[CRITIQUE] X-Men Apocalypse (2016)

Par Pulpmovies @Pulpmovies

Réalisé par : Bryan Singer


Avec : 
James McAvoy, Michael Fassbender, Jennifer Lawrence


Sortie : 
18 mai 2016


Durée:
 2h24


Budget: 
240 millions de dollars


Distributeur : 
 Twentieth Century Fox France

Synopsis :

Depuis les origines de la civilisation, Apocalypse, le tout premier mutant, a absorbé de nombreux pouvoirs, devenant à la fois immortel et invincible, adoré comme un dieu. Se réveillant après un sommeil de plusieurs milliers d’années et désillusionné par le monde qu’il découvre, il réunit de puissants mutants dont Magneto pour nettoyer l’humanité et régner sur un nouvel ordre. Raven et Professeur X vont joindre leurs forces pour affronter leur plus dangereux ennemi et sauver l’humanité d’une destruction totale.

1.5/5

Critique co-écrite par Marion Dupont et Gabin Fontaine

La saga X-Men n’en finit plus de chercher ses origines : lorsque First Class et Matthew Vaughn initiaient tout d’un reboot, avec une nouvelle équipe aux manettes, le retour de Bryan Singer pour Days of Future Past a redonné un bon coup de pied dans la fourmilière. En rassemblant les deux générations de X-Men connues, et en semblant vouloir nous dire que cette fois, la boucle était bouclée, avec des événements annulant définitivement la première chronologie, on pouvait enfin avancer. Singer re-revient avec Apocalypse, qu’il vendait comme un film catastrophe à la Roland Emmerich, avec des destructions, des morts, et de la tristesse. Outre la grandiloquence de ses effets numériques, X-Men Apocalypse se perd dès les premières minutes avec son scénario et préfère se cacher derrière ses aînés, plutôt que bomber le torse et s’affirmer pleinement…

240 millions de dollars : voici le budget de X-Men Apocalypse. Pourtant, on se demande bien où a bien pu filer tout cet argent dès la scène d’ouverture, qui a elle toute seule est un festival du mauvais goût numérique. À vrai dire, le Deadpool sorti trois mois plus tôt s’en sortait mieux avec un budget divisé par quatre ! X-Men Apocalypse dégouline de fonds verts, à peine dissimulés lorsque nos héros se livrent à une ultime bagarre dans.. un immense carton de polystyrène en guise de studio ? Et que dire de ce mystérieux accoutrement que se coltine Oscar Isaac, qu’on croirait tout droit sorti de Gods of Egypt ? Qu’à cela ne tienne, ses cavaliers de l’Apocalypse auront également droit à leurs armures de plastique, et même le pauvre Magneto : les Power Rangers n’ont qu’à bien se tenir…

C’est comme si la saga X-Men s’auto-parodiait sans une réelle conviction : Apocalypse verse bien rapidement dans la surenchère et ne ménage pas ses efforts au rayon minauderie : c’est la soupe à la grimace. Le surjeu vient pallier le manque d’amplitude des personnages, réduits à la même ritournelle depuis deux films. Si Michael Fassbender fait toujours tourner les cœurs dans le rôle de Magneto, difficile de ne pas maudire le scénariste Simon Kinberg, qui réserve à son personnage le même cheminement que depuis First Class et Days of Future Past, en véritable girouette du bien et du mal. Même le minimum de tension dramatique qui lui est réservé fait l’effet d’un flop, réduit à néant en l’espace d’un ralenti exagéré et d’un fâcheux incident de tir à l’arc. Trop, c’est aussi le mot qui caractérise l’humour du film, où l’on sent la volonté de la Fox de se rapprocher des standards des studios Marvel. Le pauvre Diablo en est réduit à un rôle de comic-relief, tandis que Quicksilver ne doit sa présence que par la « coolitude » de ses ralentis appréciés dans DoFP. Mention spéciale aux couples Charles-Moira et Jean-Scott qui offrent certaines des scènes de drague les plus gênantes jamais recensées dans des blockbusters, aussi subtiles qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine.

La diversité est une nouvelle fois le porte-étendard de la saga, que l’on cherche à faire porter à la Mystique d’Hollywood (Jennifer Lawrence), qui n’assume pas sa couleur bleue et passe son temps à minauder. On présentait Raven comme la grande héroïne d’Apocalypse, ce qu’elle devient malgré elle (tiens donc !), en faisant la girouette tout aussi efficacement que son ami Magnéto. Et c’est bien là l’immense problème d’Apocalypse : tout y est binaire. Un film aux deux parties radicalement distinctes ; une introduction bulldozer, puisqu’il s’agit d’y caser à nouveau tous ces personnages que l’on connaît déjà, alors les développer ne sert pas à grand chose, puis une partie baston (dans le carton, on y retourne toujours). L’inévitable combat des plus forts contre les plus faibles, les prises de conscience aux moments critiques, le singulier contre le pluriel, et un petit Wolverine glissé entre deux. Kinberg a rédigé tout cela en cochant ses cases, remplissant un banal cahier des charges que Bryan Singer exécute sans parvenir à insuffler une quelconque âme à l’ensemble.

Des X-Men, il ne reste plus grand chose, si ce ne sont les quelques petites parades télékinétiques de Charles Xavier, l’habituelle conversation du dimanche entre ce dernier et son poto Erik (qui a vraiment une vie de merde), une Sophie Turner qui fait beaucoup trop de cauchemars pour avoir pensé participer à un bon film, et un Hugh Jackman juste passé par là histoire d’annoncer son troisième et dernier film solo. Ce n’est pas faute d’en rajouter à propos de Brett Ratner : « le troisième volet est toujours le plus mauvais » ? Félicitations, la boucle est bouclée.

X-Men Apocalypse porte bien son nom : Singer réduit sa propre saga en ruine dans un film où tout n’est que redite, immobilisme et ridicule.