( Je viens de me souvenir à l’instant que Bill Hodges et son assistante [dans Carnets noirs] sont partir voir 21 jumper street au cinéma. C’est complétement par hasard et sans arrière pensée pourtant que j’ai choisi ce gif).
Vous avez le droit de ne pas vouloir lire cet article; tout ce que vous ferez ni direz ne pourra être retenu contre vous. Si vous le souhaitez, vous pouvez déguerpir.
Pour les autres, quatre livres passés au crible c’est tout de suite:
Des gages pour l’enfer de Lee Child.
Jack Reacher, je le connaissais surtout parce que j’avais appris que Tom Cruise l’incarnerait à l’écran. Pour le moment, je n’ai toujours pas vu le film donc je n’ai pas de point de comparaison. La suite de ses aventures est quant à elle prévue pour octobre prochain.
Ce roman n’est pas le premier tome de la saga mais ma lecture n’en a pas souffert. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre si ce n’est un ex militaire qui est toujours dans de beaux draps.
J’ai trouvé le héros très attachant; c’est un rôle qui je suppose va superbement bien à Tom Cruise même si les descriptions physiques divergent. Jack Reacher a quitté l’armée voilà deux ans; et nous le retrouvons menant une vie solitaire et anonyme. La dernière chose qu’il voudrait c’est qu’on parle de lui. Pourtant, un certaine Mme Jacob va tout remettre en question aussi bien dans sa vie personnelle que professionnelle.
Ses questionnements sont légitimes et particulièrement bien amenés. On voit bien que la vie après l’armée est compliquée. Il se retrouve sans toit, ni famille et surtout, sans plus aucune utilité. Certes, c’est une vie qu’il a choisie et qu’il semble apprécier mais le confort et la stabilité d’une vie bien rangée le tente également. Ce sont ces passages qui sont les plus intéressants.
Parce que si le style est agréable , il n’en est pas moins usé. Même si c’est le premier que je lis, on sent quand même que les ficelles scénaristiques sont toujours les mêmes. Que pour aller d’un point A à un point B, on utilise les mêmes vieilles recettes qui parfois marchent un peu moins bien que d’habitude. J’ai eu par exemple beaucoup de mal à accrocher au méchant de l’histoire, Hook Robie. Ce dernier est un mélange de Double Face et du Capitaine Crochet, le charisme en moins cela dit. Son histoire est peu convaincante même si l’apport du Vietnam était un plus. C’est le genre de méchant qu’on retrouve souvent sur les écrans dans la même veine de Peland. Quand y en a plus, y en a encore !
Cependant, j’ai trouvé dans un même temps le récit très visuel. Je suppose que c’est pour cette raison qu’il a été adapté et qu’il a trouvé son public. J’aurai sans doute préféré le format série car je trouve que Jack Reacher est un personnage sur qui il y aurait beaucoup à dire. Ses failles; les contradictions d’une Amérique en proie à des profondes mutations sociales, économiques et politiques. Aussi, je ne suis pas étonnée que le film ait rencontré un certain succès car l’action est au rendez-vous.
14 sur 20
Nécrologie de Paul Cleave.
Sonatine a le don de me faire découvrir de nouveaux talents. L’année dernière, je découvrais Hilary Mantel et sa sublime saga sur Thomas Cromwell.
Ici, nous sommes dans un tout autre registre. Ceci dit, on est happé dés la première page par le style de l’auteur. De son héros, ancien flic et à présent détective privé, flirtant dangereusement avec les règles et la morale. Le tout dans cette petite ville de Nouvelle Zélande, Christchurch. Ville dont elle n’a que le nom tant elle engendre les monstres à la pelle. Des classiques tueurs en série comme le boucher de Christchurch; mais aussi et c’est peut-être les plus dangereux, des meurtriers au delà de tout soupçon.
De ceux qu’on pourrait rencontrer sur le pas de notre porte grand sourire et disposé à votre égard des meilleurs intentions. Ou celui qu’on trouve à l’église priant avec ferveur; et servant Dieu avec autant de fougue que d’hypocrisie. Oui, le mal est souvent plus proche de nous qu’on le croit. Quand les masques tombent, la confiance est rompue. A qui faire confiance notamment lorsque c’est un membre actif de votre communauté?
Ce n’est pas Théodore Tate qui vous dira le contraire. Il connait cette ville comme sa poche; ses détours et ses travers comme personne. Sans doute parce que lui aussi a franchit la ligne. Sa vision de la ville et de ses habitants ( dont il fait lui-même partie) est excessivement sombre; ce qui n’enlève rien au réalisme de la chose. Il semblerait que tous sont des victimes massives d’un désenchantement perpétuel et total. Ils n’attendent rien de plus de Christchurch si ce n’est des heures encore plus graves et désespérées.
Selon moi, la ville est une identité à elle seule renvoyant à un ensemble de citoyens, un groupe où chacun aurait lâché l’équipe collectivement. Une responsabilité mutuelle représentée aussi bien par la personne lambda que par les institutions. Fascinant cette notion de collectivité, ce pouvoir du groupe qui prend tout son sens ici.
En revanche, là où le roman perd de sa puissance c’est dans le contexte spatio temporel. D’une, le lecteur a du mal à croire que tout l’intrigue se passe sur si peu de jours. De deux, on a l’impression d’évoluer dans un circuit particulièrement fermé et répétitif. Pour une fois qu’on était dans un pays étranger, j’avais envie de grands espaces, de quitter momentanément les gratte-ciels, ce caractère oppressant du tout et maintenant. Au lieu de ça, cette sensation de huis-clos persiste et signe désavantageant ainsi le récit.
