne risque pas de vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms de Meggie Maddock, Ali Francis, Stacy Pederson, Mindy Faulkner et Robyn Ashley Dennis, mais j'en doute...
A priori, le scénario de Eat est à la fois basique et laconique. Attention, SPOILERS ! (1) Novella McClure est dans la même situation que la plupart des jeunes comédiennes qui veulent percer à Hollywood : elle vient de dépasser la trentaine, son nom d’artiste n’est plus trop dans le coup, et elle n’a pas décroché un rôle depuis trois ans. L’argent hérité de son père, mort tragiquement lorsqu’elle était petite, lui a permis de tenir jusque-là, mais cet argent commence à manquer.
La manie qu’a Novella de se ronger furieusement les ongles quand elle est stressée et sous pression peut alors devenir bien dangereuse pour elle (1). Attention à ne pas réduire Eat à un simple film d'horreur ! Surtout, Eat se démarque totalement de la mode des remakes et des torture porn actuels, assez redondants, il faut bien le dire.
Le long-métrage de Jimmy Weber se divise alors en deux parties bien distinctes. Dans la première, le film s'apparente presque à une sorte de comédie dramatique qui se concentre sur le quotidien professionnel d'une certaine Novella McClure, presque le nom d'un personnage de roman ou plutôt le nom d'une héroïne d'un grand film hollywoodien. C'est d'ailleurs le rêve de la jolie blondinette trentenaire qui pointe au chômage depuis trois longues années.
Certes, la jeune femme multiplie les castings, les auditions et les entretiens. En vain. Derrière ce portrait d'une actrice en déliquescence, Jimmy Weber tance et fustige un univers hollywoodien fallacieux et hégémonique. Le rêve américain en prend ici pour son grade. Le réalisateur dresse une critique au vitriol d'un système turpide et pernicieux où ne règnent que la compétition (féroce) et le diktat de l'argent et du pouvoir.
Pis, pour parvenir à leurs fins et obtenir un rôle (même secondaire), certaines actrices acceptent d'offrir leur corps à certains producteurs mercantiles. D'autres se confinent dans le sexe, la pornographie et la dépravation. Vous pouvez donc oublier le gentil petit univers d'Hollywood avec son lot de stars souriantes, de réalisateurs courtois et autres producteurs magnanimes.
Bref, le parcours de Novella McClure s'apparente à un véritable chemin de croix. Pressée par sa propriétaire, claustrée dans sa détresse et sa solitude, Novella finit par sombrer dans une sorte de neurasthénie irréfragable. C'est la seconde partie de Eat. Dès lors, la tension du film monte crescendo. A partir de là, le spectateur est convié à partager la souffrance et la psyché (malade) de l'héroïne principale.
Tout commence de façon un peu futile. Dans un premier temps, la jeune femme se contente de tortorer ses ongles de main, s'arrachant au passage quelques résidus de sa peau. Certes, Novella tente de masquer le subterfuge par quelques menus bandages. En vain. Seul le monde médical semble se soucier un peu de sa personne. Novella est nûment envoyée chez un psychiatre, avec qui elle s'acoquine et s'énamoure.
Mais les déceptions s'accumulent. Lors d'une soirée un peu trop arrosée, Novella échappe de justesse à deux vulgaires violeurs. Sauvée in extremis par sa meilleure amie, l'agression puis le meurtre de ses deux assaillants la plongent dans un marasme inextinguible. Désormais, Novella se ronge également les ongles de pied. Bref, la belle jeune femme se mutile, se supplicie, se torture et se cannibalise.
Bienvenue dans une spirale infernale et incoercible ! Peu à peu, le corps de Novella s'alanguit et se délite jusque l'inexorable... Très vite, le spectateur aura deviné l'issue fatale de cette petite pellicule trash et impécunière. Malgré tout, la conclusion du film reste assez surprenante, même si Jimmy Weber joue la carte du twist final, cherchant à tout prix à délivrer l'uppercut annoncé.
A défaut de réellement nous estourbir, Eat propose plusieurs séquences peu ragoûtantes, se focalisant sur les crocs acérés de sa belle blondinette, cette dernière se délectant à la fois de ses ongles, de sa peau et de son propre sang. Pourtant, ici point de séquences complaisantes. A aucun moment, Jimmy Weber ne sombre dans la pellicule vulgaire et outrancière. Ensuite, le long-métrage peut s'appuyer sur l'excellente performance de Meggie Meddock, totalement investie dans son personnage.
Avec Eat, Jimmy Weber vient puiser à la fois chez David Lynch et David Cronenberg, sans néanmoins posséder la fougue et la verve de ces éminents cinéastes. Mais nul doute que l'on entendra à nouveau parler de ce jeune réalisateur. Une très bonne surprise, donc.
Note : 14.5/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : http://www.filmdeculte.com/cinema/film/Eat-5697.html