Malgré tout, Nécrologies reste fascinant de par la force de son écriture et dans sa cruelle analyse du manque de modèle, de foi dans cette ville où tout le monde a abandonné tout le monde.
18 SUR 20
Taken de Nora McClintok.
Livre qui m’a tout d’abord interpellé par son titre, Taken. Titre qui au demeurant n’a rien à voir avec la saga interminable porté par Liam Neeson sur grand écran. Puis, c’est la couverture qui m’a attiré: ces longs arbres un peu effrayants qui m’ont fait immédiatement pensé à une partie macabre de « Promenons-nous dans les bois… ».
Néanmoins, l’histoire est plus » soft » que je l’imaginais mais tout de même prévisible. Cependant, la tournure des événements amène le lecteur à se questionner, à réfléchir sur le degré de confiance qu’on peut accorder à quelqu’un. Combien aussi nos rues et nos villes ne sont plus aussi à l’abri qu’auparavant. Pourquoi? Comment?
Le choix de la narration est particulièrement bien vu puisqu’il s’agit d’une jeune fille tout ce qu’il y a de plus normal se retrouvant un jour kidnapper vraisemblablement par un tueur en série. On fait connaissance avec la jeune fille durant cette épreuve. Son courage et son optimisme font mouche évitant ainsi le traditionnel écueil de la surenchère, de la distance ou encore du point de vue du méchant.
Ici, nous avons droit à une adolescente faisant preuve d’un courage et d’un instinct exceptionnels. D’ailleurs, à de nombreuses reprises elle m’a fait penser à La petite fille qui aimait Tom Gordon. On est tantôt avec elle tantôt elle luttant pour notre survie dans une forêt se déployant sur des kilomètres et des kilomètres. Au milieu de nulle part, j’ai presque senti le froid fouetter ma peau, la rosée sur mes lèvres. Je me disais que ça pourrait être moi dans cette « jungle » inhospitalière avec à mes trousses un fou à lier.
Dans sa forme, Taken s’apparente davantage à une nouvelle qu’à un roman à proprement parler. Ce qui a le don de nous laisser invariablement sur notre faim. Il n’en reste pas moins que ce roman est un exercice plutôt réussi et maitrisé dans le genre.
14,5 SUR 20
Carnets noirs de Stephen King.
Comme toujours, j’ai été attiré par la couverture du roman; un peu moins par la quatrième de couverture qui tue tout suspense ( même si ce dernier est émoussé dés les premières pages). Cette couverture a eu tendance à m’influencer et à enfermer le récit dans un genre qu’il n’est pas ou peu.
Par exemple, j’avais dans l’idée que c’était un roman policier voir roman noir dans la même trempe que Mr Mercedes. La mention Bill Hodges y est certainement pour quelque chose mais pas que. D’autant que ce dernier n’apparait qu’à la 159ème page ( sur 426) .
C’est d’ailleurs ce qui m’a posé le plus de problème: le rythme, la chronologie de l’histoire. Le début se scinde en deux entre Morris Bellamy ( 1978) et Peter Saubers ( 2010). Le lecteur est ainsi baladé entre deux périodes. Pour ma part, j’aurai préféré commencer par Peter puis introduire Hodges; et là, hop retour en arrière avec le commencement de toute cette affaire.
Pourquoi? Parce que j’ai eu le sentiment que Stephen King grillait toutes ses bonnes cartes d’entrée de jeu. John Rothstein était selon moi son joker; j’aurai aimé être dans sa tête plus longtemps au lieu de celle de Morris. Bien sûr, je conçois qu’il n’y a aucun intérêt à reproduire Misery ( que je n’ai jamais réussi à lire au passage) car les enjeux sont ici différents mais quand même. Est-ce que la joute verbale entre les deux hommes n’aurait pas pu être plus longue et plus riche? Sans doute que oui. Sans doute que l’histoire aurait gagné en tension et émotion.
L’autre point qui m’a quelque peu titillé c’est ce besoin de relier Mr Mercedes à cette histoire. Après pourquoi pas d’autant qu’elle a apporté un contexte social et économique plutôt intéressant à la famille Saubers. Mais après, je me dis qu’il y avait plein de façon de le dire d’autant que le paternel travaillait dans l’immobilier. La crise des subprimes….. y avait de quoi faire et dire non?!
Dans l’ensemble, j’ai trouvé que Stephen King voulait trop en faire et que cela a tendance à aller dans tous les sens. Une rupture nette à mon avis aurait été nécessaire entre Carnets Noirs et Mr Mercedes. Il y arrive à certains moments notamment avec Peter Saubers. Un gamin qui fait tout pour retrouver sa famille, son foyer d’avant au mépris des risques et des dangers que constitue le monde adulte.
Il y a aussi cette volonté de décrire, de faire part de l’expérience d’un lecteur novice qui découvre pour la première fois de sa vie, son auteur préféré. Celui qui fait naitre devant ses yeux un monde et un héros à la hauteur de ses rêves et espérances; un monde dont il se sent le témoin privilégié. Une histoire qui le réconfortera, qui l’entourera pour ne plus le quitter; qu’il lui donnera l’impression pour une fois d’être à sa place, d’être entier aussi. Un foyer parfait; et quelque part, l’amour absolu. Mais, d’une façon ou d’une autre, la réalité finit toujours par nous rattraper comme pour Morris Bellamy.
A l’instar de Mr Mercedes, Stephen King nous montre une fois de plus et ce, à bien des égards, la perversité, la carence ou/et la défaillance des liens familiaux. Des extrêmes qui conduisent des hommes comme MB à faire ce qu’ils font, à être ce qu’ils sont. Le récit demandait à être plus nerveux, plus classique aussi sans doute avec pourquoi pas un revirement de dernière minute plus marquant.